(Goma) Le coordonnateur humanitaire de l’ONU pour la République démocratique du Congo a condamné mardi l’attaque dans l’est du pays d’un convoi humanitaire qui a fait deux morts dimanche soir, sur fond de combats entre l’armée et les rebelles du M23.

L’ONG Tearfund avait annoncé lundi que deux de ses agents étaient portés disparus après cette attaque près de Butembo, dans le nord de la province du Nord-Kivu.  

Elle a confirmé mardi dans un communiqué leur « mort tragique », dont faisaient état dès la veille des sources locales, selon lesquelles le convoi avait été attaqué par des jeunes qui soupçonnaient une infiltration rebelle.

Le coordonnateur humanitaire de l’ONU, Bruno Lemarquis, « condamne fermement » cette attaque qui, précise son bureau (Ocha) dans un communiqué, « s’inscrit dans un contexte de violence extrêmement préoccupant dans la province du Nord-Kivu, qui met en péril le travail et la vie des travailleurs humanitaires ».

Depuis le début de l’année, selon Ocha, « plus de 170  incidents sécuritaires ont directement ciblé les travailleurs humanitaires, causant au moins quatre morts et 20 blessés ». « Plus d’une dizaine de travailleurs humanitaires ont également été enlevés », ajoute le texte.

Depuis la fin de la semaine dernière, les rebelles du M23 (« Mouvement du 23 mars »), soutenus par le Rwanda, se sont emparés de plusieurs villes du territoire de Lubero, sur le front nord du conflit, à plus d’une centaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale.

Des combats étaient encore signalés mardi dans cette région.

Selon Ocha, cette « escalade de violence […] continue d’entraîner des déplacements de populations, créant d’importants besoins humanitaires additionnels ». Le Nord-Kivu, précise son communiqué, compte « 2,8 millions de personnes déplacées, dont environ 518 000 qui étaient déjà déplacées dans le Lubero » depuis « la reprise des combats » dans les territoires voisins de Rutshuru et Masisi en mars dernier.

« La sécurité et la protection des humanitaires doivent être assurées », exhorte Bruno Lemarquis. « Il est temps que tous les acteurs impliqués, ainsi que ceux qui ont une influence sur les parties au conflit, travaillent pour une désescalade immédiate des violences », ajoute-t-il.

« Les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être la cible de violences », a également insisté dans un communiqué le Forum des ONG internationales (ONGI), en dénonçant l’attaque de Butembo.

Depuis fin 2021, le M23, rébellion congolaise majoritairement tutsie, a conquis avec l’appui d’unités de l’armée rwandaise de larges pans de territoire du Nord-Kivu, jusqu’à encercler presque entièrement Goma. Les autorités de RDC accusent le Rwanda de vouloir faire main basse sur les richesses de l’Est congolais, ce que Kigali conteste.