(Bari) Lorsque Joe Biden se rendra cette semaine au Sommet du G7 en Italie, l’ombre de son prédécesseur Donald Trump planera au-dessus de ses rencontres avec les dirigeants alliés, qui ne gardent pas forcément un souvenir flatteur du président républicain.

Le scrutin, qui mettra à l’épreuve la solidité de la démocratie de la première puissance mondiale, est également source de doutes majeurs chez ses alliés.

Une victoire de Donald Trump, et le retour de son mantra « l’Amérique d’abord » ainsi que de son mépris pour certaines organisations internationales dont l’OTAN, inquiète une majorité des dirigeants des pays présents en Italie cette semaine.

Joe Biden en est bien conscient et ne se gêne pas pour le répéter.

« À chaque rencontre internationale majeure à laquelle je participe, un dirigeant me prend à part et me dit : “Il ne peut pas gagner, vous ne pouvez pas le laisser gagner” », a déclaré le président de 81 ans récemment au magazine Time.

Chez les principaux alliés européens, un soupir de soulagement général fut poussé après la victoire en 2020 du démocrate, fervent défenseur du rôle des États-Unis dans le monde ayant émergé après la Seconde Guerre mondiale.

Une vision qui contraste avec celle de Donald Trump et son approche quelque peu chaotique avec le G7.

« Pour combien de temps ? »

Notamment au Canada en 2018, quand le président républicain avait fustigé le premier ministre Justin Trudeau, hôte du sommet, qu’il avait qualifié de « malhonnête et faible ».

Donald Trump avait également changé d’avis et décidé de ne pas se joindre au communiqué commun qui clôt traditionnellement ces sommets. S’était ensuivi un cliché qui avait fait le tour du monde : la chancelière allemande Angela Merkel se penchant le visage fermé au-dessus d’un Donald Trump assis, les bras croisés et l’air narquois.

Joe Biden a raconté, dans son interview récente avec Time, les coulisses de son premier Sommet du G7 en tant que président, en 2021 au Royaume-Uni.

« J’ai lancé : “l’Amérique est de retour !” », explique le démocrate avant de déclarer que le président français Emmanuel Macron lui aurait alors répliqué : « Pour combien de temps ? »

Et avec une élection présidentielle aux États-Unis qui pourrait se jouer dans un mouchoir de poche, la question revient, lancinante, pour ce sommet en Italie.

D’un côté, Joe Biden, qui promet de soutenir l’Ukraine contre la Russie, de maintenir la solidité des alliances internationales face aux ambitions de Pékin et de Moscou.

De l’autre, Donald Trump, qui a déclaré qu’il « encouragerait » la Russie « à faire ce qu’elle veut » aux pays de l’OTAN qui ne paient pas leur part, et qui fait fréquemment l’éloge de dictateurs et autocrates.

De quoi susciter l’inquiétude en Europe.

« Allié indéfectible »

La porte-parole de Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a expliqué que Biden répéterait le message qu’il avait transmis en France aux cérémonies marquant le 80anniversaire du Débarquement, à savoir que la démocratie est en danger.

« Vous avez entendu le président parler de l’importance de nos alliances et de notre partenariat, et à quel point il est important que nous combattions pour la démocratie et la liberté », a-t-elle déclaré aux journalistes voyageant avec le président.

« Vous verrez donc le président au G7 saisir une autre occasion importante de s’engager auprès de nos alliés et partenaires », a-t-elle ajouté.

Face à la perspective d’une nouvelle victoire de Donald Trump, le G7 semble d’ailleurs vouloir s’imperméabiliser à cette éventualité.

L’administration Biden pousse notamment pour que les pays membres s’accordent sur un projet américain visant à pérenniser dès maintenant l’aide à l’Ukraine, en utilisant les bénéfices tirés d’actifs russes confisqués.

Le projet verrait les États-Unis avancer immédiatement une somme de 50 milliards de dollars sous forme de prêts, qui seraient ensuite amortis grâce aux intérêts provenant de ces actifs. Le but ? Éviter d’effectuer de plus petits paiements, sur une plus longue durée, qui pourraient être annulés par un Donald Trump de retour à la Maison-Blanche.

Une source ayant connaissance des discussions a affirmé que les pays du G7 souhaitaient par cette mesure « amoindrir le risque de détérioration (de l’aide à Kyiv) lié aux élections ».

La Maison-Blanche a promis mardi des « annonces » à ce sujet lors du G7.

À 81 ans, Joe Biden est le président le plus âgé de l’histoire des États-Unis et son calendrier chargé le voit faire la navette entre les États-Unis et l’Europe depuis la semaine dernière.

Avant de s’envoler mercredi pour Brindisi, il était ainsi présent en France pour les cérémonies marquant les 80 ans du Débarquement allié de Normandie.

Pour les politologues, Joe Biden martèlera au G7 le même message qu’en Normandie : Donald Trump est un danger, tant aux États-Unis qu’au-delà.  

Le président démocrate s’attache également à « démontrer auprès des alliés européens que les États-Unis sont un allié indéfectible », a affirmé à l’AFP Peter Loge, professeur de relations publiques à l’université George Washington.

« Cela sera complètement mis en contraste avec Donald Trump, qui a été condamné en justice, et à qui par définition on ne peut pas faire confiance », a-t-il ajouté.