Être jeune en politique.

Être une femme en politique.

Être une jeune femme en politique.

Il s’agit d’un vécu particulier ; évoluer dans un milieu où notre présence est fréquemment mise à l’épreuve.

Les jeunes femmes de notre génération ont la chance d’avoir comme source d’inspiration des figures féminines emblématiques de la politique québécoise. Cela dit, comme démontré par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), celles qui travaillent dans des milieux à prédominance masculine sont plus à risque de subir des violences à caractère sexuel. Ce profil, c’est nous.

En tant que jeunes femmes impliquées dans différentes instances politiques du Québec, nous voulons faire entendre nos voix.

Il faut éviter de désigner des boucs émissaires lorsqu’on parle du harcèlement sexuel et psychologique, une tendance qui déresponsabiliserait le milieu politique d’une réflexion nécessaire.

Voir nos vies privées tournées en dérision dans un contexte professionnel, recevoir des messages à connotation sexuelle à répétition par des militants insoucieux de notre désintérêt, composer avec des remarques déplacées sur notre apparence, tous ces éléments font partie de notre quotidien. La normalisation de ces comportements rend pénible la fréquentation de certains milieux, où notre présence est parfois réduite à notre corps plutôt qu’à nos idées.

La politique est un milieu complexe, doté d’une série de codes sociaux. Pour des femmes qui en sont à leurs premiers pas dans cette arène, la bienveillance et l’écoute ne sont pas toujours de mise. Lorsque notre intégrité est atteinte au sein d’une instance qui ferme les yeux sur une situation problématique, quitter ce milieu devient parfois la meilleure option pour notre bien-être. Nos idées et notre représentation se voient ainsi effacées.

Des mesures concrètes

Notre génération souhaite poursuivre le travail entamé par nos prédécesseures pour atteindre une véritable égalité politique, incluant les femmes autochtones, noires et racisées. Une question demeure : comment y parvenir ? Pour aider à y répondre, nous avons réfléchi à des mesures concrètes qui pourraient contribuer à diminuer des freins à l’implication des jeunes Québécoises en politique.

  • De un, l’adoption par chaque instance d’une politique de prévention et de lutte contre toutes les formes de violences à caractère sexuel, sexiste ou psychologique, basée sur l’équité procédurale. Porter plainte à la police n’est pas une panacée. Les formations politiques doivent être en mesure d’agir, car l’absence de réaction ou la réaction inadéquate mène à la normalisation. Se pencher sur la gestion des cas en amont permet d’éviter les conséquences liées aux aléas de l’improvisation.
  • De deux, prendre en compte le rôle des témoins. Il est temps de prendre conscience que la prévention n’est pas un fardeau qui ne devrait être porté que par les potentielles victimes. Lorsqu’on enseigne les comportements à adopter face à du harcèlement, il ne faut pas discriminer dans le choix de notre public. Tout le monde devrait être au courant des actions à entreprendre.
  • De trois, offrir une tribune aux perspectives féminines. Sans surprise, notre vécu de jeunes femmes est différent de celui de nos homologues masculins. Nous ne sommes pas non plus un bloc monolithique. Le fait d’avoir des espaces dédiés pour nommer notre réalité et qu’elle soit mise en évidence est un besoin à ne pas négliger.

Nous unissons nos voix, car nous aspirons à ce que le Québec devienne un modèle international pour l’implication des jeunes femmes dans ses instances politiques.

Pour y parvenir, nous devons entamer une réflexion de fond, au-delà des paroles superficielles souvent décriées en parlant du milieu politique.

Au plaisir de faire grandir la société québécoise à vos côtés.

* Cosignataires : Collectif de jeunes femmes qui s’impliquent dans le milieu politique au Québec et pour toutes celles qui ne peuvent pas signer ; Carolanne Boileau, conseillère du Comité national des jeunes du Parti québécois ; Lysa Bélaïcha, conseillère municipale à la Ville de Longueuil ; Marie-Clarisse Berger, ex-candidate aux élections fédérales pour le Parti vert du Canada ; Jeanne Craig-Larouche, présidente régionale jeune de Laurentides-Sud du Parti québécois ; Charlie Bourdages, membre du Parti libéral du Québec ; Aurélie Diep, présidente de la Commission de la relève de la Coalition avenir Québec ; Marguerite Landry, vice-présidente des OUI Québec ; Kétura Daméus, étudiante en droit à l’Université de Montréal ; Katrina Archambault, responsable des communications du Forum jeunesse du Bloc québécois ; Claudia Fortin, étudiante à la maîtrise en common law et droit transnational à l’Université de Sherbrooke ; Marianne Locas-Ouimet, co-porte-parole du réseau militant jeunesse de Québec solidaire ; Léa Mark Guillemette, militante en politique non partisane ; Lylou Sehili, présidente de l’Aile jeunesse du Chantier de l’économie sociale ; Marie-Ève Duchesne, membre des OUI Québec ; Marie-Noëlle Higgins, militante en politique non partisane ; Rose Lessard, présidente du Forum jeunesse du Bloc québécois ; Audrey Plamondon, membre de la cellule étudiante de Québec solidaire à l’Université de Montréal ; Gabrielle Potvin, militante en politique non partisane ; Camille Massy-Raoult, membre du Parti québécois ; Sonalie Hénault, membre des OUI Québec ; Clodie Parenteau, présidente de la cellule étudiante de Québec solidaire à l’Université de Montréal.

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