Les caribous forestiers, tout comme les travailleurs et travailleuses de l’industrie forestière, n’ont rien à faire des chicanes Québec-Ottawa.

Dans le milieu syndical, on a l’habitude de dire que les solutions doivent être négociées. C’est la seule porte de sortie, à la fois pour préserver le caribou forestier et pour assurer un vrai avenir à une industrie forestière digne du XXIsiècle.

Nous ne sommes pas plus à l’aise avec un décret fédéral qu’avec l’inaction du Québec dans le dossier. Pendant qu’on se chicane sur les compétences, notre industrie est en train de ralentir et plusieurs centaines de travailleurs entament une période de chômage forcé.

On ne sait pas si les centaines de mises à pied qu’on commence à voir dans nos régions seront temporaires ou si elles deviendront permanentes.

Le problème, c’est que l’inaction de Québec, qui ne cesse de remettre à plus tard l’annonce d’un vrai plan de protection du caribou, suscite l’incertitude. Et qu’est-ce qui fait encore plus peur à l’industrie forestière qu’une perte de possibilité forestière ? C’est l’incertitude quant à cette perte de possibilité forestière. La refonte du régime forestier qui se fait toujours attendre fait grimper en flèche le prix de la fibre de bois. Et quand les prix augmentent, les usines et les moulins ralentissent ou arrêtent et les travailleurs tombent en chômage.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Camion chargé de bois en provenance du réservoir Pipmuacan, en 2022

Pour le moment, c’est l’incertitude davantage que les mesures de protection du caribou qui commence à nous coûter des emplois. Ce que le gouvernement du Québec dit vouloir éviter est déjà en train de se produire, faute de leadership et de courage.

Réorienter le secteur

L’idée, ce n’est surtout pas de mettre la clé sous la porte. Nous sommes convaincus qu’un avenir est possible pour continuer à vivre du fruit de nos forêts dans nos régions. Mais peut-être pas de la même façon qu’on l’a fait au cours des dernières décennies.

Pendant que les gouvernements se chicanent entre statu quo et protection du caribou, aucun ne réfléchit malheureusement à un avenir durable pour l’industrie forestière.

Si on se préoccupait vraiment des emplois et des communautés dans le secteur forestier, on serait déjà en train de faire des actions concrètes pour réorienter l’industrie forestière vers un nouveau modèle d’exploitation, plus durable. Pour le moment, tout le monde est en attente. Alors personne n’ose investir dans de nouvelles formes d’exploitation de la forêt, dans des méthodes plus adaptées d’exploitation et de reboisement, dans de nouveaux usages plus diversifiés de la forêt où on maximise les retombées économiques et les emplois qui en découlent.

Nous demeurons convaincus que le bois est une filière d’avenir, qui a de nombreux services à rendre à l’économie québécoise et même à la planète. Nos forêts peuvent jouer un rôle pour contribuer à décarboner le Québec.

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