De concert avec de nombreuses autres femmes iraniennes de Montréal, nous saluons la décision du gouvernement canadien de désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme organisation terroriste. Cette mesure est une reconnaissance vitale de la souffrance infligée par les paramilitaires du régime iranien, responsable de répressions, de tortures et de la mort de milliers d’Iraniennes et d’Iraniens, dans l’impunité totale.

Le CGRI est au cœur de l’appareil répressif iranien, comme en témoignent les rapports accablants d’Amnistie internationale et ceux de Human Rights Watch. Ces rapports documentent les viols et autres violences systématiquement utilisés pour écraser les manifestations, y compris le soulèvement Femme, vie, liberté. En plus de se charger de la brutalité et de la répression en Iran, le CGRI tente de réprimer la diaspora iranienne, et ultimement vise l’expansion de son règne dans le monde par des actions terroristes⁠1.

Selon la fondation Boroumand, le gouvernement islamique a, depuis son instauration, effectué plus de 540 assassinats d’opposants au-delà de ses frontières (pensez aux familles Forouhar et Ghasemlou) et organisé de nombreuses prises d’otages (par exemple, Ahmad Reza Jalali⁠2).

Heureusement, certaines de leurs tentatives ont échoué, comme l’enlèvement de la journaliste et militante Massih Alinejad aux États-Unis⁠3, ou l’assassinat de Pouria Zeraati à Londres. Ces actions participent du régime de terreur qu’ils veulent instaurer en Iran et au sein de la diaspora iranienne.

Une vie de luxe à l’étranger

Tandis que les femmes, les hommes et les enfants iraniens paient le prix ultime de leur courage et de leur quête de liberté, plusieurs membres du CGRI et leurs familles jouissent d’une vie de luxe à l’étranger, notamment au Canada, d’où l’importance de placer cette organisation sur la liste noire du Canada. Avec ce décret, leur entrée au Canada sera dès lors interdite, ils seront expulsés du territoire canadien s’ils s’y trouvent déjà, et leurs avoirs seront gelés.

Au Canada, de nombreuses personnes ont reçu des appels anonymes ou des textos de menace, dans le but de les réduire au silence.

Des sociétés comme la Suède sont devenues le théâtre de tensions récemment parce que le gouvernement iranien utilise les réseaux criminels pour servir ses propres intérêts⁠4. Il faut empêcher l’enracinement des agents du gouvernement iranien sur le sol canadien avant que la situation ne dégénère.

Le régime iranien opère aussi par la « diplomatie des otages ». La libération récente de Hamid Nouri, ancien procureur iranien impliqué dans le massacre de milliers de prisonniers politiques, et condamné en 2022 à la peine maximale en Suède pour crimes contre l’humanité, a été reçue comme une douche froide par la diaspora iranienne. Ce criminel a été échangé contre un diplomate suédois et un citoyen suédois d’origine iranienne. De telles décisions mettent en péril les principes de justice internationale et renforcent la culture de l’impunité.

Nous demandons à la communauté internationale de ne plus ignorer les souffrances des Iraniens. La désignation du CGRI comme organisation terroriste au Canada est un pas essentiel vers cette justice.

Nous continuerons de porter la voix de nos sœurs, filles et mères en Iran, et nous appelons à une solidarité internationale ferme contre les oppresseurs. À la mémoire de Mahsa Jina Amini et de toutes les victimes de la répression, nous disons : « Plus jamais ça. »

1. Lisez » « “Far worse than you can imagine” : How Iran’s regime has “spread its tentacles” in Canada » (en anglais) 2. Lisez « Who’s the Swedish doctor facing execution in Iran » 3. Lisez « Tentative d’enlèvement d’une dissidente iranienne – Une Américaine condamnée à 4 ans de prison » 4. Lisez « Accusations suédoises contre l’Iran : Téhéran convoque le chargé d’affaires temporaire suédois » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue