L’évolution d’un club social d’amateurs de moto en un gang criminel entre 1968 et 1973 du point de vue de la femme d’un des plus anciens membres.

Le cinéaste Jeff Nichols excelle dans la reconstitution d’une époque précise. Il serait même plus juste de dire d’un moment dans le temps, vécu par un groupe de personnes. Sa caméra naturelle et son écriture authentique donnent l’impression d’en être un témoin privilégié.

L’Américain l’a fait pour Mud (2012) puis Loving (2016) et répète l’exploit avec The Bikeriders (Les motards en version française). L’approche est même semblable à celle du documentaire dans la première moitié.

Le scénario est inspiré d’un livre de photos de Danny Lyon. Dans le long métrage qui porte le nom de son œuvre publiée en 1967, le photojournaliste est interprété par Mike Faist (Challengers). En plus de prendre des clichés des membres des Vandals, club de moto de Chicago, il réalise des entrevues avec certains d’entre eux. Sa principale interviewée est toutefois Kathy (Jodie Comer), femme de Benny (Austin Butler), ténébreux et volatil jeune motard. De son coup de foudre au rejet de cette vie instable, le récit de la jeune femme hardie guide le film.

La performance de l’actrice vue dans Free Guy et The Last Duel est remarquable. Sans excès et avec un franc-parler désarmant, elle exprime l’émotion que ces hommes renfermés refoulent. Le jeu des comédiens qui les incarnent n’est pas inintéressant pour autant. Austin Butler (Elvis, Dune : Part Two) déploie un charisme qui rappelle celui de James Dean. Homme de peu de mots, Benny parle avec ses yeux et ses poings. Le leader des Vandals, Johnny (Tom Hardy, encore avec un accent impossible, mais convaincant), est plus bavard. Davantage père d’une grande famille que chef criminel, il perd graduellement l’emprise de son club, qui voit ses rangs grossir vers la fin de la guerre du Viêtnam. Les nouveaux membres n’obéissent pas au même code de conduite et causent des tensions avec la vieille garde.

Les personnages secondaires contribuent à faire de The Bikeriders une expérience sincère et divertissante. Joués par des acteurs de grand talent, tels Michael Shannon, Boyd HolBrook et Norman Reedus, ces hommes colorés sont attachants et élargissent l’éventail des personnalités d’une sous-culture souvent stéréotypée.

Bien qu’on raconte une période de leur vie, on ne sait que peu de choses à leur sujet. La trame narrative reste en surface et mise plus sur la création d’une atmosphère que sur une exploration de la psyché. Ce n’est pas un défaut en soi, mais ce n’est pas le film biographique auquel on pouvait s’attendre. Les motards du livre de Danny Lyon ont existé. Ceux du film de Jeff Nichols n’ont que des prénoms. Ils ont cependant assez de charme pour nous convaincre d’embarquer avec eux et de croire toutes leurs histoires.

Consultez l’horaire du film
The Bikeriders (V.F. : Les motards)

Drame

The Bikeriders (V.F. : Les motards)

Jeff Nichols

Avec Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy

1 h 56
En salle

7,5/10