(Cannes) Pétaradant, sanglant, sans temps mort, Furiosa : A Mad Max Saga de George Miller, présenté hors compétition au Festival de Cannes, est un film d’action comme on les aime : divertissant, spectaculaire, et ne se prenant surtout pas trop au sérieux.

Cet antépisode de la série créée par le cinéaste australien en 1979 – avec Mel Gibson et des cascades en voiture sur des routes de campagne n’évoquant pas du tout un paysage postapocalyptique –, arrive après le mégasuccès critique et commercial de Fury Road (2015). Le film mettant en vedette Charlize Theron et Tom Hardy avait placé la barre haut.

Malgré les attentes, Furiosa : A Mad Max Saga ne déçoit pas. George Miller y raconte les épreuves surmontées par Furiosa, de l’enfance à l’âge adulte, avant de devenir le bras droit armé – son bras gauche est mécanique – du terrifiant Immortan Joe. Elle devra combattre en particulier un autre chef de guerre, le redoutable Dementus (Chris Hemsworth).

Anya Taylor-Joy hérite du rôle que défendait Charlize Theron dans le film précédent, mais n’apparaît à l’écran qu’au tiers du film (et n’a qu’une trentaine de répliques). Si son impact n’est pas le même que celui de la Sud-Africaine – son personnage dans Fury Road éclipsait celui de Mad Max –, sa force tranquille et sa détermination sourde sont tout aussi convaincantes.

Encore une fois, l’essentiel de l’action se déroule sur une route désertique autour d’un camion-citerne et de voitures modifiées (dont une vieille Valiant comme celle que possédait jadis mon père). C’est aussi bien filmé qu’efficace, mais également répétitif. Ce n’est pas l’avis de George Miller, bien sûr.

« Il y a une différence marquée entre Fury Road, qui était tourné parfois en temps réel, pour un récit de trois jours et deux nuits, et une saga qui s’étire sur 18 ans », a déclaré jeudi en conférence de presse le cinéaste de 79 ans, qui ne croyait pas au départ réaliser un deuxième Mad Max, encore moins cinq.

PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS

Le cinéaste George Miller et l’actrice Anya Taylor-Joy à Cannes, jeudi

Ma première montée des marches de ce 77e Festival de Cannes a eu lieu en compagnie de George Miller et de ses acteurs, mercredi soir. À titre de nobody, le personnel du Festival m’a encouragé à faire des zigzags sur le tapis rouge afin de ne pas nuire au travail des photographes qui croquaient le portrait des mannequins prenant la pose, qui à gauche, qui à droite. Un vrai parcours du combattant (inconnu).

La bonne nouvelle, c’est que mon seul complet (bleu, passé de mode et un peu fripé) me va encore, malgré la surcharge pondérale héritée durant la pandémie. Il faut seulement que je m’abstienne d’attacher le bouton du veston : un détail.

J’ai eu un peu peur d’être intercepté par la police du style, après avoir vu une festivalière se faire refouler parce qu’elle tentait de se faufiler au Grand Théâtre Lumière sans tenue de soirée. Elle ne portait pas à l’instar d’une star dont le nom m’échappe une longue robe blanche assortie à l’épaule d’un objet ovale surélevé qui avait toutes les apparences d’une lunette de toilette. Malheureusement… ou heureusement.

Bird : Réalisme magique et social

La Britannique Andrea Arnold, qui reçoit à Cannes cette semaine le Carrosse d’or de la Quinzaine des cinéastes, présente en compétition Bird, un récit d’apprentissage dans la veine du réalisme social de ses deux premiers longs métrages, les excellents Red Road (2006) et Fish Tank (2009).

IMAGE FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE CANNES

Scène du film Bird

Trois fois lauréate du Prix du jury, pour ces deux films ainsi qu’American Honey (2016), première incursion aux États-Unis, la cinéaste revient en Angleterre mettre en scène l’histoire d’une adolescente morose de 12 ans, Bailey (Nykiya Adams), qui vit avec son père délinquant (Barry Keoghan) et son frère Hunter (Jason Buda) dans un squat, au cœur d’un quartier défavorisé d’une petite ville du Kent. Elle rencontre Bird (Franz Rogowski), un jeune homme candide en quête d’identité qui la sort de sa torpeur.

Filmé caméra à l’épaule pour l’essentiel, au plus près des personnages, Bird s’intéresse au sort des laissés-pour-compte de manière prenante, grâce à l’acuité et la sensibilité d’Andrea Arnold. La musique, toujours au cœur de son œuvre, varie cette fois du rap au dad rock en passant par la techno et le trip-hop, cristallisant autant d’ambiances différentes.

Pour la première fois, l’auteure-cinéaste s’essaie au réalisme magique, dans une séquence qui m’a fait penser au Règne animal de Thomas Cailley. La greffe ne prend pas tout à fait, mais n’empêche pas Andrea Arnold d’ajouter une nouvelle jolie pierre à sa filmographie.

Les frais d’hébergement pour ce reportage ont été payés par le Festival de Cannes, qui n’a eu aucun droit de regard sur celui-ci.