(Washington) La relation souvent compliquée entre la Maison-Blanche et Benyamin Nétanyahou connaît un nouvel épisode de crispation, après que le premier ministre israélien a critiqué le rythme des livraisons d’aide militaire américaine.

Les commentaires en question sont « profondément décevants et certainement offensants pour nous, étant donné l’ampleur du soutien que nous avons fourni et que nous continuerons à fournir », a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

En cause, une vidéo en anglais publiée mardi par Benyamin Nétanyahou sur le réseau social X, dans laquelle il accuse les États-Unis, premier soutien militaire d’Israël, de « retenir » des livraisons d’armement.

Le premier ministre israélien a réagi aux propos venus de Washington jeudi, en déclarant : « Je suis prêt à subir des attaques personnelles à condition qu’Israël reçoive des États-Unis les armes dont il a besoin dans la guerre pour son existence ».

Benyamin Nétanyahou est attendu à Washington le 24 juillet, en pleine campagne pour les élections présidentielles et législatives, pour prononcer un discours devant le Congrès.

« Aucun autre pays ne fait plus pour aider Israël à se défendre contre la menace du Hamas et contre les autres menaces régionales », a encore dit John Kirby.

« Nous ne savons vraiment pas de quoi il parle », avait déjà lâché mardi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre.

Plus mesuré, le porte-parole du département d’État Matthew Miller a lui déclaré jeudi : « Notre engagement pour la sécurité d’Israël est sacro-saint. Nous l’avons prouvé pas seulement en paroles, mais en actes, et je ne crois pas qu’il soit productif de se lancer dans un va-et-vient public à ce sujet ».

Bombes

Washington a indiqué qu’une seule livraison de bombes de 2000 livres (907 kg) à Israël était en cours d’examen en raison de préoccupations concernant leur utilisation dans des zones densément peuplées dans la bande de Gaza.

John Kirby a indiqué par ailleurs que le conseiller à la sécurité nationale américaine Jake Sullivan rencontrerait jeudi à Washington son homologue israélien Tzachi Hanegbi ainsi que Ron Dermer, ministre israélien des Affaires stratégiques.  

Les deux émissaires israéliens se sont aussi entretenus dans la journée avec Antony Blinken, selon un haut responsable américain.

Le chef de la diplomatie américaine « a réitéré l’engagement sans faille des États-Unis pour la sécurité d’Israël », a affirmé Matthew Miller dans un communiqué après la rencontre.

Le Secrétaire d’État américain a aussi souligné « l’importance d’éviter une nouvelle escalade au Liban » par le biais d’une « solution diplomatique permettant aux familles israéliennes et libanaises », déplacées par les échanges de tirs à la frontière, « de rentrer chez elles », a ajouté M. Miller.

La réaction sèche de la Maison-Blanche jeudi n’est pas le premier épisode de tensions avec le chef du gouvernement israélien depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre dernier, déclenchée par une attaque inédite du mouvement palestinien Hamas.

Le président américain Joe Biden ne fait pas mystère de sa relation heurtée avec le chef du gouvernement israélien.

Il a en particulier dit publiquement son opposition à une offensive terrestre de grande ampleur à Rafah où plus d’un million de civils sont piégés, et a menacé de cesser certaines livraisons d’armes à Israël si son avertissement n’était pas entendu.

La guerre dans la bande de Gaza est un sujet politiquement épineux pour le démocrate de 81 ans, qui briguera en novembre un second mandat face à son rival républicain Donald Trump.

La catastrophe humanitaire en cours dans le territoire palestinien assiégé et le bilan humain qui ne cesse de s’alourdir valent au président américain de vives critiques dans le camp progressiste, et de la part des électeurs d’origine arabe.

Les États-Unis restent toutefois, dans les faits, le premier soutien diplomatique et militaire d’Israël, confronté à de plus en plus de pressions internationales après un peu plus de huit mois de conflit.