En adaptant pour les planches la comédie télévisuelle Moi… et l’autre, Kim Lévesque-Lizotte a constaté à quel point les personnages de Dodo et Denise sont avant-gardistes. La Presse a discuté avec l’autrice au début des répétitions du spectacle, en mai dernier.

Avec Moi… et l’autre, Kim Lévesque-Lizotte signe sa première pièce de théâtre. Et fait revivre les personnages mythiques joués par Dominique Michel et Denise Filiatrault, deux femmes libres et indépendantes en vedette dans la sitcom créée par Gilles Richer à Radio-Canada en 1966.

« J’ai regardé plein d’épisodes de toutes les saisons avant d’écrire la pièce. Je trouve que cette comédie a très bien vieilli. À cause de la personnalité, de la force de caractère de ses deux héroïnes. Et aussi de la dynamique comique, de l’humour très moderne du tandem de Dodo et Denise », explique la créatrice de la série Les Simone.

Kim Lévesque-Lizotte a imaginé une nouvelle intrigue qui se passe l’année de l’Expo 67, avec en toile de fond la Révolution tranquille et l’ouverture du Québec sur le monde, la révolution sexuelle, l’arrivée de la minijupe et de la pilule contraceptive.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Kim Lévesque-Lizotte signe sa première pièce de théâtre avec l’adaptation théâtrale de Moi… et l’autre.

La comédienne Isabel Richer (qui détient les droits de l’œuvre de son père, mort en 1999) et son conjoint, le producteur Éric Belley, ont pensé à Kim Lévesque-Lizotte, qui a été très flattée par leur offre. « Je connaissais bien Kim, car je lui ai enseigné à l’École nationale de l’humour, dit Belley. Elle peut faire le pont entre les époques et les générations. Elle peut être très drôle dans son écriture, mais elle est aussi capable d’attacher son humour à un propos plus sérieux. »

Féministes en minijupes

L’histoire se passe à l’aube de l’Expo 67. Dodo et Denise sont célibataires et habitent dans le même immeuble. Les deux amies et complices sont toujours habillées comme des cartes de mode. « Elles se retrouvent mêlées à une compétition de talents et de conquêtes amoureuses, dans un concours organisé par une grande vedette française. Leur belle amitié résistera-t-elle à ces bouleversements ? », écrit-on dans le résumé.

« Dodo et Denise sont décomplexées, ambitieuses et très libres. Il y a une perception du féminisme de la première vague comme quelque chose d’austère, de radical et d’anti-gars… Or, on peut être féministe et s’habiller en rose, porter des talons hauts. Il faut cesser d’avoir la perception que ce qui est féminin nous enlève de la force, de la crédibilité », dit la scénariste, qui a adoré le message féministe du film Barbie.

« Cinquante ans dans l’histoire d’une société, c’est un claquement de doigts. Est-ce que les choses ont changé tant que ça depuis 1967 ? », se demande Éric Belley.

Je pense que la pièce va permettre aux jeunes filles de 20, 25 ans de comparer les deux époques… et de réaliser tous les combats menés pour arriver à la condition féminine actuelle.

Éric Belley, producteur

Sous la direction de Charles Dauphinais, Juliette Gosselin et Alexa-Jeanne Dubé incarneront Dodo et Denise. La distribution comprend aussi Henri Chassé (le gérant de l’immeuble, Monsieur Lavigueur) et Marc St-Martin (le concierge Gustave). Trois personnages s’ajoutent dans la nouvelle intrigue : Sandrine Bisson va jouer Mrs. Clark et Joëlle Paré-Beaulieu sera Johanne Hébert, respectivement la voisine anglophone et une amie de Dodo et Denise. David Corriveau sera Hébert Léotard, un chanteur français à succès.

PHOTO MICHEL GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Michel, Denise Filiatrault et Jean Bissonnette, réalisateur de Moi… et l’autre dans les années 1960, avec entre autres Réal Béland

Selon Kim Lévesque-Lizotte, Dodo et Denise ont fait rêver les Québécoises qui regardaient l’émission diffusée à Radio-Canada entre 1966 et 1971.

Ces femmes vivaient leur liberté par procuration. Il faut se rappeler que trois ans avant la première saison , les femmes mariées devaient encore avoir la signature de leur mari pour signer un bail et ouvrir un compte de banque !

Kim Lévesque-Lizotte, autrice de l’adaptation

Mais l’autrice tient aussi à illustrer la condition masculine de l’époque. « J’ai donné beaucoup d’importance au personnage de Gustave. Parce que je veux que l’on comprenne d’où vient cet homme-là, ce concierge né pour un petit pain. Et pas qu’il subisse seulement les évènements, en restant le faire-valoir de Dodo et Denise. »

Au Théâtre du Vieux-Terrebonne dès le 27 juin, puis en tournée à travers le Québec jusqu’à l’été 2025

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