Le président de l’Université McGill a déclaré à plusieurs reprises que le campement propalestinien sur notre campus est illégal et a exigé son démantèlement immédiat. Le 29 avril, seulement deux jours après l’établissement du campement, il a menacé de faire appel à la police pour procéder au démantèlement.

Le lendemain, il a officiellement demandé l’assistance policière. Le 10 mai, il a annoncé que McGill cherchait à obtenir une ordonnance du tribunal autorisant la police à faire évacuer le campement. La demande de McGill a été rejetée par un juge de la Cour supérieure, et la police a refusé d’intervenir aussi bien avant qu’après la décision du tribunal.

La détermination de notre président à faire intervenir la police me perturbe profondément. Nos étudiants ont le droit de manifester pacifiquement et de se rassembler sur le campus.

Ils n’ont occupé aucun bâtiment universitaire, et leur campement n’interfère avec aucune activité d’apprentissage, d’enseignement ou de recherche à McGill. Faire intervenir la police pourrait conduire à des attaques violentes contre nos étudiants, comme cela a été le cas dans certaines universités américaines. Le campement doit se terminer pacifiquement par le dialogue. Si le dialogue échoue, alors les étudiants ont le droit de poursuivre leurs protestations.

Courriels à la communauté universitaire

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le président de l’Université McGill, Deep Saini – témoignant ici par visioconférence devant un comité de la Chambre des communes sur l’antisémitisme, le 27 mai

Depuis l’établissement du campement, le président a également envoyé plusieurs courriels à l’ensemble de la communauté universitaire, comportant des déclarations qui tendent à discréditer la réputation de nos étudiants, les présentant comme un groupe de personnes violentes et sans loi. M. Saini a accusé nos étudiants d’« occupation illégale » du campus et de se servir du campement comme plateforme pour diffuser des « propos antisémites » et des « propos haineux ». Il a également décrit nos étudiants comme étant « des centaines de personnes, masquées pour la plupart », qui recourent à des tactiques d’« intimidation ».

Je trouve cette rhétorique contre nos étudiants extrêmement perturbante. Envoyer des courriels de masse à 50 000 membres de McGill n’est pas le moyen approprié de faire de telles accusations.

À une époque où la direction de l’université s’efforce de lutter contre l’intimidation et le doxing [la divulgation d’informations personnelles] dans le contexte de l’activisme sur le campus, les accusations publiques du président vont complètement à l’encontre de ces efforts. Si le président détient des preuves de mauvaise conduite de la part de l’un des manifestants, la manière appropriée de gérer cela est d’avoir recours aux procédures disciplinaires confidentielles de McGill.

En ces temps difficiles où de nombreux membres de notre communauté souffrent terriblement de la perte de vies énorme et dévastatrice, il n’y a pas de substitut à un dirigeant fort dont les principes directeurs sont la compassion et l’humilité. La conduite actuelle du président soulève de sérieuses questions quant à sa volonté d’être un tel dirigeant.

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