Une quinzaine de maires et mairesses de la couronne nord expliquent pourquoi ils ont voté en faveur de l’augmentation de 150 % de la taxe sur l’immatriculation dans la Communauté métropolitaine de Montréal1.

Le 30 mai dernier, nous avons voté pour une résolution en ayant au fond du cœur un triste sentiment d’échec. Nous souhaitons que ce sentiment soit partagé par tous les acteurs du transport en commun.

Nous espérons que nous sommes tous bien conscients, acteurs politiques de tout ordre gouvernemental, que nous ajoutons une pierre sur le fardeau fiscal de nos citoyens, et ce, sans vraiment avoir réglé quoi que ce soit. Aujourd’hui nous gérons un budget, nous ne gérons pas vraiment le transport collectif.

Il suffit d’accompagner un citoyen souhaitant un meilleur service dans la machine du transport en commun ou de participer à quelques réunions sur le sujet pour comprendre rapidement que le véritable problème est que personne n’est vraiment responsable, personne n’a vraiment de comptes à rendre.

Il suffit de lancer une balle dans les trop nombreuses structures de gestion, d’opération et nouvellement « agence » pour comprendre qu’elle rebondira sans fin et que finalement, personne ne la saisira au bond. Là est le problème et nous le savons tous.

La récente image de la fougère en est la preuve. Loin de nous de juger le travail de la ministre qui met énormément d’énergie dans ses dossiers. Considérant l’immensité des défis liés au transport collectif, peut-être serait-il temps de nommer un ministre dévoué à 100 % à la mobilité durable, un décideur pour qui le transport en commun ne serait pas dilué parmi de nombreuses responsabilités ? Nous croyons qu’il faut cesser de mettre en confrontation la planification, l’opération et la gestion, mais plutôt s’unir pour en planifier les impacts et leur succès. Un leadership fort, courageux, mobilisant et surtout dédié est nécessaire. D’ailleurs, le simple déficit lié au transport en commun n’est-il pas plus élevé que le budget total de certains ministères ?

Un enjeu de société

Pourquoi ? Parce que le transport collectif est un enjeu de société et non de communauté. Il doit devenir une priorité pour l’ensemble des décideurs publics. Il a un impact sur les changements climatiques, sur les finances publiques, sur l’aménagement du territoire et sur bien d’autres enjeux de société. Le transport en commun doit être une solution, pas un mal nécessaire dont personne n’est vraiment responsable.

Aujourd’hui, par ce vote, nous nourrissons une machine en laquelle la majorité d’entre nous a perdu confiance. Nous savons tous que nous soignons les effets secondaires, pas la maladie.

En acceptant de rouvrir la politique de financement, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) témoigne aujourd’hui de son ouverture à amorcer le dialogue et à faire partie du changement qui permettra de rétablir l’équité entre ses cinq territoires et leurs citoyens. Si nous avons appuyé aujourd’hui cette résolution, c’est parce que la CMM accepte de se remettre en question en ouvrant sa politique de financement.

Cela semblait encore impossible il y a à peine quelques mois. Nous percevons qu’il y a là le début d’une grande transformation qui s’avère plus que nécessaire.

Nous devrons nous aussi cesser de protéger nos structures de gestion et d’opération. Nous devons nous aussi, tout comme le premier ministre, prendre nos responsabilités et participer au succès du transport en commun.

Soyons tous conscients que nous pouvons, et surtout que nous devons agir pour changer les choses. Tel un scientifique, nous ne pouvons pas accepter le mot incurable, mais bien le transformer en défi.

*Cosignataires : Liza Poulin, mairesse de Blainville ; Christine Beaudette, mairesse de Boisbriand ; Gilles Blanchette, maire de Bois-des-Filion ; Normand Grenier, maire de Charlemagne ; Denis Martin, maire de Deux-Montagnes ; Jean Comtois, maire de Lorraine ; Guillaume Tremblay, maire de Mascouche ; Patrick Charbonneau, maire de Mirabel ; Eric Westram, maire de Rosemère ; Pierre Charron, maire de Saint-Eustache ; Steve Mador, maire de Saint-Sulpice ; Julie Boivin, mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines ; François Robillard, maire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac ; Mathieu Traversy, maire de Terrebonne

1. Lisez l’article « Grand Montréal – La taxe sur l’immatriculation passera à 150 $ à compter de janvier 2025 » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue