Le 77e Festival de Cannes débute mardi avec la présentation hors compétition du nouveau film du prolifique et fantasque cinéaste français Quentin Dupieux, Le deuxième acte. Le jury de la compétition du plus grand des festivals de cinéma, qui compte 22 films, sera présidé par l’actrice et cinéaste Greta Gerwig et déterminera quelle œuvre succédera à Anatomie d’une chute, de Justine Triet. À quoi s’attendre cette année ? Notre chroniqueur fait le point.

Gros plan sur Coppola

Les premières images du nouveau film de Francis Ford Coppola, Megalopolis, ont été dévoilées la semaine dernière. On y voit l’acteur Adam Driver, perché tout en haut du Chrysler Building à New York, en équilibre dans le vide, qui arrive à stopper le temps et la circulation tout en bas. Ce film de science-fiction, produit à compte d’auteur par Coppola pour une somme de 100 à 120 millions US, s’inspire de la chute de l’Empire romain. Campée dans une mégalopole futuriste aux airs de New York, cette dystopie met en vedette Driver dans le rôle d’un architecte progressiste nommé César, dont l’amoureuse est la fille du maire conservateur de la ville, Frank Cicéron. Coppola pourrait devenir, le 25 mai, le premier triple palmé d’or de l’histoire.

Des Québécois sur la Croisette

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Matthew Rankin dans Une langue universelle

Une langue universelle, du Montréalais Matthew Rankin, a été sélectionné dans le cadre de la 56Quinzaine des cinéastes, section parallèle du Festival. Rankin joue son propre rôle dans cette comédie surréaliste campée dans une ville de Winnipeg où la langue parlée est le persan. Roy Dupuis tient aux côtés de Cate Blanchett et Alicia Vikander la vedette de Rumours, des cinéastes winnipegois Evan Johnson, Galen Johnson et Guy Maddin, présenté hors compétition. Charlotte Le Bon est la tête d’affiche de Niki, de la Française Céline Salette, présenté dans la section Un certain regard ; et Anne Dorval est de la distribution du Procès du chien de la cinéaste et comédienne française Lætitia Dosch, présenté dans la même section, dont le jury est présidé par Xavier Dolan.

Une compétition intrigante

Outre Megalopolis, plusieurs titres de la compétition sont très attendus. On pense à The Apprentice, d’Ali Abassi, qui s’intéresse au parcours de jeunesse de Donald Trump et met en vedette Jeremy Strong et Sebastian Stan, ou à Limonov, de Kirill Serebrennikov, adaptation du grand roman d’Emmanuel Carrère, avec Ben Wishaw dans le rôle principal. Marcello Mio, de Christophe Honoré, sur le mythique Marcello Mastroianni, sera inévitablement une histoire de famille, avec Catherine Deneuve et leur fille Chiara, mais aussi l’ex de cette dernière, Benjamin Biolay. Yorgos Lanthimos, le cinéaste de Poor Things, renoue avec Emma Stone et Willem Dafoe dans Kinds of Kindness et Jacques Audiard présente une comédie musicale campée dans les cartels de la drogue, Emilia Perez, avec Zoe Saldana, Selena Gomez et Edgar Ramirez.

#metoo s’invite à Cannes

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La comédienne et réalisatrice Judith Godrèche

Le milieu du cinéma français est atteint avec un décalage de quelques années par le mouvement #metoo. Alors que Gérard Depardieu est en attente d’un procès en octobre, le Festival de Cannes présentera le 15 mai Moi aussi, court métrage de la comédienne et réalisatrice Judith Godrèche, qui a porté plainte en février contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Selon Le Figaro, plusieurs organismes qui financent le cinéma français ont reçu une liste de dix noms d’acteurs, réalisateurs et producteurs « trentenaires et quarantenaires » qui seraient visés par des accusations d’agressions sexuelles. Le Festival de Cannes a été pendant des années le « terrain de jeu » sordide du producteur Harvey Weinstein, qui y faisait miroiter des rôles à de jeunes actrices.

Les plus grands honneurs

PHOTO MARIO ANZUONI, ARCHIVES REUTERS

Meryl Streep sera honorée lors de la cérémonie d’ouverture du festival.

Meryl Streep, considérée par bien des gens comme la plus grande actrice de sa génération, recevra une Palme d’or honorifique lors de la cérémonie d’ouverture. Celle qui fut nommée 21 fois aux Oscars n’est venue au Festival de Cannes qu’une seule fois, il y a 35 ans, pour A Cry in the Dark, qui lui a valu le Prix d’interprétation. Le grand innovateur George Lucas sera aussi honoré d’une Palme d’or pour l’ensemble de sa carrière. Le cinéaste de Star Wars devait initialement réaliser Apocalypse Now, produit par son ami Francis Ford Coppola, qui a remporté la Palme d’or en 1979. Les mythiques studios d’animation japonais Ghibli recevront également une Palme d’or honorifique, probablement en l’absence du maître Hayao Miyazaki, 83 ans, qui se déplace rarement.