Une large palette d’émotions a traversé le Théâtre Maisonneuve, lundi à Montréal, où était projeté le documentaire I Am: Celine Dion (Je suis : Céline Dion). Une dose de fébrilité en début de soirée, des pleurs, des rires, ainsi qu’un trouble momentané, mais profond pendant la projection, et beaucoup, beaucoup d’empathie après. Le tout en provenance des admirateurs de l’artiste, qui s’étaient déniché des billets pour l’occasion.

Près d’une centaine de personnalités publiques avaient répondu présentes au rendez-vous, notamment Luc Plamondon, Fabienne Larouche, Nathalie Simard, Pierre Karl Péladeau, des influenceurs et plusieurs drag queens. Mais aucune d’entre elles n’était aussi fébrile que Jonathan Faubert, un Montréalais de 42 ans qui trépignait d’impatience d’entendre Céline Dion discuter – sans filtre et sans fard – du syndrome rare et handicapant qui l’éloigne des planches depuis maintenant quatre ans.

« J’ai hâte de voir mon idole », nous a-t-il confié, les yeux pleins d’eau, avant d’aller retrouver son siège.

J’ai hâte de retrouver la Céline qu’on connaît, et celle qu’on n’a pas connue.

Jonathan Faubert, admirateur de Céline Dion

Son conjoint, David Faubert, qui s’était procuré des laissez-passer pour célébrer leur premier anniversaire de mariage, avait beaucoup d’attentes envers l’offrande de 102 minutes d’Irene Taylor, cette cinéaste américaine lauréate d’un prix Emmy. « Je veux voir la vraie Céline, celle qu’on n’a pas toujours l’occasion de voir en entrevue. »

Appréhendant le trop-plein d’émotions, Sabrina Perrone et Amanda Theodoropoulos, deux Montréalaises de 37 ans, étaient venues préparées. « On a amené des kleenex, a révélé Sabrina, en pointant son sac à main. Juste en voyant la bande-annonce, je pleurais déjà… »

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Amanda Theodoropoulos et Sabrina Perrone

Venus de loin

Céline Dion a beau s’être faite ultra-discrète depuis 2020, ses fans ne l’ont pas oubliée pour autant. Certains étaient venus de très, très loin, lundi, pour assister au visionnement. Parmi eux, signalons Natasha Perkins, une Vancouvéroise de 35 ans, gagnante d’un concours organisé par Prime Video, la plateforme d’Amazon qui relaiera le long métrage.

« J’espère avoir un aperçu de l’expérience de Céline. J’espère mieux comprendre ce qu’elle traverse depuis des années », a indiqué celle qui écoute ses chansons en boucle depuis l’album Falling Into You, en 1996.

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Natasha Perkins était venue de Vancouver avec sa mère, Leona Franz.

Estevam Peric avait également parcouru des milliers de kilomètres pour Céline Dion, mais quelques années plus tôt. Né au Brésil, ce superfan a découvert les chansons de l’étoile de Charlemagne en suivant des cours d’anglais. « Elle m’a tellement inspiré que j’ai fini par apprendre le français et immigrer au Québec, a-t-il raconté. J’ai même réussi à acheter ma maison à Charlemagne, sa ville natale. Et j’ai conduit une auto avec une plaque d’immatriculation qui porte son prénom. »

Retour espéré

Comme tous les admirateurs de Céline Dion avec lesquels nous avons discuté, Natasha Perkins et Estevam Peric croient fermement que l’icône québécoise remontera sur scène.

Elle a une ténacité incroyable. Je peux sentir sa volonté, sa détermination.

Natasha Perkins, admiratrice de Céline Dion

« Du jour au lendemain, il y aura l’annonce d’un nouveau show, a déclaré le second. Elle est incroyable, ma Céline Dion ! »

Même son de cloche chez Sandra Majchrzak et Nahla Abdelhamid, deux admiratrices de 33 ans. « Céline, c’est ma girl, a lancé Nahla. J’aimerais tellement la voir en spectacle. »

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Sandra Majchrzak et Nahla Abdelhamid

Enfin, des nouvelles !

L’arrivée du documentaire I Am: Celine Dion sur Prime Video, prévue le 25 juin prochain, surviendra au terme d’un important blitz médiatique. Au cours des dernières semaines, la chanteuse a « brisé le silence » à plusieurs reprises : dans l’édition française du magazine Vogue, en entrevue avec Hoda Kotb à NBC, avec Adrienne Arsenault à CBC, avec Jean-Philippe Dion à TVA, etc.

Cette avalanche d’entrevues « à cœur ouvert » n’a pas tempéré l’enthousiasme des inconditionnels. « On connaît tous l’expression “pas de nouvelles, bonnes nouvelles”… mais pour Céline, c’était différent », a commenté Hélène Langlais Fortin, une admiratrice de Boischatel, en banlieue de Québec. « Ce n’était pas normal, ce silence total. C’était inquiétant. Ça laissait supposer qu’elle n’allait pas bien, parce qu’elle a toujours été un livre ouvert avec ses fans. »

« On est contents d’avoir enfin l’heure juste », a poursuivi sa sœur, Nicole Langlais.

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Mario Bennet, Bianka Lessard, Nicole Langlais, Hélène Langlais Fortin et Estevam Peric

Un grand choc

Précédée d’un mot de bienvenue de Sonia Benezra et d’une allocution de Céline Dion, diffusée en direct de New York, la projection n’a semblé laisser personne indifférent. Par moments, on percevait des sanglots, des gens essuyer leurs larmes. À d’autres, de grands éclats de rire.

Peu avant l’apparition du générique de clôture, lorsque la caméra capte, pendant de longues minutes, une Céline Dion en pleine crise de spasmes, on pouvait entendre une mouche voler. Le trouble était palpable au parterre. La projection a même été suspendue lorsque deux spectatrices ont été prises d’un malaise. Elles ont été prises en charge par l’équipe de premiers soins.

Au sortir du Théâtre Maisonneuve, plusieurs fans étaient encore bouleversés par l’extrait d’extrême vulnérabilité de Céline Dion. « Je n’ai pas été capable de voir la scène finale, j’ai baissé la tête, a avoué Estevam Peric. C’est super bouleversant, mais je sais qu’elle va mieux. Ça me soulage. »

Également ébranlé, Jonathan Faubert était heureux d’avoir visionné un documentaire d’« une grande authenticité ».

« J’aurais voulu prendre Céline dans mes bras, a signalé Hélène Langlais Fortin. J’ai ressenti toute sa souffrance et j’en suis très émue. »

De son côté, Natasha Perkins a parlé d’une film doté d’un message « puissant » : peu importe ce que nous réserve la vie, il faut continuer d’avancer. « Mais c’était horrible de voir Céline en douleur comme ça. »