Le gouvernement du Québec a présenté la semaine dernière son quatrième Plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale⁠1. Ce plan reconnaît la problématique de l’insécurité alimentaire. Il promet un appui à notre réseau pour répondre à l’urgence, mais n’apporte pas de solutions pérennes à la pauvreté.

La vie de centaines de milliers de personnes a été bouleversée par la flambée du coût de la vie et du logement. Notre réseau dessert plus de 870 000 personnes par mois, tous services confondus. Nombre de familles qui parvenaient à joindre les deux bouts ont épuisé leurs ressources au fil des mois et glissé dans l’insécurité alimentaire. Entre 2019 et 2023, le nombre de paniers de provisions distribués par le réseau des Banques alimentaires du Québec a doublé.

Dans la dernière année, les quelque 1300 organismes du réseau ont répondu à plus de 2,6 millions de demandes… par mois.

La pression est telle que 71 % d’entre eux ont manqué de denrées, leurs sources habituelles d’approvisionnement s’étant taries, les obligeant à trouver dans l’urgence des approvisionnements complémentaires⁠2.

Dans son nouveau plan, le gouvernement reconnaît pour la première fois l’enjeu de sécurité alimentaire. Bravo. Il faut nommer les problèmes si on veut les régler. Le réseau des Banques alimentaires du Québec a obtenu une aide de 30 millions de dollars pour 2024-2025 et 10 millions pour 2025-2026 pour acheter des denrées afin de pallier le manque à gagner. Le réseau bénéficiera également d’une aide de 15 millions pour améliorer ses infrastructures. Cet ajout de ressources va renforcer notre capacité d’aider et régulariser les approvisionnements dans un contexte d’urgence. Mais le plan du gouvernement aura-t-il pour effet de réduire la demande en aide alimentaire de façon durable ? Pas autant qu’on le souhaiterait.

Encore un pas à faire

La première cible du plan est d’accompagner d’ici 2029 plus de 50 000 personnes recevant de l’aide sociale vers l’emploi. Nous adhérons à cet objectif et notre réseau continuera de collaborer avec le gouvernement et ces personnes pour y parvenir. Rappelons toutefois que la majorité de la nouvelle clientèle des banques alimentaires est faite de gens en emploi.

Le nombre de ménages aidés ayant un emploi comme principale source de revenus a augmenté de plus de 100 % en quatre ans⁠2. Dans les conditions économiques actuelles, travailler à temps plein ne suffit pas toujours pour nourrir sa famille.

Nous soulignons notre appréciation des mesures favorisant l’autonomie des femmes et des jeunes recevant de l’aide sociale.

Le réseau des Banques alimentaires du Québec continuera de collaborer avec le gouvernement afin d’aider ceux qui sont aux prises avec l’insécurité alimentaire. Pour se détacher de l’aide alimentaire, il faut assez d’argent pour subvenir à ses besoins. Or, ce plan comporte peu de mesures directes pour aider les personnes qui n’arrivent plus à avoir l’argent qu’il faut pour payer leur loyer et nourrir leur famille.

Il reste un pas important à faire. Nous souhaitons que le gouvernement s’engage vers des actions structurantes qui s’attaquent aux racines de la pauvreté et des inégalités sociales : il faut donc plus d’aide au logement, de meilleurs salaires, des mesures d’aide financière. Il faut constituer cette passerelle d’aide financière directe qui permettra aux familles ayant glissé dans la plus grande vulnérabilité de se réorganiser et de reprendre pied.

1. Consultez le Plan d’action gouvernemental pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2. Consultez le Bilan-faim Québec 2023 Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue