(Bruxelles) L’OTAN, forte de ses 75 ans d’histoire tourmentée, peut faire face à toute éventualité, y compris électorale en France ou aux États-Unis, a assuré jeudi son secrétaire général Jens Stoltenberg, dans un entretien avec l’AFP.

À quelques heures du premier débat électoral entre Joe Biden et Donald Trump, le patron de l’Alliance s’est voulu rassurant.

« Je m’attends à ce que les États-Unis restent un allié solide de l’OTAN, quel que soit le résultat des élections américaines, parce que c’est dans l’intérêt des États-Unis pour leur propre sécurité », a déclaré le dirigeant norvégien de l’Alliance.

Un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui a dans le passé qualifié l’Alliance atlantique d’organisation « obsolète », inquiète à Bruxelles et dans de nombreuses capitales européennes. La perspective d’un gouvernement d’extrême droite en France à l’issue de législatives anticipées dont le premier tour a lieu dimanche inquiète tout autant certains dirigeants de l’OTAN ou de l’UE.

Mais, selon Jens Stoltenberg, les aléas politiques traversés par l’OTAN depuis sa création en 1949 l’ont rendue beaucoup plus solide.  

« Ce n’est pas inscrit dans le marbre, ce n’est pas non plus une loi de la nature. Ce sont des décisions politiques que nous prenons tous les jours, mais nous avons prouvé que nous sommes capables d’être très résistants, parce que c’est notre intérêt de rester ensemble, et cela vaut pour les États-Unis comme pour l’Europe », a expliqué le patron de l’OTAN, interrogé sur les dangers d’éclatement de l’Alliance après les élections américaine et française.

« Résilience »

Le dirigeant norvégien, qui quittera l’OTAN le 1er octobre après dix ans passés à sa tête, a d’ailleurs cité comme exemple de « résilience » le choc qu’avait suscité la décision française de sortir du commandement militaire intégré de l’Alliance en 1966.

En 75 ans, « nous avons fait face à de nombreux débats internes, beaucoup de questionnements sur la force de l’Alliance, beaucoup de doutes sur notre capacité à rester ensemble, à commencer par la crise en 1966, la décision française de quitter la structure de commandement de l’OTAN », a-t-il expliqué.

Mais, a-t-il ajouté, à chaque fois l’Alliance a résisté, et « je m’attends à ce qu’elle reste forte », quels que soient les aléas à venir.

L’OTAN a su aussi s’adapter, a encore expliqué son secrétaire général.

« Les critiques de l’ancien président Donald Trump n’étaient pas dirigées contre l’OTAN, mais contre les Alliés [au sein] de l’OTAN qui ne paient pas suffisamment », a assuré le dirigeant norvégien.

Or, cette situation a « changé maintenant », avec désormais 23 des 32 pays membres consacrant au moins 2 % de leur Produit intérieur brut (PIB) à des dépenses militaires, a-t-il ajouté.

« Nous sommes dans une meilleure position pour démontrer que […] les États-Unis ne portent pas seuls le fardeau » de la dépense, a-t-il encore expliqué.

Menace russe

Donald Trump n’était d’ailleurs pas le premier président américain à se plaindre du manque d’engagement des Européens à financer leur propre défense, a rappelé M. Stoltenberg.

Donald Trump s’est montré « très, très franc et direct dans ses critiques des Alliés “mauvais payeurs”. Biden a formulé le même message, mais bien sûr avec un autre style et un autre langage », a-t-il expliqué. Mais, a-t-il poursuivi, le message restait le même : « on ne peut plus continuer comme cela ».

M. Stoltenberg s’est également montré très confiant sur la capacité de l’Alliance atlantique à faire face à la menace russe.

« Je suis absolument certain que l’OTAN a la force suffisante pour prévenir des attaques à l’avenir, comme nous l’avons prouvé pendant toutes ces années », a-t-il déclaré.

L’OTAN n’est pas en guerre contre la Russie, même si elle est, de loin, le premier soutien de l’Ukraine dans sa guerre contre l’invasion russe.

Et de ce point de vue, M. Stoltenberg ne croit pas non plus que la Russie soit capable d’une « percée significative » sur le champ de bataille.

« Nous n’avons pas d’autre indication ou de raison de croire que la Russie a les capacités ou les forces pour accomplir des percées significatives », a encore assuré M. Stoltenberg, pour qui Moscou continuera cependant à « essayer » et à lancer des « attaques aériennes » contre l’Ukraine.