(Séoul) La Corée du Nord a une nouvelle fois samedi envoyé des ballons remplis d’immondices vers la Corée du Sud après que des militants du sud de la péninsule eurent expédié par le même procédé de la propagande contre le gouvernement de Pyongyang.

« La Corée du Nord lance à nouveau de [présumés] ballons transportant des déchets en direction du Sud », ont déclaré les chefs de l’état-major interarmes de Corée du Sud dans un communiqué, conseillant au public de ne pas les toucher et de signaler aux autorités les aérostats.

L’armée sud-coréenne avait quelques heures auparavant annoncé être en état d’alerte face à la possible arrivée de tels ballons, prévus alors pour dimanche.

En deux vagues la semaine dernière, la Corée du Nord avait fait s’envoler vers son voisin du sud des centaines d’aérostats lestés de sacs pleins de détritus divers, allant de mégots de cigarettes à des excréments d’animaux.

Selon Pyongyang, ces « cadeaux sincères » visaient à riposter aux envois vers son territoire de ballons chargés de propagande par des activistes sud-coréens.

Dimanche 2 juin, Pyongyang avait annoncé cesser ces actions.

Mais, quelques jours plus tard, une organisation de militants sud-coréens, « Combattants pour une Corée du Nord libre », avait dit avoir expédié vers le nord de la péninsule dix ballons transportant 200 000 tracts contre le numéro un nord-coréen Kim Jong-un et des clés USB contenant de la musique sud-coréenne K-pop.

Décision de justice

Un autre groupe, composé de transfuges nord-coréens, a déclaré avoir également envoyé, vendredi, dix aérostats avec 200 000 tracts anti-Pyongyang, ainsi que 100 radios et des clés USB contenant un discours du président sud-coréen Yoon Suk Yeol.  

Jang Se-yul, le leader de ces transfuges, a assuré samedi que son organisation n’arrêterait pas sa campagne, « que Kim Jong-un envoie à nouveau des ballons transportant des déchets ou non ».

Or la Corée du Nord a prévenu qu’elle répondrait par « des vieux papiers et des déchets » en quantité 100 fois supérieure en cas d’envoi de tracts sud-coréens.

L’an dernier, la Cour constitutionnelle sud-coréenne avait invalidé une loi de 2020 qui criminalisait l’envoi de propagande contre Pyongyang, estimant qu’elle limitait la liberté d’expression. Selon les experts, il n’existe désormais aucune base légale permettant au gouvernement d’empêcher les activistes de faire s’envoler des ballons vers la Corée du Nord.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a pour sa part suspendu mardi l’intégralité d’un accord militaire de détente conclu en 2018 avec la Corée du Nord, après avoir qualifié de « provocations méprisables » l’envoi de ballons remplis d’immondices par Pyongyang.

« Aider les Nord-Coréens »

Cette mesure permet à la Corée du Sud de reprendre les exercices de tirs réels et de relancer les campagnes de propagande par haut-parleurs le long de la frontière contre le régime nord-coréen, qui ont toujours exaspéré Pyongyang.

Des militants sud-coréens expédient depuis longtemps des aérostats vers la Corée du Nord pour y acheminer de la propagande contre Pyongyang, de l’argent liquide, du riz, des séries télévisées sud-coréennes ou des clés USB.

Kuensaem, un autre groupe d’activistes sud-coréens, a déclaré avoir jeté 500 bouteilles en plastique dans la mer vendredi, près de la frontière avec la Corée du Nord.

Les bouteilles étaient remplies de riz, d’argent et d’une clé USB contenant une série télévisée sud-coréenne qui met en scène une romance entre une riche héritière sud-coréenne et un officier de l’armée nord-coréenne.  

Ces activistes envoient ce type de matériel au Nord deux fois par mois depuis 2015.  

« Nous faisions simplement ce que nous faisons depuis longtemps pour aider les Nord-Coréens qui meurent de faim », a déclaré samedi le chef du groupe, Park Jung-oh.  

Les relations entre les deux Corées sont au plus bas depuis des années, la diplomatie étant au point mort depuis longtemps et Kim Jong-un intensifiant ses essais et continuant de développer son armement tandis que le Sud se rapproche de son principal allié en matière de sécurité, Washington.