(Washington) Joe Biden, sur la défensive dans son pays, a annoncé mardi l’envoi de systèmes de défense antiaérienne à l’Ukraine, en marge d’un sommet de l’OTAN à Washington.

« La Russie ne gagnera pas », a lancé avec force le président américain, dans un discours très attendu, après les interrogations sur sa capacité à défendre les couleurs du camp démocrate, à quatre mois de l’élection présidentielle.

Il participait avec les dirigeants, ou leurs représentants, des 32 pays de l’OTAN à une cérémonie marquant les 75 ans d’existence de l’Alliance atlantique.

Dans une déclaration commune, plusieurs pays de l’OTAN, dont les États-Unis, ont confirmé l’envoi d’un total de cinq de ces systèmes, dont quatre batteries Patriot. Ce système de missiles sol-air de conception américaine est particulièrement efficace pour intercepter les missiles balistiques russes.

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Un journaliste jette une ombre à côté des logos le jour de la célébration du 75e anniversaire de l’OTAN.

Le cinquième système de défense antiaérienne annoncé mardi est une batterie de SAMP/T, des systèmes de missiles de fabrication franco-italienne, que l’Italie avait déjà dit être prête à livrer.

Seule une batterie Patriot, celle donnée par les États-Unis, représente une nouveauté par rapport à ce que Kyiv s’est vu promettre au cours des dernières semaines, après des appels répétés de son président Volodymyr Zelensky.

Ce dernier, arrivé mardi à Washington, a remercié les alliés pour leur « forte déclaration » de soutien. Dans un discours dans la soirée, il les a également appelés, et particulièrement les États-Unis, à ne pas attendre le résultat des élections américaines en novembre pour affirmer leur soutien à son pays en guerre.

« Il est temps de sortir de l’ombre, de prendre de fortes décisions, de travailler, d’agir et de ne pas attendre novembre ou n’importe quel autre mois », a-t-il déclaré.

F-16

L’Ukraine a été la cible lundi de frappes russes meurtrières, dont le bilan est monté à 43 morts et quelque 200 blessés, a annoncé Volodymyr Zelensky dans son discours à Washington. Elles ont notamment dévasté le plus grand hôpital pour enfants du pays.

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Une vue des drapeaux américains et du Capitole des États-Unis avant les sommets de l’OTAN.

Les Alliés se sont également engagés à fournir d’autres Patriot ou systèmes équivalents « cette année », et des « dizaines » de systèmes tactiques de défense antiaérienne, « dans les prochains mois ».

« Aujourd’hui, c’est Washington », avait indiqué plus tôt M. Zelensky dans son adresse vidéo quotidienne. « Nous nous battons pour obtenir davantage de défense antiaérienne » et « davantage d’avions F-16 », dont la livraison à l’Ukraine est attendue prochainement, a-t-il ajouté.

Les États-Unis vont également reprogrammer la livraison de batteries de missiles, afin que Kyiv puisse disposer de « centaines d’intercepteurs sol-air supplémentaires tout au long de l’année prochaine », selon un communiqué commun des États-Unis, des Pays-Bas, de la Roumanie, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Ukraine.

Répit

Les frappes russes ont fait des dizaines de morts et déjà détruit la moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine.

Hôte d’honneur de la cérémonie d’anniversaire à l’auditorium Andrew W. Mellon, où a été signé le traité de l’Atlantique Nord en 1949, Joe Biden a pu profiter d’un moment de répit dans une campagne électorale qui chaque jour se transforme davantage en chemin de croix.

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Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et le président américain, Joe Biden

Les appels se multiplient, y compris au sein de son camp, pour que le président de 81 ans renonce à se représenter après son calamiteux débat fin juin face à Donald Trump.

Le milliardaire républicain de 78 ans y est allé de son commentaire sur sa plateforme Truth Social : sans lui, écrit-il, « il n’y aurait probablement plus d’OTAN maintenant ». Mettant ainsi à son crédit les engagements pris par les Européens à dépenser plus pour leur défense.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a rappelé dans son discours que l’Alliance n’était pas un « dû » mais le « résultat de choix délibérés et de décisions difficiles ». Idem en ce qui concerne le soutien à l’Ukraine, qui requiert « des coûts et des risques ».

Candidature

« Il n’y a pas d’options sans coût avec une Russie agressive comme voisin », a-t-il affirmé, rappelant que le « coût le plus élevé et le risque le plus grand seraient que la Russie gagne en Ukraine ».

À l’occasion de ce sommet, Kyiv souhaite également, mais sans illusion, que sa candidature pour rejoindre l’Alliance atlantique avance à Washington.  

L’Ukraine souhaite recevoir une invitation formelle en ce sens, mais plusieurs pays, dont les États-Unis, s’y opposent.

Elle devrait en revanche obtenir que cette promesse d’adhésion soit « irréversible », selon un diplomate, précisant toutefois que certaines conditions seraient ajoutées.

La Russie a fait savoir mardi qu’elle suivrait avec « une attention maximale » ce sommet des 75 ans de l’Alliance atlantique.