À la suite du désastreux débat qu’a livré Joe Biden le 27 juin contre Donald Trump, la pression pour qu’il se retire de la course ne diminue pas, bien au contraire. De son côté, le président affirme qu’il demeure dans la course avec l’appui de sa famille, de son entourage, et des dirigeants du Parti démocrate.

Or, depuis le débat, certains médias souvent favorables aux idées démocrates, dont le New York Times, le Boston Globe et The Economist, ont pris position à l’effet que Joe Biden n’est plus l’homme de la situation. Le plus récent sondage de CNN indique d’ailleurs une avance accrue dans les intentions de vote de 49 % contre 43 % en faveur de Donald Trump à l’échelle du pays. Avec le système du collège électoral américain, on assisterait probablement à une victoire du candidat républicain si l’élection avait lieu aujourd’hui. Voilà qui n’est rien pour rassurer les démocrates.

Plus encore, certains élus et influenceurs démocrates ont commencé à mettre en doute publiquement ou sous le couvert de l’anonymat, la possibilité que le président mette fin à sa campagne de réélection.

Certes, il était à prévoir que Biden et ses proches résistent à ces appels, et ce, même en concédant qu’il a offert une très mauvaise prestation lors du débat. Ils soulignent que les présidents Reagan et Obama ont vécu des situations similaires pour ensuite être réélus. La réalité est que ces derniers n’ont jamais offert de contre-performance aussi manifeste.

Les dirigeants de la campagne Biden ont souligné à grands traits que le président a recueilli plus de 30 millions de dollars dans les jours qui ont suivi le débat. Biden lui-même a fait une intervention publique avec énergie et vigueur au lendemain du débat. Le 1er juillet, il s’est même exprimé en direct de la Maison-Blanche en qualifiant d’« affront à la démocratie » le jugement de la Cour suprême accordant une immunité partielle au président des États-Unis à la suite de la requête formulée par Donald Trump dans le contexte de ses déboires judiciaires — une victoire importante pour le républicain.

Indépendamment de ce qui surviendra à partir de maintenant, il est indéniable que la campagne Biden-Harris a subi un revers majeur dans ses chances de décrocher un second mandat. Pour beaucoup, et les sondages récents le confirment tous, la question de l’âge de Biden, 81 ans, ainsi que son acuité physique et mentale sont désormais au cœur de la campagne présidentielle.

Un sondage de CBS News indique même que 72 % des électeurs mettent en doute la capacité de Biden d’assumer un deuxième mandat.

Rester ou se retirer

Malgré les propos rassurants de Joe Biden et son intention affirmée de rester dans la course, les doutes vont inévitablement persister. La moindre maladresse publique de sa part amplifiera le doute. On est loin d’une simple mauvaise performance à un débat !

Dans ce contexte, les stratèges démocrates n’ont pas le choix de considérer la possibilité que Biden se retire de la course dans les prochaines semaines. L’impact de ce scénario, non seulement pour la course à la Maison-Blanche, mais également pour le contrôle du Congrès, sera un enjeu de premier plan au fil des prochaines semaines.

La réputation, le bilan et l’engagement de Joe Biden envers son parti depuis plus de 50 ans amènent certains observateurs expérimentés à conclure qu’il ne fera pas face à une contestation ou à une révolte lors de la convention démocrate prévue à Milwaukee dès le 16 août. La décision de rester ou de se retirer lui appartient. Son principal défi réside dans le fait que le temps s’écoule et que les enjeux sont considérables. S’il se retire, le « quand » et le « comment » seront aussi déterminants.

Le jugement de la Cour suprême qui accorde une immunité accrue au président pour ses actes officiels dans l’exercice de ses fonctions a eu pour effet de replacer la question de la démocratie au cœur de la campagne. Surtout étant donné que Trump semble voguer vers un second mandat. Ce verdict historique entraînera des retards et probablement des modifications dans les affaires judiciaires en cours concernant l’ex-président.

Si Biden choisit de s’en aller, il doit s’assurer que son remplacement se fasse dans un esprit de consensus et de ralliement. Présentement, il possède l’appui des délégués choisis lors des primaires démocrates pour choisir le ou la candidate officielle à la présidence et le colistier.

Le nom de la vice-présidente Kamala Harris fera certainement partie des spéculations, aux côtés de certains autres notables du parti. S’il quitte la course, Biden aura sans doute son mot à dire quant à sa succession.

Rester ou se retirer ? L’heure est critique pour Joe Biden. Un très grand défi l’attend dans les prochaines semaines. Dans tous les cas, sa sagesse et son courage seront mis à l’épreuve.

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