(Beyrouth) Le Hezbollah libanais a tiré mercredi une centaine de roquettes contre des positions militaires israéliennes en riposte à la mort d’un de ses commandants tué dans une frappe israélienne dans le sud du Liban, des violences qui alimentant les craintes d’une escalade.

Selon une source proche du Hezbollah, il s’agit du troisième haut chef militaire tué dans le sud du Liban depuis le début des violences entre le parti pro-iranien et Israël le 8 octobre, au lendemain du déclenchement de la guerre à Gaza.

Dans un communiqué, le Hezbollah a annoncé la mort du « commandant Mohammed Neemeh Nasser, né en 1965 » à Hadatha dans le sud du Liban, le deuxième chef militaire tué en moins d’un mois.  

Le Hezbollah a aussi fait état d’un deuxième combattant tué mercredi.  

L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir « éliminé » Mohammed Nasser, identifié comme « le commandant de l’unité Aziz » du Hezbollah, « responsable des tirs sur le territoire israélien depuis le sud-ouest du Liban ».

Selon une autre source proche du parti chiite, Mohammed Nasser, tué dans une frappe visant un véhicule près de Tyr, était un « responsable d’un des trois secteurs du sud du Liban ».

PHOTO RELATION AVEC LES MÉDIAS DU HEZBOLLAH, FOURNIR PAR ASSOCIATED PRESS

Le commandant du Hezbollah Mohammad Neemeh Nasser, qui a été tué par une frappe aérienne israélienne qui a touché sa voiture, dans la ville côtière du sud de Tyr, au Liban, le mercredi 3 juillet 2024.

Le mouvement a annoncé avoir riposté « à l’attaque et à l’assassinat perpétrés par l’ennemi » en tirant « 100 roquettes Katioucha » sur deux positions israéliennes sur le plateau syrien du Golan annexé par Israël.  

Il a ensuite fait état de nouveaux tirs de « dizaines de roquettes Katioucha » sur l’une des positions du Golan, ainsi que des tirs de « roquettes Falaq » et de missiles lourds Burkan sur deux sites militaires dans le nord d’Israël.

Un porte-parole militaire israélien a déclaré qu’une centaine de roquettes avaient été lancées depuis le Liban.

Dans un communiqué, l’armée israélienne a indiqué que les services d’urgence « s’efforçaient d’éteindre un certain nombre d’incendies » provoqués par l’une des attaques, dans la région de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël.

PHOTO JALAA MAREY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien, le 3 juillet.

« Escalade »

Le Hezbollah « va augmenter sa pression » sur Israël, a réagi dans un communiqué le député du Hezbollah Hassan Fadlallah, alors que le mouvement échange quotidiennement des tirs à la frontière avec Israël depuis près de neuf mois, affirmant soutenir le Hamas dans sa guerre contre l’armée israélienne à Gaza.

« Nous sommes très inquiets de l’escalade des échanges de tirs », a affirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.  

Il a mis en garde contre les risques pour la région « dans son ensemble si nous devions nous retrouver dans un conflit à part entière ».

Le 11 juin, Taleb Sami Abdallah, également commandant d’un des trois secteurs du sud du Liban, avait été tué dans une frappe similaire à Jouaiyya, à environ 15 km de la frontière israélienne, qui avait fait trois autres morts.

Le Hezbollah avait violemment riposté en bombardant le nord d’Israël.

En janvier, le Hezbollah avait annoncé la mort de Wissam Tawil, décrit comme « un commandant de la force Al Radwan », unité d’élite du mouvement, dans une frappe israélienne.  

« Prévenir un embrasement »

Les violences à la frontière ont fait au moins 495 morts au Liban, dont environ 95 civils et une majorité de combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP basé sur les données du mouvement chiite et de source officielle libanaise.

Côté israélien, au moins 15 soldats et 11 civils ont été tués, selon les autorités. Dans les deux pays, des dizaines de milliers d’habitants ont été déplacés par les combats.  

Fin juin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait insisté auprès du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant sur « l’importance d’éviter une nouvelle escalade du conflit et de parvenir à une solution diplomatique ».

L’émissaire américain, Amos Hochstein, qui s’est rendu à plusieurs reprises au Liban, devait rencontrer à Paris mercredi l’envoyé spécial français au Liban, Jean-Yves Le Drian.

De son côté, Téhéran a averti samedi Israël que « tous les membres de l’axe de la résistance », qui comprend l’Iran et ses alliés régionaux, pourraient se mobiliser en cas d’offensive « à grande échelle » contre le Hezbollah au Liban.

L’intensification des hostilités entre l’armée israélienne et le Hezbollah durant le mois de juin et la rhétorique belliqueuse des belligérants ont fait craindre une guerre totale.

Mais depuis une semaine, les combats avaient relativement baissé en intensité.

Mardi, le président français Emmanuel Macron a insisté sur « l’absolue nécessité de prévenir un embrasement » entre Israël et le Hezbollah, lors d’un entretien téléphonique avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.