Le président Joe Biden et l’ancien président Donald Trump ont échangé attaques et informations fausses ou trompeuses lors de leur premier débat en vue de l’élection de 2024, jeudi soir. Quelques affirmations méritent un retour pour remettre les pendules à l’heure.

6-Janvier

Je lui ai offert 10 000 soldats ou la Garde nationale, et elle a refusé.

Donald Trump, à propos des actions de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, lors de l’émeute du 6 janvier

LES FAITS : C’est le conseil de la police du Capitole qui prend la décision d’appeler ou non les troupes de la Garde nationale au Capitole. Le conseil a décidé de ne pas appeler la Garde avant l’insurrection, mais a finalement demandé de l’aide alors que l’émeute avait déjà commencé, et les troupes sont arrivées plusieurs heures plus tard. Rien ne prouve que Mme Pelosi ou Mitch McConnell, alors chef de la majorité au Sénat, aient ordonné aux responsables de la sécurité de ne pas appeler la Garde à l’avance.

La commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du 6-Janvier avait écrit dans son rapport final que Donald Trump n’avait « jamais donné l’ordre de déployer la Garde nationale » pour empêcher les débordements.

Avortement

Cela signifie qu’il peut prendre la vie du bébé au cours du neuvième mois [de grossesse], et même après la naissance. [...] Il est prêt à, comme nous le disons, arracher le bébé de l’utérus au cours du neuvième mois et à le tuer.

Donald Trump

LES FAITS : M. Trump a parlé à tort d’avortements après la naissance. Les défenseurs du droit à l’avortement affirment que des termes comme celui-là et les « avortements tardifs » tentent de stigmatiser les avortements pratiqués à un stade plus avancé de la grossesse. Les avortements tardifs sont extrêmement rares. En 2020, moins de 1 % des avortements pratiqués aux États-Unis l’ont été à 21 semaines ou après, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies. Les avortements tardifs sont généralement le résultat de complications graves qui mettent en danger la vie de la femme ou du fœtus, selon les experts médicaux.

Environnement

Pendant mes quatre années de mandat, j’ai eu les meilleurs chiffres jamais enregistrés en matière d’environnement.

Donald Trump

LES FAITS : C’est loin d’être le cas. Au cours de sa présidence, M. Trump a annulé certaines dispositions de la loi sur la propreté de l’eau, a assoupli les réglementations applicables aux entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz et a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Lorsque des incendies de forêt ont frappé la Californie en 2020, M. Trump a rejeté le consensus scientifique selon lequel le changement climatique avait joué un rôle. M. Trump a également rejeté les avertissements des scientifiques concernant le changement climatique et a régulièrement proposé des coupes importantes dans l’Agence de protection de l’environnement. Ces réductions ont été bloquées par les législateurs démocrates et républicains.

COVID-19

Joe Biden a affirmé que son rival avait dit aux Américains de s’« injecter de l’eau de Javel » pour traiter la COVID-19.

LES FAITS : C’est exagéré. M. Trump a plutôt demandé s’il était possible d’injecter un désinfectant dans les poumons. « Je vois le désinfectant, qui l’élimine [le coronavirus] en une minute, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en avril 2020. Y a-t-il un moyen de faire quelque chose comme ça, par injection, presque un nettoyage ? Parce que vous voyez qu’il pénètre dans les poumons et qu’il a un effet dévastateur sur les poumons, donc il serait intéressant de le vérifier. »

Immigration

C’est lui qui a tué les gens avec une mauvaise frontière, et qui a inondé le pays avec des centaines de milliers de personnes qui tuent nos citoyens.

Donald Trump

LES FAITS : L’afflux massif de migrants entrant irrégulièrement aux États-Unis par la frontière méridionale a donné lieu à un certain nombre d’affirmations fausses et trompeuses de la part de M. Trump. Par exemple, il prétend régulièrement que d’autres pays vident leurs prisons et leurs institutions psychiatriques de leurs occupants pour les envoyer aux États-Unis. M. Trump a également affirmé que l’afflux d’immigrants provoquait une hausse de la criminalité aux États-Unis, alors que les statistiques montrent que les crimes violents sont en baisse. Les statistiques du FBI ne caractérisent pas les crimes en fonction du statut d’immigration de l’agresseur, et rien ne prouve qu’il y ait eu un pic de crimes perpétrés par des migrants.

Économie

Nous avons eu la meilleure économie de l’histoire.

Donald Trump

LES FAITS : Ce n’est pas exact. Tout d’abord, la pandémie a déclenché une récession massive pendant sa présidence. Le gouvernement a emprunté 3100 milliards US en 2020 pour stabiliser l’économie. M. Trump a eu l’ignominie de quitter la Maison-Blanche avec moins d’emplois qu’à son arrivée. Mais même si l’on exclut les problèmes causés par la pandémie, la croissance économique s’est élevée en moyenne à 2,67 % au cours des trois premières années du mandat de M. Trump. C’est plutôt solide. Mais elle est loin des 4 % enregistrés en moyenne pendant les deux mandats de Bill Clinton, de 1993 à 2001, selon le Bureau of Economic Analysis. En fait, la croissance a été plus forte jusqu’à présent sous M. Biden que sous M. Trump.

Charlottesville

Il a dit : “Je pense qu’il y a des gens bien des deux côtés.”

Joe Biden, faisant référence aux déclarations de Donald Trump après le rassemblement nationaliste blanc meurtrier de Charlottesville, en Virginie, en 2017

LES FAITS : M. Trump a effectivement utilisé ces mots pour décrire les participants au rassemblement meurtrier, qui avait été planifié par des nationalistes blancs. Mais comme l’ont souligné les partisans de M. Trump, il a également déclaré ce jour-là qu’il ne parlait pas des néonazis ni des nationalistes blancs présents. « Il y avait de très mauvaises personnes dans ce groupe, a déclaré M. Trump lors d’une conférence de presse organisée quelques jours après le rassemblement, mais il y avait aussi des gens très bien, des deux côtés ». Il a ensuite ajouté qu’il ne parlait pas des « néonazis ni des nationalistes blancs, car ils devraient être totalement condamnés ».