Il y a un an, alors que le Québec connaissait les pires incendies de forêt de son histoire, le milieu municipal québécois s’est mobilisé et a lancé l’Appel des mairesses et des maires en action (AMMA)1, une mobilisation sans précédent en faveur d’un aménagement viable du territoire.

Un an plus tard, notre mouvement2 a pris de l’ampleur et il est aujourd’hui plus pertinent que jamais. Nous faisons à nouveau front commun pour réitérer l’urgence d’agir face à la triple crise de la mobilité, de l’habitation et du climat – triple crise qui s’est malheureusement exacerbée au cours de la dernière année.

En tant que mairesses et maires engagés sur le plan climatique, de l’habitation et de la mobilité, un constat s’impose : malgré tous nos efforts et nos actions pour s’attaquer aux plus grands défis de notre époque, nous n’avons toujours pas réellement les moyens de nos ambitions.

Les crises que nous traversons aujourd’hui sont historiques : les municipalités se retrouvent en première ligne et se démènent face à l’accroissement des évènements météorologiques extrêmes (incendies de forêt, inondations, canicules, etc.) ; face à la crise de l’habitation et de l’itinérance accentuée par la pénurie de logements et le manque de ressources ; face à une offre de service en transport collectif déficiente faute de financement, ce qui mine actuellement nos efforts de réduction des GES.

Nous sommes face à des crises historiques. Nous devons poser des gestes historiques.

Passer à l’action

Alors que le gouvernement du Québec a entrepris, au cours des dernières années, une importante réforme du cadre en matière d’aménagement, et qu’il a récemment établi les orientations qui guideront désormais la façon dont nous aménageons et habitons le territoire, orientations que nous saluons par ailleurs, nous l’appelons aujourd’hui à se mettre en deuxième vitesse en passant à l’action. Cela doit se traduire par des investissements dans la transition pour des milieux de vie justes et équitables, sobres sur le plan territorial et énergétique.

Concrètement, cela signifie plus de logements sociaux et communautaires abordables à l’échelle de nos quartiers, plus de transport collectif et actif et moins de dépendance à l’automobile, plus d’espaces verts dans nos villes et villages et moins de béton.

C’est d’ailleurs l’une des recommandations du plus récent rapport publié par le Groupe d’experts en adaptation aux changements climatiques3 du ministère de l’Environnement, qui appelle à soutenir l’aménagement de milieux de vie résilients, sobres en carbone et tenant compte des enjeux d’équité.

Pour opérer ce virage, il faut cependant plus que de grands principes : il faut des moyens pour les réaliser.

Par exemple, le gouvernement pourrait créer un fonds qui serait spécifiquement dédié à soutenir des projets exemplaires sur le plan de l’aménagement et de l’urbanisme, tels que la construction d’écoquartiers abordables, ou encore la construction de logements sociaux et communautaires à des endroits qui revalorisent du même coup des espaces sous-utilisés comme d’anciennes zones commerciales.

La mobilité : clé de voûte d’une transition juste et équitable

Malgré les promesses de développer des services de transport collectif partout sur le territoire, trop peu est encore fait en matière de mobilité au Québec.

Pourtant, on sait que le transport collectif est un puissant levier pour opérer une transition écologique juste et équitable à l’échelle de nos milieux. C’est d’ailleurs ce que démontre une étude récente4, qui note que la primauté de l’automobile dans notre système de transport contribue à accentuer les inégalités entre ceux et celles qui y ont accès et les autres qui dépendent d’autres moyens pour se déplacer.

Hors des grands centres, il est souvent plus difficile de sortir de la pauvreté en raison de l’absence de services de transport en commun. Il est d’autant plus important, dans ce contexte, de développer les services dans toutes les régions du Québec. Les municipalités et le ministère des Transports devraient travailler main dans la main en ce sens. Pour le dire de façon sympathique, nous avons beaucoup de chemin à faire !

Nous, mairesses et maires engagés sur le front climatique, de la mobilité et de l’habitation, lançons un appel au gouvernement du Québec : ensemble, faisons preuve d’ambition, élevons la barre et mettons en place tous les ingrédients qui nous permettront de construire dès aujourd’hui les villes et les villages de demain.

*Cosignataires, tous maires et mairesse : Lucie Allard Bécancour ; Christine Beaudette, Boisbriand ; Évelyne Beaudin, Sherbrooke ; Pierre-Luc Bellerose, Joliette ; Andrée Bouchard, Saint-Jean-sur-Richelieu ; Marc Bourcier, Saint-Jérôme ; Stéphane Boyer, Laval ; Guy Caron, Rimouski ; Sylvain Casavant, Saint-Mathias-sur-Richelieu ; Julie Dufour, Saguenay ; Paul Germain, Prévost ; Pierre Guénard, Chelsea ; Philippe Guilbert, Trois-Pistoles ; Alexandra Labbé, Chambly ; Stéphanie Lacoste, Drummondville ; Philôme La France, Petit-Saguenay, Guillaume Lamoureux, La Pêche ; Mathieu Lapointe, Carleton-sur-Mer ; Miguel Lemieux, Salaberry-de-Valleyfield ; Mathieu Maisonneuve, Saint-Lin–Laurentides ; Bruno Marchand, Québec ; Sébastien Marcil, Saint-Roch-de-L’Achigan ; Maude Marquis-Bissonnette, Gatineau ; Philippe Pagé, Saint-Camille ; Nathalie Pelletier, Magog ; Isabelle Perreault, Saint-Alphonse-Rodriguez ; Valérie Plante, Montréal ; Mélanie Royer-Couture, Saint-Ferréol-les-Neiges ; Guillaume Tremblay, Mascouche ; Véronique Venne, Sainte-Marie-Salomé ; Mélanie Villeneuve, Otterburn Park

1. Lisez « Une quarantaine de maires et mairesses réclament des villes viables » 2. Consultez la page Appel des mairesses et des maires en action 3. Lisez « 20 recommandations et plus de 90 moyens d’agir pour accélérer l’adaptation du Québec » 4. Lisez « Le revenu viable en 2024 – Sortir de la pauvreté dans un contexte de crise du logement » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue