L’approche du 1er juillet nous ramène toujours l’incontournable crise du logement. Cette crise est d’abord et avant tout une question de privilège. Il y a actuellement un nombre limité d’unités de logement au Québec et certaines personnes ont le privilège d’y avoir accès alors que d’autres, de plus en plus nombreuses, ne l’ont pas.

C’est la raison pour laquelle on peut invoquer à raison l’existence d’une crise du logement. N’oublions pas que la capacité d’avoir accès à un logement décent est un droit positif fondamental.

L’accès à ces privilèges vient principalement avec la capacité financière des personnes. En effet, les personnes ayant les moyens de payer un loyer, voire de devenir propriétaires, sont privilégiées. Mais ces privilèges peuvent également provenir de l’opportunité d’accéder à un logement qualifié de « hors marché », comme les HLM ou les coopératives d’habitation. Mais peu importe que l’on ait les moyens financiers, voire l’opportunité d’avoir accès à un logement hors marché, il demeure que l’on est privilégié puisqu’un nombre grandissant de personnes se retrouvent toujours sans logis.

Deux approches

Pour répondre à cette crise, on propose généralement deux approches. La première est de construire des logements, certains dans un modèle « hors marché ». Ce faisant, on augmente l’offre de logements, donc le nombre de personnes qui auront le privilège de pouvoir y accéder.

Cette approche donne des résultats sur le moyen et le long terme et sa capacité à augmenter l’offre ne semble pas être en mesure de dépasser la croissance de la demande.

La seconde approche est de convertir au modèle « hors marché » des logements actuellement offerts sur le marché.

Bien que cette approche transfère le privilège des personnes ayant les moyens financiers d’accéder à la propriété vers les moins nantis, elle ne diminue pas le nombre de personnes qui n’ont pas accès à un logement, puisque le parc immobilier reste le même. Certes, on règle un problème de justice sociale, mais on ne règle en rien la crise du logement.

Il demeure que ces approches ne soulèvent pas l’épineuse question de la superficie habitable par habitant. En moyenne, un Montréalais occupe environ 700 pieds carrés⁠1 pour se loger. Plus du double d’un Parisien (environ 322 pieds carrés) et du triple d’un habitant de Tokyo (environ 215 pieds carrés). L’inévitable croissance de la population devra nous amener à remettre en question le luxe que l’on a d’occuper individuellement autant d’espace, car l’augmentation du parc immobilier, qu’il soit traditionnel ou « hors marché », ne viendra pas à bout de la crise du logement. Pas plus que l’idée de restreindre l’immigration.

1. Lisez « Average home sizes : living space per person ? » (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue