Au lendemain de la Journée mondiale des océans, il est crucial de rappeler l’importance de la protection de nos ressources marines et de la nécessité de solutions collaboratives pour y parvenir. Cette célébration mondiale met en lumière le rôle vital des océans dans notre vie quotidienne et souligne l’urgence d’adopter des pratiques durables pour leur gestion.

Les récents évènements dans les pêcheries du Nouveau-Brunswick illustrent parfaitement cette nécessité, démontrant que sans une approche collaborative et médiative, les conflits sur l’utilisation des ressources marines peuvent rapidement devenir incontrôlables. Ces crises nous rappellent que la protection des océans nécessite non seulement une prise de conscience globale, mais aussi des actions concrètes et coordonnées à tous les niveaux.

La crise entre les pêcheurs de homard du Nouveau-Brunswick et le ministère des Pêches et des Océans (MPO)⁠1 est un parfait exemple de la nécessité urgente d’adopter la médiation environnementale dans notre gestion des ressources naturelles.

On sait que dernièrement, une grande zone de pêche du nord de la péninsule acadienne a été officiellement fermée. En réponse, quelque 200 pêcheurs ont laissé leurs casiers à l’eau en signe de protestation, défiant l’interdiction de pêche du MPO. Quelques jours plus tard, devant ce refus d’obéir, l’interdiction a été levée.

Cette situation explosive est le résultat direct de la méfiance et de l’absence de dialogue entre les pêcheurs et le MPO. D’une part, les pêcheurs estiment que le Ministère ne suit pas ses propres protocoles de fermeture des zones de pêche et refuse de reconnaître leur expertise et leurs connaissances locales. En conséquence, la confiance dans la science et les décisions politiques qui en découlent est érodée. D’autre part, le MPO continue d’ignorer le savoir et les préoccupations légitimes des pêcheurs, creusant davantage le fossé entre les parties.

Il est temps de se réveiller et de comprendre que de tels conflits sont en voie d’être légion.

Avec la crise climatique et les objectifs vitaux de protection de la biodiversité, les conflits d’usage des ressources naturelles vont devenir plus intenses et fréquents.

Nous ne pouvons plus nous permettre de continuer à gérer ces situations de manière unilatérale et autoritaire. La médiation environnementale doit devenir une pratique courante, intégrée dans nos institutions, afin d’accentuer la collaboration et la coopération avec une efficacité extraordinaire.

Il faut se rappeler que la protection de la baleine noire de l’Atlantique Nord est une cause noble et nécessaire. La survie de cette espèce est gravement menacée sur notre planète. Comme pour tous ces animaux charismatiques, il est facile de se désoler de leur destin incertain. Mais dans l’arrière-scène de ce spectacle affligeant, il existe une autre réalité tout aussi inquiétante : les communautés côtières qui vivent de la pêche et font face à une incertitude croissante. Notre incapacité à travailler ensemble pour les océans de demain menace non seulement ces communautés, mais aussi l’équilibre écologique global.

PHOTO ROBERT F. BUKATY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La baleine noire de l’Atlantique Nord est gravement menacée.

Pour la baleine noire, nous avons 20 ans, pas des siècles, pour trouver des solutions efficaces. Pour les autres espèces, l’avenir sera aussi rempli de défis similaires si nous n’apprenons pas à travailler ensemble.

Rétablir la confiance

La médiation offre une solution viable et de première nécessité pour rétablir la confiance et créer un espace de dialogue constructif. Elle permet d’intégrer les savoirs locaux et traditionnels aux données scientifiques, offrant ainsi une approche plus holistique et inclusive de la gestion des ressources. L’expérience internationale et nationale prouve que la médiation peut aboutir à des résolutions plus rapides, plus équitables et plus durables, tout en préservant les relations à long terme entre les parties prenantes.

Il est également crucial de prévenir les débordements et les confrontations violentes. Les tensions actuelles rappellent différents conflits (les émeutes de 2003 à Shippagan, ou même en 2017 en Californie dans le dossier des crabiers et des baleines grises) ayant mené à des protestations massives et à des tensions exacerbées, nuisant à la fois aux communautés locales et aux efforts de conservation.

Le temps des décisions unilatérales est révolu. Nous devons changer notre façon de faire et adopter la médiation environnementale comme outil essentiel de gestion des conflits.

Nous avons la chance, au Canada, de compter sur des médiateurs professionnels qui ont déjà mené des centaines de médiations. Des médiateurs qui ont voyagé jusqu’aux limites de l’âme humaine tout au long de leur vie professionnelle, et qui en connaissent les moindres recoins. Qui sont habiles à gérer les blocages et les impasses.

Nous devons créer une équipe de médiateurs environnementaux de pointe pour faire face à la crise climatique, des médiateurs de terrain assistés par des scientifiques. Une équipe mobile solide, robuste, qui travaille et se déplace en temps réel. Maintenant. Tout de suite. Immédiatement.

Seule une démarche inclusive et participative nous permettra de surmonter les défis environnementaux actuels et de travailler à la reconquête de notre territoire dans le respect du vivant.

1. Lisez « Pêches et Océans donne raison aux homardiers, ils pourront continuer à pêcher » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue