(Nairobi) L’Union africaine (UA) a condamné vendredi « dans les termes les plus forts » le « massacre » perpétré mercredi par un groupe de paramilitaires dans un village au Soudan où environ 150 civils ont été tués « sans discernement » dont « au moins 35 enfants ».  

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, qui a exhorté « la communauté internationale à mettre un terme une bonne fois pour toutes » à la guerre au Soudan, s’est dit « alarmé » par le fait que « la situation » dans ce pays « continue de se détériorer et conduit à une faim aiguë, voire à une famine, dans diverses régions du Soudan ».

M. Faki a également appelé toutes les parties à « mettre fin sans condition aux combats, et à faciliter un accès humanitaire sans entrave à la population dans le besoin ».

Environ 18 millions de personnes au Soudan souffrent de la faim et 3,6 millions d’enfants de malnutrition aiguë, selon les agences de l’ONU.

Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des FSR de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Selon des militants pro-démocratie, les FSR ont attaqué mercredi à deux reprises à l’artillerie lourde le village de Wad al-Noura, dans le centre du pays, faisant plus de 100 morts et des centaines de blessés.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également « condamné fermement » jeudi cette attaque, tout en réitérant son appel à « faire taire les armes à travers le Soudan et à s’engager sur la voie d’une paix durable ».

De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a averti jeudi que le nombre de déplacés internes dans le pays pourrait « dépasser les 10 millions » dans les prochains jours.

Depuis le début du conflit, plus de sept millions de personnes ont fui leur foyer pour se réfugier dans d’autres régions au Soudan – qui comptait déjà 2,8 millions de personnes déplacées au fil des décennies de guerres ayant meurtri le pays.

Environ « 40 morts » dans des tirs d’artillerie

Des militants pro-démocratie au Soudan ont fait état vendredi d’environ 40 civils tués dans de « violents tirs d’artillerie » des paramilitaires sur des quartiers d’Omdourman, près de la capitale Khartoum, énième illustration de l’impact du conflit sur une population terrassée par une crise humanitaire.

Le « comité de résistance de Karari », du nom d’un des quartiers d’Omdourman, dans la banlieue nord-ouest de Khartoum, impute les frappes d’artillerie menées jeudi aux Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée soudanaise depuis avril 2023.

« Jusqu’à maintenant, le nombre de morts est estimé à 40 citoyens, et il y a plus de 50 blessés, certains grièvement », souligne dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux le comité, un de ces nombreux réseaux de militants organisant l’entraide entre habitants, et qui ont fleuri ces dernières années.

« Il n’y a pas encore de décompte précis du nombre de victimes à Omdourman », ajoute le comité, qui précisait que les tirs ont notamment touché « des quartiers résidentiels » dans le secteur de Karari.

« La plupart des morts sont arrivés à l’hôpital universitaire al-Nao, les autres dans des hôpitaux privés ou alors ils ont été enterrés par leurs familles ».