(New York) Vêtus de l’uniforme fétiche de Donald Trump – complet bleu marine et cravate rouge –, les quatre hommes cherchaient à démontrer de façon visuelle leur loyauté à l’égard de l’ancien président républicain. Ils tenaient aussi à l’exprimer de vive voix.

Ainsi, à tour de rôle, ils ont défilé devant une batterie de micros pour s’adresser aux journalistes réunis à l’extérieur du tribunal de Manhattan où avait lieu le procès en lien avec l’affaire Stormy Daniels de leur candidat présidentiel préféré.

« Le peuple américain a déjà acquitté Donald Trump », a déclaré l’un des hommes, en dénonçant un « simulacre » de procès.

Un mois plus tard, le même homme, Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord, fait partie de la courte liste de colistiers potentiels de Donald Trump.

Il en est de même pour un autre membre du quatuor présent à New York ce jour-là : Byron Donalds, représentant de Floride.

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Byron Donalds et Doug Burgum, à la cour criminelle de Manhattan

Les deux politiciens suivaient les pas d’un autre membre potentiel du ticket républicain : J. D. Vance, sénateur de l’Ohio. Quelques jours plus tôt, ce dernier avait manifesté son appui à Donald Trump en prenant place derrière lui lors de la première journée de témoignage de Michael Cohen.

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J. D. Vance lors du procès de Donald Trump

Si tout se déroule comme prévu, Donald Trump dévoilera l’identité de son candidat ou de sa candidate à la vice-présidence durant la convention républicaine, prévue du 15 au 18 juillet à Milwaukee. D’ici là, les colistiers potentiels continueront à se soumettre à diverses épreuves, dont celle de la loyauté, comme s’ils étaient des concurrents de l’émission de téléréalité The Apprentice.

Selon les médias, ils sont au moins huit à s’être vu demander par l’équipe de campagne de Donald Trump des documents permettant de vérifier leurs antécédents financiers, judiciaires ou autres.

Outre les Burgum, Vance et Donalds, le groupe comprend les sénateurs Marco Rubio (Floride), Tim Scott (Caroline du Sud) et Tom Cotton (Arkansas), de même que la représentante Elise Stefanik (New York) et l’ancien secrétaire au Logement et au Développement urbain Ben Carson.

Donald Trump pourrait évidemment surprendre tout le monde en choisissant quelqu’un qui ne fait pas partie de cette liste. Or, à moins d’un mois du rendez-vous de Milwaukee, les Rubio, Scott, Vance et Burgum sont considérés comme les candidats favoris.

Gains électoraux

Les sénateurs Rubio et Scott ont en commun d’être issus de communautés au sein desquelles Donald Trump pourrait réaliser des gains en novembre. Le premier, né d’une famille d’exilés cubains et parlant couramment l’espagnol, pourrait aider l’ancien président à accentuer ses gains auprès de l’électorat hispanique. L’autre, élevé dans un milieu pauvre par une mère célibataire, pourrait faire de même auprès de l’électorat noir.

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Le sénateur Marco Rubio a prononcé un discours dans le cadre d’un rassemblement de campagne de Donald Trump, en Floride vendredi.

Respectés par l’élite du Grand Old Party, les sénateurs Rubio et Scott pourraient également rassurer les républicains que Donald Trump rebute. Idem pour Doug Burgum, un entrepreneur qui s’est lancé en politique après avoir fait fortune en investissant dans des sociétés technologiques.

En revanche, J. D. Vance ne pourrait échapper à l’étiquette MAGA (Make America Great Again). Même s’il a déjà craint Donald Trump, allant jusqu’à le qualifier de « Hitler américain » en 2016, l’auteur du best-seller Hillbilly Elegy et investisseur en capital de risque est devenu l’un des défenseurs les plus ardents et éloquents du trumpisme.

Et il ne cesse de trouver de nouvelles façons de témoigner sa loyauté à Donald Trump. Lors d’une longue entrevue accordée récemment au New York Times, il a justifié les efforts de l’ex-président pour inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 et sympathisé avec les émeutiers ou insurgés du 6 janvier 2021.

« Nous vivons un moment où les gens sont vraiment en colère, et je pense que c’est pour des raisons légitimes », a dit l’élu de 39 ans. « Et je ne comprends pas qu’en regardant le pays que nous avons aujourd’hui, on puisse dire : “L’émeute du 6 janvier était la pire expression de cela”. »

Trump « sera le président »

Tout comme J. D. Vance, la plupart des colistiers potentiels de Donald Trump refusent de promettre d’accepter les résultats de la prochaine élection présidentielle, peu importe le gagnant.

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Tim Scott et Donald Trump, en février dernier, sur le plateau d’une émission diffusée sur Fox News

« Au bout du compte, le 47e président des États-Unis sera le président Donald Trump », a répondu Tim Scott lors d’une entrevue accordée le mois dernier à Kristen Welker, animatrice de l’émission Meet the Press.

Après que l’intervieweuse a insisté pour qu’il réponde « oui ou non » à la question de savoir s’il respectera les résultats du scrutin de novembre, le sénateur s’est contenté de dire : « C’est ma déclaration. »

Il faut évidemment avoir une ambition ou une personnalité particulière pour vouloir devenir le vice-président de Donald Trump. Surtout après l’expérience de Mike Pence. Ce dernier a failli y passer après avoir été condamné par son patron sur Twitter à la suite de son refus de stopper la certification des résultats de l’élection présidentielle de 2020 par le Congrès.

« Pendez Mike Pence ! Pendez Mike Pence ! », ont scandé des partisans de Donald Trump pendant l’attaque contre le Capitole.

À la Maison-Blanche, le 45e président a haussé les épaules en prenant connaissance des menaces de mort visant son vice-président. « Il le mérite », a-t-il dit, selon des témoins.

Loyauté. Abnégation. Et quoi encore ? Le mot « photogénique » revient souvent parmi les qualités recherchées par Donald Trump chez un candidat à la vice-présidence.

« Est-ce qu’il passe bien à la télévision ? demande-t-il souvent à son entourage. Qui est le meilleur à la télévision ? »

Doug Burgum semble avoir eu vent de ces questions. Depuis le 1er mai, il a participé à au moins 33 émissions télévisées ou diffusées sur le web, soit plus que le total combiné de J. D. Vance et Marco Rubio, selon le site Bulwark.

Cela suffira-t-il à convaincre l’ex-star de l’émission The Apprentice de dire : « Tu es embauché » ?