(Wilmington) Naomi, la fille de Hunter Biden, a témoigné vendredi lors du procès fédéral de son père, en disant aux jurés qu’elle était allée le visiter alors qu’il était dans un centre de désintoxication en Californie, quelques semaines avant qu’il achète son revolver, en 2018, et que son état semblait s’améliorer.

« Je n’avais pas vu mon père depuis longtemps et je savais qu’il était dans un centre de désintoxication là-bas. Il m’a contactée », a-t-elle dit doucement aux jurés, expliquant qu’ils se sont rencontrés dans un café, avec son « coach de sobriété ». Après son témoignage, elle s’est arrêtée pour serrer son père dans ses bras avant de quitter la salle d’audience.

La défense a commencé à appeler des témoins peu de temps après que les procureurs fédéraux eurent terminé de présenter leur dossier.

L’avocat de Hunter Biden, Abbe Lowell, a commencé par interroger un autre employé d’un magasin d’armes qui était présent lorsque le revolver a été acheté, soulevant des questions sur ce qu’il considérait comme des incohérences sur le formulaire.

Il a également interrogé le propriétaire du magasin qui avait autorisé la vente en acceptant le passeport de Hunter Biden, même si celui-ci n’incluait pas d’adresse, ce qui est requis.

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Hunter Biden, fils du président américain Joe Biden

Puis il a appelé la fille de Hunter Biden. En octobre 2018, le mois où l’arme a été achetée, Naomi a voyagé de Washington à New York dans le camion de son père pour déplacer les affaires de son petit ami. Hunter Biden a conduit la Cadillac de son père, Joe Biden, à New York plus tard dans le mois pour récupérer son camion, laissant la Cadillac à Naomi. Elle a déclaré aux jurés qu’elle n’avait vu aucun attirail lié à la drogue ni aucune preuve de consommation de drogue.

« Il avait l’air très bien. Il avait l’air plein d’espoir », a-t-elle soutenu.

Mais les procureurs ont montré à Naomi des textos dans lesquels il ne lui avait pas répondu pendant des heures après qu’elle lui eut demandé de changer de voiture. À 2 h, Naomi a reçu un texto de son père lui demandant où se trouvaient les clés de son camion et si son petit ami pouvait se rencontrer et échanger des véhicules.

« Savez-vous ce que faisait votre père à deux heures du matin et pourquoi il vous demandait alors la voiture ? », a demandé le procureur Leo Wise à Naomi.

Puis, Me Wise a lu un texto envoyé par celle-ci à l’époque, dans lequel elle disait à son père : « je suis vraiment désolée papa, je ne peux pas supporter ça. »

Le procès reprendra lundi.

Les problèmes de dépendance soulevés

Les débats de la semaine ont été largement consacrés à mettre en évidence la gravité du problème de drogue de Hunter Biden à travers des témoignages très personnels, le tout dans le but des procureurs de prouver que le fils du président a menti sur un formulaire obligatoire d’achat d’armes à feu lorsqu’il a déclaré qu’il ne consommait pas illégalement de la drogue.

Les jurés ont entendu plus tôt dans la semaine l’ex-femme et une ancienne petite amie de Hunter Biden qui ont témoigné de sa consommation habituelle de crack et de leurs efforts infructueux pour l’aider à être sobre. Des images du fils du président torse nu et échevelé dans une pièce sale, tenant des pipes à crack, ont été montrées. Une vidéo de sa dose de crack pesée sur une balance a également été présentée.

Les procureurs affirment que ces preuves sont nécessaires pour prouver que Hunter Biden, 54 ans, était en proie à une dépendance lorsqu’il a acheté l’arme et a donc menti lorsqu’il a coché « non » sur le formulaire qui lui demandait s’il était « un utilisateur illégal ou accro à » la drogue.

Me Lowell a soutenu que son client ne se considérait pas comme un « toxicomane » lorsqu’il a acheté l’arme et qu’il n’avait pas l’intention de tromper qui que ce soit.

Pendant ce temps, le président Joe Biden s’efforce de jouer les funambules entre son titre de président et celui de père, déclarant à ABC dans une entrevue qu’il accepterait le verdict du jury et exclurait une grâce pour son fils. Plus tôt cette semaine, il a publié une déclaration disant : « Je suis le président, mais je suis aussi papa. Jill et moi aimons notre fils et nous sommes très fiers de l’homme qu’il est aujourd’hui. »

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Le président américain Joe Biden s’efforce de jouer les funambules entre son titre de président et celui de père, déclarant à ABC dans une entrevue qu’il accepterait le verdict du jury et exclurait une grâce pour son fils.

Hunter Biden a été accusé de trois crimes : mentir à un vendeur d’armes agréé par le gouvernement fédéral, faire une fausse déclaration sur la demande en affirmant qu’il n’était pas un consommateur de drogue et détenir illégalement une arme pendant 11 jours.

On ne sait pas encore si Hunter Biden témoignera. Mais les jurés ont déjà entendu sa voix. Les procureurs ont diffusé au tribunal de longs extraits audio de « Beautiful Things », un livre publié en 202. Dans ces mémoires, il a écrit sur ses problèmes de dépendance tout au long de sa vie et sa descente aux enfers après la mort de son frère Beau en 2015. Le livre, écrit après qu’il soit devenu sobre, couvre la période où il avait l’arme, même si aucune mention n’en est faite.

La raison pour laquelle les forces de l’ordre ont soulevé des questions sur le revolver de ce dernier est que Hallie Biden, la veuve de Beau, l’a trouvé déchargé dans le camion de Hunter Biden le 23 octobre 2018, a paniqué et l’a jeté dans une poubelle au marché de Janssen. Puis, un homme l’a repêché par inadvertance de la poubelle. Elle a témoigné de l’épisode jeudi.

Elle a finalement appelé la police. Les agents ont récupéré l’arme. L’affaire a finalement été classée sans suite en raison du manque de coopération de Hunter Biden, qui était considéré comme la victime.

S’il est reconnu coupable, Hunter Biden risque jusqu’à 25 ans de prison, bien que les personnes ayant commis une première infraction ne s’approchent pas de ce maximum.