(New Delhi) Une vague de chaleur qui a duré plusieurs mois dans de vastes régions de l’Inde a tué plus de 100 personnes et donné lieu à plus de 40 000 cas suspectés de coup de chaleur au cours des trois derniers mois et demi, selon les données du ministère indien de la Santé.

Entre le 1er mars et le 18 juin, 110 personnes sont mortes en Inde des suites d’un coup de chaleur, selon les données du ministère de la Santé fournies à l’Associated Press. Les responsables du ministère indien de la Santé et de son organe secondaire, le Centre national de contrôle des maladies, qui a compilé les chiffres, ont refusé de commenter.

Le plus grand nombre de décès, soit 36, a été signalé dans l’État de l’Uttar Pradesh, suivi par d’autres États du nord, dont le Rajasthan, le Bihar et l’Odisha, qui ont été les plus durement touchés par ces conditions météorologiques extrêmes. Les données ont également montré que sur les 40 272 cas suspects de coup de chaleur au cours de cette période, 457 ont été signalés mardi.

La capitale, New Delhi, a également été frappée par une chaleur extrême, même si la brève pluie et le vent de jeudi matin ont refroidi les températures après que la ville eut connu sa nuit la plus chaude depuis plus de cinq décennies, plus tôt cette semaine. Le service météorologique du pays s’attend à un certain répit de la chaleur au cours des prochains jours, mais a déclaré que les conditions météorologiques extrêmes pourraient persister par la suite.

L’Inde déclare une vague de chaleur chaque fois que les températures dépassent 40 degrés Celsius dans les plaines et 30 degrés Celsius ou plus dans ses régions vallonnées.

Au cours des dernières semaines, certaines parties de la capitale ont signalé des températures allant jusqu’à 51 °C, déclenchant une demande record d’électricité et entraînant de fréquentes coupures de courant dans la ville, qui est également aux prises avec une grave crise de l’eau.

Certains secteurs du nord de l’Inde, où la hausse des températures a battu des records, ont également été contraints de fermer leurs écoles en raison de la chaleur.

Mercredi, le ministre de la Santé, J. P. Nadda, a ordonné aux autorités de mettre en place des unités spéciales contre la canicule dans les hôpitaux publics fédéraux pour aider les patients qui tombent malades à cause de la chaleur.

Une chaleur plus intense qu’auparavant

Les principaux mois d’été – avril, mai et juin – sont toujours chauds dans la plupart des régions de l’Inde avant que les pluies de mousson n’apportent des températures plus fraîches.

Toutefois, la chaleur est devenue plus intense au cours de la dernière décennie et s’accompagne généralement de graves pénuries d’eau, des dizaines de millions des 1,4 milliard d’habitants de l’Inde n’ayant pas accès à l’eau courante.

Les experts du climat affirment également que la chaleur extrême en Asie du Sud pendant la saison précédant la mousson est de plus en plus fréquente. Une étude réalisée par le World Weather Attribution, une agence de surveillance de l’impact climatique, a révélé qu’une vague de chaleur torride en avril dans certaines parties de l’Asie était rendue au moins 45 fois plus probable dans certaines parties du continent en raison des changements climatiques.

Selon l’agence météorologique indienne, la vague de chaleur de cette année, qui dure depuis plus de trois semaines, est probablement l’une des plus longues vagues de chaleur continues que le pays ait jamais connues.

L’année dernière, plus de 150 personnes sont mortes en Inde lors de vagues de chaleur. Le gouvernement estime que près de 11 000 personnes sont mortes à cause des vagues de chaleur au cours de ce siècle, mais les experts affirment que ces chiffres sont probablement largement sous-estimés, car l’absence d’un système efficace pour documenter les maladies et les décès liés à la chaleur reste un problème majeur.

« Nous ne classifions et ne mesurons pas les décès autant que nous le devrions et c’est l’une des raisons pour lesquelles les décès liés à la chaleur sont difficiles à compter », a expliqué Dileep Mavalankar, ancien directeur de l’Institut indien de santé publique à Gandhinagar.

M. Mavalankar a joué un rôle déterminant dans l’élaboration du premier plan d’action contre la chaleur en Inde pour la ville d’Ahmedabad en 2013, trois ans après que plus de 1300 personnes y sont mortes lors d’une vague de chaleur.

De nombreux décès dus à la chaleur sont également comptés comme décès dus à d’autres comorbidités, selon M. Mavalankar.

« Non seulement pendant les vagues de chaleur, mais même en général, nous devons mieux compter les décès. C’est la seule façon de connaître la gravité des conséquences de la chaleur extrême », a-t-il soutenu.

L’Inde, le pays le plus peuplé du monde et l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, est parmi les plus vulnérables aux impacts climatiques. Un rapport du Centre pour la science et l’environnement, basé à New Delhi, révèle que le pays a connu des conditions météorologiques extrêmes près de 90 % du temps l’année dernière.

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