L’artiste néo-soul Amy Winehouse est morte en 2011, à l’âge de 27 ans, d’une intoxication éthylique. La cinéaste Sam Taylor-Johnson (Nowhere Boy, Fifty Shades of Grey) raconte dans Back to Black sa trop courte carrière.

La réalisatrice Sam Taylor-Johnson tenait à obtenir l’aval de la famille d’Amy Winehouse avant de réaliser un long métrage sur sa vie. On ne s’en étonne pas, tellement Back to Black a les caractéristiques d’une biographie autorisée.

Le père de la regrettée chanteuse, Mitch Winehouse, y est présenté comme un papa gâteau dépassé par les évènements, alors que plusieurs estiment qu’il n’a pas protégé adéquatement sa fille. Blake Fielder-Civil, qui a inspiré malgré lui la plupart des chansons de l’album Back to Black, a fait sombrer la prodigieuse Amy dans la drogue. Le film donne à leur relation toxique – au sens propre comme au figuré – des airs de comédie romantique.

Jack O’Connell incarne ce bad boy au cœur tendre, dépeint comme une victime des accès de colère de sa femme alcoolique. Back to Black fait essentiellement porter le blâme de la déchéance d’Amy Winehouse sur la turpitude des paparazzis et la propension à l’autodestruction de la chanteuse. Marisa Abela est assez convaincante en Amy Winehouse, dans son intensité comme dans son accent cockney (c’est la voix cuivrée de la jeune comédienne que l’on entend dans les chansons interprétées à l’écran) ; même si physiquement, elle ressemble davantage à Britney Spears.

Sam Taylor-Johnson et le scénariste Matt Greenhalgh (Nowhere Boy) proposent une biographie filmée à l’eau de rose d’Amy Winehouse. On a l’impression que tout y a été édulcoré et embelli : la relation d’Amy avec Blake ; celle avec son père assoiffé de reconnaissance (Eddie Marsan) ; comme celle avec sa grand-mère chanteuse (Leslie Manville), sur laquelle on table afin de susciter de l’émotion.

Back to Black semble emprunter à l’occasion le ton d’une comédie musicale. Même s’il a été tourné sur place dans le quartier de Camden, à Londres, dans les lieux où Amy Winehouse a fait ses premiers spectacles et rencontré son mari, le film donne l’impression d’être campé dans un décor en carton-pâte digne de Singinin the Rain. Son traitement est lisse, inoffensif et hollywoodien, alors que le destin tragique d’Amy Winehouse commandait tout le contraire. On ne reconnaît pas l’adolescente tourmentée qui écoutait Sarah Vaughn, lisait Charles Bukowski et chantait dans les bars de Londres avant de signer, à 19 ans, son premier contrat de disque.

Sam Taylor-Johnson met en scène une Amy Winehouse caricaturale, qui ne transcende jamais les lieux communs. Sa courte vie ainsi condensée ressemble à un roman-savon générique d’artiste célèbre. Une page Wikipédia faite film dont on aurait arrondi les angles trop tranchants, de l’adolescence heureuse dans une famille juive portée sur les arts, jusqu’à la mort, évoquée seulement dans le générique de fin. Malheureusement, on n’y croit pas.

En salle

Consultez l’horaire du film
Back to Black

Drame biographique

Back to Black

Sam Taylor-Johnson

Avec Marisa Abela, Jack O’Connell, Eddie Marsan, Leslie Manville

2 h 02

4/10