Ça y est, enfin. Il fait beau, il fait chaud, et on a tous très soif d’en profiter ! Qu’est-ce qu’on sert aux invités cet été ? Du tinto de verano, les amis !

Du quoi ? Le tinto de verano, littéralement rouge d’été, est un chouette et simplissime mélange qui nous vient directement d’Andalousie, auquel le Québec devrait enfin et joyeusement succomber. Pourquoi donc ? Parce que le résultat est léger, désaltérant à souhait et juste assez festif, pile ce qu’on attend d’un parfait petit cocktail d’été.

Ce n’est pas (que) nous qui le disons. L’an dernier, le New York Times l’a décrété : « It’s Not Summer Without a Tinto de Verano » (« Ce n’est pas l’été sans un petit rouge d’été léger », traduction libre). Mieux, la recette est carrément devenue virale et s’est retrouvée parmi les plus populaires de l’année du prestigieux quotidien américain.

Pour cause : difficile de faire plus élémentaire. Oubliez la sangria (sucrée et fruitée), pensez ici simplicité et efficacité. Vous avez même sans doute tout ce qu’il faut sous la main pour vous faire un petit verre de ce pas : un peu de vin rouge (idéalement espagnol et doux, un fond de bouteille, ne gaspillez surtout pas votre bon vin pour ça !), un soda citronné (Sprite, 7 Up, pourquoi pas une eau pétillante maison, pour être chic !), des tas de glaçons, et le tour est joué ! Essayez, pour voir, vous risquez d’être (joliment) surpris. Et vous comprendrez pourquoi le pétillant liquide inonde littéralement les terrasses de l’Espagne, et ne demande qu’à faire de même ici.

« C’est très populaire l’été en Espagne ! confirme Haissam Souki Tamayo, chef exécutif du restaurant Ibericos à Montréal, une jolie adresse rue Saint-Denis qui semble tout droit sortie de Barcelone et qui propose, entre le negroni et la sangria, un bon tinto de verano à son menu. Ça passe bien », fait-il valoir, rencontré par un bel après-midi sur sa terrasse fraîchement montée.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Haissam Souki Tamayo, chef exécutif du restaurant Ibericos à Montréal

Quand tu t’assois sur une terrasse le premier jour de l’été, tu n’as pas envie de boire ce que tu as bu tout l’hiver ! C’est l’été !

Haissam Souki Tamayo, chef exécutif du restaurant Ibericos

Avis aux intéressés, Haissam Souki Tamayo ouvre tout prochainement un café Ibericos juste au-dessus de son restaurant du Plateau-Mont-Royal. À l’espagnole, il promet d’y diffuser des matchs de soccer et d’y servir des tintos de verano et autres kalimotxos (calimoxquoi ? Nous y viendrons). Objectif ? Attirer une clientèle plus jeune et festive.

La petite histoire

Parce que c’est un fait, le tinto de verano est d’abord et avant tout une boisson de jeunes, parce qu’elle est entre autres économique. On raconte que le mélange serait apparu au début du siècle dernier, dans la ville de Córdoba, en Andalousie. Plus précisément, dans un bar appartenant à un certain Federico Vargas. Il faisait chaud, l’alcool coulait à flots, mais les clients avaient surtout soif. Pour désaltérer son monde – composé, toujours selon cette légende, de jeunes danseurs de flamenco et de musiciens –, l’homme a eu l’idée de couper son vin avec du soda (Fanta, Kas ou autres, l’histoire ne le dit pas). Ainsi naissait le Vargas, rebaptisé rapidement, et tout simplement, tinto de verano, rouge d’été (léger).

Mais il faudra attendre les années 1960 pour que la boisson gagne en popularité et se retrouve sur toutes les terrasses du pays. Tout le monde se l’arrache depuis et se l’approprie aussi. Certaines régions troquent le vin rouge pour du vermouth. D’autres font un joyeux mélange des deux. On peut même aujourd’hui s’en procurer en cannettes !

« Et c’est vraiment populaire ! », confirme à son tour Federico Rivas, dont la Buvette Pompette, comptoir de quartier à l’espagnole dans La Petite-Patrie, propose deux déclinaisons à son menu : en traditionnel tinto (rouge), mais aussi en version améliorée (à notre humble avis), bianco ! Un peu de vin blanc, un soupçon de jus de pamplemousse, d’eau pétillante, et voilà ! « C’est aussi simple que ça ! Et aussi savoureux que ça », nous dit le copropriétaire de la jolie adresse de la rue Saint-Zotique.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Federico Rivas, de la Buvette Pompette à Montréal

Il faut que ce soit simple : tout le monde en Espagne a tout ce qu’il faut pour le faire en deux secondes !

Federico Rivas, de la Buvette Pompette

À son restaurant, si les clients sont « agréablement » surpris par la proposition, « ils en reprennent » ! « Et puis ceux qui sont allés en Espagne sont nostalgiques ! […] Moi, ça me ramène des souvenirs d’adolescence », ajoute notre interlocuteur, né d’un père d’origine espagnole et d’une mère d’origine québécoise, qui a passé bien des étés de l’autre côté de la flaque.

À noter que le cocktail s’inscrit en prime dans les tendances du jour, en matière de boissons plus légères, moins alcoolisées, et surtout moins sucrées. Qu’il soit rouge ou blanc, « c’est un cocktail pas trop sucré, pas trop alcoolisé, et pas cher, fait-il valoir. C’est un cocktail d’été magnifique pour une terrasse ». « Et puis c’est quand même festif. Ça se partage bien : on peut en faire des pichets ! »

Consultez le site d’Ibéricos Consultez le site de Buvette Pompette

Autre goût, autre cocktail : le kalimotxo

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le kalimotxo (en basque, ou calimocho, en espagnol) est un mélange de vin rouge et de Coca-Cola.

Tout aussi simple, mais peut-être un chouïa plus surprenant, le kalimotxo (en basque, ou calimocho, en espagnol) est un mélange de vin rouge et de Coca-Cola. Vous avez bien lu, et vous devriez essayer, vous pourriez l’adopter ! On raconte que cette boisson est née quant à elle au Pays basque, dans les années 1970, pendant un festival de musique. La légende veut que les organisateurs, remarquant que leur vin rouge (acheté en quantité) était piqué, aient eu l’idée de le couper avec du Coca-Cola, pour en camoufler le mauvais goût. Ainsi naissait le « Cuba libre del pobre » (Cuba libre du peuple), surnommé « kali » (référence à Kalimero), en allusion à un serveur apparemment peu joli, « motxo » voulant précisément dire « moche » en basque ! « C’est un peu l’ancêtre du vodka Red Bull », fait valoir Federico Rivas. En version del pobre toujours : « Tu as le buzz de l’alcool et le kick du Coke ! »