(Wilmington) Le jury au procès d’Hunter Biden s’est retiré lundi à huis clos pour décider si le fils du président américain, en campagne pour sa réélection, s’est rendu coupable de détention illégale d’arme à feu en 2018 sur fond de dépendance aux drogues.

Après deux semaines de débats, souvent en présence de la première dame et belle-mère de l’accusé, Jill Biden, les 12 jurés ont délibéré environ une heure lundi, et se retrouvent mardi pour poursuivre leur quête d’un verdict, qui devra être unanime.

Hunter Biden, avocat et homme d’affaires de 54 ans reconverti en artiste, comparaît depuis le 3 juin devant un tribunal fédéral du Delaware, à Wilmington, fief de la famille Biden, pour avoir menti sur sa consommation de drogues lorsqu’il avait acheté en 2018 un revolver de type Colt Cobra dans une armurerie, un délit aux États-Unis.

Hunter Biden « savait qu’il était un consommateur de crack ou [qu’il était] dépendant », a martelé le procureur Leo Wise lors de son réquisitoire, en présence de Jill Biden, selon des médias américains.

L’accusé, qui n’a pas témoigné à son procès, a plaidé non coupable. Son avocat, Abbe Lowell, a assuré aux jurés qu’« il ne consommait plus de drogues » quand il a acheté l’arme, laquelle « n’a jamais, jamais été chargée, portée ou utilisée pendant les 11 jours où elle a été en sa possession ».

Pas de grâce

Depuis des années, les républicains, et Donald Trump au premier chef, ont cherché à éclabousser Joe Biden à travers les déboires de son fils, jusqu’à ouvrir une enquête en destitution du chef de l’État autour des affaires d’Hunter Biden en Ukraine et en Chine, sans que celle-ci n’apporte jusqu’à présent de preuves compromettantes.

Mais Hunter Biden doit aussi comparaître en Californie, en septembre, pour fraude fiscale. Ses affaires, qui font les choux gras des médias préférés des conservateurs comme Fox News, risquent de parasiter les tentatives de son père de marquer le contraste avec Donald Trump, condamné le 30 mai au procès pénal pour paiements dissimulés à une vedette de films X, une première dans l’histoire pour un ancien président des États-Unis.  

Le jour où le jury est parti délibérer pour décider du sort d’Hunter Biden, Donald Trump avait lui rendez-vous pour son entretien devant les services de contrôle judiciaire de la ville de New York, un préalable pour tout condamné avant le prononcé de sa peine, le 11 juillet.

À moins de cinq mois de l’élection du 5 novembre, le couple Biden a affiché son soutien à Hunter, à l’image de la première dame l’embrassant dans la salle d’audience, ou de Joe Biden, qui lui avait assuré son « amour infini » dans un communiqué à l’ouverture du procès.  

Mais le président a assuré qu’il ne lui accorderait pas de grâce présidentielle s’il était condamné.

Le procès a ravivé le souvenir des problèmes de dépendance d’Hunter Biden, sur lesquels l’accusation est revenue en détail, jusqu’à montrer une photo prise par une ex-petite amie le montrant torse nu dans son bain, une pipe à crack dépassant de sa main.

Livre

Les procureurs ont utilisé comme preuves de larges extraits de l’autobiographie d’Hunter Biden, Beautiful Things. Il y raconte qu’il ne s’est jamais remis de la mort en 2015, de son frère Beau, d’un cancer du cerveau à 46 ans, le seul avec lequel il avait survécu en 1972 d’un accident de voiture qui avait tué leur mère et leur petite sœur.  

Puis il décrit sa descente aux enfers, ses errances en quête de drogue autour de supérettes miteuses, et ses tentatives ratées de désintoxication, entre les années 2015 et 2019.

En 2018, Hunter Biden vivait une histoire sentimentale avec la veuve de son frère, Hallie. C’est elle qui avait découvert le revolver et l’avait jeté dans une poubelle. Hallie Biden, ainsi que la première épouse de Hunter et une ex-petite amie qu’il fréquentait en 2018, ont toutes confirmé ses problèmes de drogue.

Mais pour la défense, le doute doit lui profiter, car Hunter Biden était dans une phase de décrochage le jour où il a acheté l’arme.

Le jury doit se prononcer sur deux chefs d’accusation portant sur des mensonges présumés dans les documents nécessaires à l’achat du revolver en 2018, et un troisième sur la possession illégale de l’arme. S’il est reconnu coupable de toutes les charges, il encourt en théorie jusqu’à 25 ans derrière les barreaux, mais une peine alternative à la prison peut aussi être décidée.