Le rideau vient de tomber sur la 190édition de la fête nationale du Québec. Au cours de la dernière semaine, plus de 6000 activités ont eu lieu sur près de 650 sites, dans toutes les régions. Les festivités ont rejoint plus de 2,5 millions de personnes, qui ont chanté sur tous les tons et avec tous les accents leur attachement au Québec.

Des grandioses plaines d’Abraham aux chaleureuses scènes de quartier, dans nos villes comme dans nos villages, en bord de mer comme dans les hauteurs, la fête nationale a résonné partout dans une multitude de défilés, de discours patriotiques et d’autres moments de communion. Autant de façons de célébrer le bonheur d’être nous et d’être ensemble.

Des festivités précaires

Derrière ces beaux succès populaires, la fête nationale fait toutefois face à des vents contraires. Nous avons été aux premières loges, ces dernières années, pour constater à quel point la réussite de ces festivités est fragile.

Le Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ), qui a le mandat de coordonner l’ensemble des festivités depuis 40 ans, doit conjuguer avec des ressources limitées, qui sont à renégocier d’une année à l’autre.

La grande tradition de la fête nationale survit un an à la fois. Les festivités sont tenues à bout de bras, comme un drapeau au bout de son mât, par des passionnés et des bénévoles qui bricolent à chaque édition des moments magiques.

Mais de premiers signes d’essoufflement se font sentir dans certaines régions. Le nombre de fêtes locales, organisées par les communautés et dépendant donc des initiatives de chacune, a chuté de 900 à 650 depuis 2000. Ce n’est pas l’hécatombe, mais la tendance devrait nous inciter à agir.

Cap vers une 200édition festive !

Visiblement conscient des enjeux et de l’incertitude qui planent autour de la fête nationale depuis trop longtemps, le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a récemment fait part publiquement de son intention d’en faire un évènement de plus grande envergure. « Je pense qu’il est temps qu’on fasse de la place à qui nous sommes, sans complexes », a-t-il évoqué. Nous partageons cette ambition. Et nous sommes impatients d’en savoir plus.

Nous devrions déjà avoir les yeux tournés vers juin 2034. Nous célébrerons alors la 200édition de notre fête nationale. Le décompte est lancé.

Cet anniversaire est une occasion à saisir pour consolider les assises de l’organisation de la fête nationale et, surtout, en décupler la portée. Cela passe inévitablement par un soutien financier accru, mais surtout pérenne et prévisible.

Récemment, certains ont proposé que le financement de la fête nationale soit inscrit dans un poste budgétaire spécifique et visible dans le budget du ministère des Finances, au lieu de varier d’élections en élections, selon les couleurs et la ferveur du gouvernement en place. C’est une idée à laquelle nous adhérons pleinement.

Notre fête nationale est une occasion unique de célébrer ce qui nous rassemble, Québécois de naissance ou d’adoption, jeunes et moins jeunes, afin de créer du lien et du liant entre nous. En cette ère qui trop souvent nous divise, au moment où notre culture et notre langue subissent des pressions de toutes parts, la fête nationale prend une importance plus grande que jamais.

La population québécoise souhaite célébrer en grand, les 23 et 24 juin. Il est temps de lui en donner les moyens et de les garantir. Il est temps de s’offrir une fête nationale à la hauteur de qui nous sommes.

*Cosignataires : Léane Labrèche-Dor, porte-parole de la 189édition ; Debbie Lynch-White, porte-parole de la 185édition ; Sophie Lorain, porte-parole de la 182édition ; Judi Richards, porte-parole de la 179édition ; Mireille Deyglun, co-porte-parole de la 176édition ; Stéphane Crête, co-porte-parole de la 176édition ; Marie-Chantal Perron, porte-parole de la 175e édition ; Luc Picard, porte-parole de la 173édition

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