Le dernier rapport⁠1 de la Consultation publique pour la jeunesse 2023 du Secrétariat à la jeunesse affirme qu’elle va bien. Pourtant, les jeunes soutenus par les organismes communautaires vivent des difficultés croissantes et peinent à se faire entendre face aux crises : logement, coût de la vie, santé mentale précaire et services publics inaccessibles. Cela hypothèque leur avenir dès maintenant.

Chaque jour, nous constatons les embûches auxquelles les jeunes sont confrontés : attendre trois mois pour un chèque d’aide sociale malgré un dossier complet, se faire refuser un logement en raison de leur âge malgré un emploi à temps plein, ou ne pas avoir accès à un médecin malgré des problèmes de santé mentale qui évoluent en crise. Qu’ils soient en difficulté financière, en situation d’itinérance ou confrontés à d’autres obstacles, leur situation est exacerbée par l’indifférence gouvernementale. Il est crucial d’aborder ces enjeux, car ces injustices entraînent des répercussions graves pour ces jeunes et pour la collectivité.

Une récente étude2 a révélé les impacts négatifs sur le devenir des jeunes placés par la DPJ, notamment sur la scolarisation, l’employabilité et l’itinérance. Comment ne pas voir l’échec profond du Québec qui doit prendre soin de ces jeunes lorsque le tiers de ceux-ci connaît au moins un épisode d’itinérance avant l’âge de 21 ans ?

De plus, une enquête de La Presse3 révèle une hausse des mesures de contention et d’isolement dans les centres jeunesse, souvent par manque de ressources humaines et matérielles. On doit s’inquiéter des soins reçus. Ces jeunes se retrouveront probablement dans une des Auberges du cœur, où les ressources sont déjà débordées et insuffisantes. Avec un manque à gagner opérationnel de 27 millions de dollars annuellement, nous manquons cruellement de financement. Sans rattrapage financier, des fermetures de ressources et de lits d’hébergement, temporaires ou définitives, sont à prévoir. Certaines ont déjà diminué leur capacité d’accueil temporairement en raison d’un personnel réduit.

L’itinérance chez les jeunes

Investir dans les organismes communautaires jeunesse et des programmes de prévention et d’accompagnement offre une aide concrète. Cela prépare un avenir meilleur et permet aux jeunes de s’épanouir. Cette prévention est essentielle dans nos efforts de lutte contre l’itinérance. Il est donc temps de donner à tous les jeunes les moyens de réaliser leur plein potentiel.

Autrefois, c’était la prérogative du premier ministre d’avoir la jeunesse sous son aile. Aujourd’hui, ce mandat est délégué à Mathieu Lacombe, déjà ministre de la Culture et des Communications, ainsi que responsable de la région de l’Outaouais. Ce cumul de responsabilités laisse peu de temps pour la jeunesse et rend ses enjeux invisibles.

Le Secrétariat à la jeunesse s’en trouve noyé, avec peu de moyens. Cela représente une perte d’importance accordée aux jeunes par le gouvernement et un manque de volonté de prendre au sérieux l’avenir des plus vulnérables.

Il est impératif que le gouvernement reconnaisse l’importance de soutenir les jeunes vulnérabilisés. Est-ce en redonnant au Secrétariat à la jeunesse une voix forte au gouvernement ? Créer un ministère consacré à la jeunesse permettrait-il de répondre spécifiquement à ses besoins et à ses défis ?

Monsieur Legault, nous réclamons des changements positifs et rapides ainsi que des actions concrètes de votre part. Des mesures doivent être prises pour offrir un avenir prometteur à ces jeunes et renforcer notre société. Les jeunes d’aujourd’hui sont le Québec de demain.

1. Consultez le rapport 2. Consultez l’étude 3. Lisez « Centres jeunesse et foyers de groupe de la DPJ – De plus en plus de mesures de contention ou d’isolement »

*Cosignataires : Sylvie Barbeau, Auberge du cœur le Tournant, Montréal ; Sylvie Beauchamp, Chaumière jeunesse de Rawdon ; Mélanie Bélanger, Auberge du cœur Accueil jeunesse Lanaudière, Joliette ; Marc-Antoine Boisvert, L’ADOberge Chaudière-Appalaches, Lévis et Saint-Georges ; Maryline Cayer, Maison Habit-Action, Drummondville ; Johanne Cooper, Maison Tangente, Montréal ; Claude Daigle, Maison L’Ancrage Pierre-De Saurel, Sorel-Tracy ; Sylvain Daneault, Auberge du cœur Roland-Gauvreau, Joliette ; Suzanne Demers, Maison Le Baluchon, Saint-Hyacinthe ; Julie Desautels, Auberge du cœur l’Envolée, Laval ; Karina Fleury, Tandem-Jeunesse, La Pocatière ; Marianne Forgues, Habitations l’Escalier, Montréal ; Valérie Fortier, Auberge communautaire du Sud-Ouest, Montréal ; Isabelle Gagnon, Auberge du cœur Le Foyer, Montréal ; Marie-Pier Gendron, L’Élan des jeunes, Châteauguay ; Sylvain Gervais, Maison Marie Frédéric, Québec ; Véronique Girard, Le SQUAT Basse-Ville, Québec ; Oumar Gueye, Héberjeune de Parc-Extension, Montréal ; Marc Guy, Gîte Jeunesse, Québec ; Cindy Kirouac, Auberge du cœur Maison Raymond Roy, Victoriaville ; Cassandra Lafrenière, Auberge du cœur Héberge-Ados, Gatineau ; Sonia Langlois, Auberge du cœur L’Antre-Temps Longueuil ; Natacha Langlois-Girard, Centre Le Diapason, Mascouche ; Sébastien Lanouette, Ressources Jeunesse de Saint-Laurent, Montréal ; Lynda Lepage, Auberge du cœur Le Transit, Rimouski ; Chantal Lizotte, L’Antichambre 12-17, Salaberry-de-Valleyfield ; Nancy Malette, L’Appart Adojeune, Gatineau ; Maxime Rainville, Espace Vivant Living Room, Cowansville ; François Soucy, Maison Richelieu Hébergement Jeunesse, Québec ; Line Thibault, La Source-Soleil, Sherbrooke ; Shirley Trigg, Service d’hébergement St-Denis, Montréal ; François Villemure, L’Avenue hébergement communautaire, Montréal

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