(New York) Jugé à New York pour corruption, le sénateur démocrate Robert Menendez, vieux routier de la politique américaine qui risque 20 ans de prison, a été accusé mercredi d’avoir monnayé son pouvoir et son influence pour s’enrichir avec son épouse.

Après trois jours de sélection, les 12 jurés vont assister durant cinq à sept semaines au procès pénal fédéral visant le désormais ex-président de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat.

Poursuivi depuis septembre avec sa femme Nadine Menendez et trois complices présumés, ce faucon de l’aile droite du parti démocrate en matière de diplomatie, est visé par une vingtaine de chefs d’accusation.

Il est accusé de corruption, trafic d’influence au profit de l’Égypte et du Qatar, ainsi que d’avoir agi comme agent d’un gouvernement étranger.

« Il était puissant. Il était aussi corrompu », a tonné la procureure Lara Pomerantz à l’ouverture des débats en estimant que le sénateur avait « vendu son pouvoir » et son influence pour toucher des centaines de milliers de dollars.

ILLUSTRATION ELIZABETH WILLIAMS, ASSOCIATED PRESS

Robert Menendez et son avocat Avi Weitzman

Son avocat Avi Weitzman a assuré, au contraire, qu’il n’avait « jamais touché de pots-de-vin » et a même pointé du doigt Mme Menendez et ses « problèmes financiers ».

Cette dernière, 57 ans, sera jugée en juillet pour des raisons de santé.

Le couple est accusé d’avoir accepté entre 2018 et 2022 des « centaines de milliers de dollars » de pots-de-vin, en liquide ou lingots d’or. Cela en échange de son influence pour soutenir Le Caire et « protéger et enrichir » trois hommes d’affaires de son État du New Jersey où vivent 9 millions d’habitants, dont une importante diaspora du Moyen-Orient

Le procureur fédéral Damian Williams avait détaillé la découverte, lors d’une perquisition au domicile du couple en juin 2022, de « liasses de billets fourrées dans les poches » d’une veste, soit 480 000 $ US en liquide, 13 « lingots d’or », une décapotable Mercedes-Benz, une bague en diamant et des meubles.

Bob Menendez, qui plaide non coupable, est resté sourd aux appels à la démission du parti démocrate. Cet enfant de parents cubains émigrés aux États-Unis ne préside toutefois plus la commission des Affaires étrangères au Sénat.

À ses côtés, comparaissent les hommes d’affaires Wael Hana et Fred Daibes qui plaident aussi non coupable. Un troisième homme, José Uribe, a lui plaidé coupable sur une partie des poursuites et collabore avec la justice.

Fait très rare pour un sénateur, M. Menendez avait déjà été jugé pour corruption en 2015, mais son procès avait été annulé en 2017, faute d’un verdict unanime des jurés. Et en 2018, le département de la Justice – sous la présidence du républicain Donald Trump – avait demandé à un juge d’abandonner toutes les poursuites contre lui.