La gare Dalhousie a été au cœur de l’histoire de Montréal et même du Canada, avant d’être transformée en entrepôt de marchandises pendant des décennies. Aujourd’hui, le bâtiment situé dans le Vieux-Montréal sert de domicile à la troupe du Cirque Éloize, qui lui consacre un nouveau spectacle en ses murs mêmes.

Mis en scène par Fernand Rainville (à qui l’on doit notamment le spectacle hommage à Guy Lafleur Guy ! Guy ! Guy !), Bon voyage s’attarde à une période bouillonnante mais troublée de notre histoire.

L’action se déroule à la fin du XIXe siècle, alors que le monde entre en pleine modernité grâce à l’arrivée de l’électricité. C’est à cette époque – en 1883 et 1884 précisément – que la gare Dalhousie est construite par le Canadien Pacifique. Et c’est d’ici que partira, en 1886, le premier voyage transcontinental jusqu’à Port Moody, près de Vancouver.

Ce voyage ferroviaire de 4700 km est intimement lié à l’histoire du Canada, explique le metteur en scène. « Le premier ministre John A. Macdonald voulait envoyer un message clair aux États-Unis, à savoir que la Colombie-Britannique appartenait au Canada. En reliant ainsi Montréal et Port Moody, on assiste à une mise au monde officielle du pays. »

Ce voyage historique (et le contexte dans lequel il s’est déroulé) est raconté dans Bon voyage, mais de façon toute circassienne. Cinq acrobates multiplieront les prouesses – pensez à la roue Cyr, au mât suspendu ou à la contorsion – pour plonger le public dans cette époque où le monde se trouvait en pleine révolution industrielle.

Imaginé sous forme de déambulatoire, le spectacle bilingue se déploie dans deux des salles de répétition du Cirque Éloize. Des projections à 360 degrés sont utilisées pour immerger le public dans l’architecture et l’histoire du bâtiment, mais aussi lui permettre d’imaginer à quoi a pu ressembler la traversée jusqu’à Port Moody.

Bon voyage en répétition
  • Le spectacle sera présenté dans les locaux de répétition du Cirque Éloize.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Le spectacle sera présenté dans les locaux de répétition du Cirque Éloize.

  • Les prouesses circassiennes sont ici exécutées par cinq acrobates.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Les prouesses circassiennes sont ici exécutées par cinq acrobates.

  • Le metteur en scène Fernand Rainville devant une des nombreuses projections utilisées pour Bon voyage

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Le metteur en scène Fernand Rainville devant une des nombreuses projections utilisées pour Bon voyage

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Une trame sonore originale, signée par Simon Carpentier, accompagne les spectateurs tout au long de ce voyage dans le temps. « Simon s’est notamment inspiré de la musique de Calixa Lavallée, celui qui a écrit l’Ô Canada ! », explique Fernand Rainville.

Une période riche à raconter

« Le contexte historique de cette période est très riche, même si on en parle peu de nos jours, estime le chef d’orchestre de Bon voyage. La ville de Montréal était dirigée à l’époque par le maire Honoré Beaugrand. On vivait une crise du logement, il y avait une épidémie de variole. C’est une période de grandes transformations sociales.

« C’était aussi l’époque des rébellions des Métis au Manitoba. Juste à côté de la gare Dalhousie, dans le parc du Champ-de-Mars, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté après la pendaison de Louis Riel. »

Pour raconter ces évènements, le metteur en scène a fait appel à une poétesse de la nation métisse, Katherena Vermette. « Deux de ses poèmes seront lus en fin de spectacle. Un poème écrit par Louis Riel sera aussi slamé à la manière de David Goudreault ! Si les faits évoqués dans le spectacle sont véridiques, on s’est donné une grande liberté artistique pour les raconter, avec un regard très actuel. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Fernand Rainville dans les décors de Bon voyage

Bon voyage n’est pas un documentaire historique ni une pièce de musée. C’est un spectacle immersif pour toute la famille qu’on veut très divertissant et plein de lumière.

Le metteur en scène Fernand Rainville

Le metteur en scène ajoute : « C’est un spectacle qui est effervescent, où les points de vue changent rapidement. Les sens sont très sollicités. C’est un mélange de satire politique, de drame romantique et de comédie. On y parle de hockey, de carnavals d’hiver, de l’invention du télégraphe… Tout ça avec des performances circassiennes et du théâtre. »

Pour le metteur en scène, qui a orchestré autant des pièces de théâtre intimistes que des spectacles dans des stades de l’Arabie saoudite ou lors des cérémonies d’avant-match du Super Bowl XLI à Miami, cette invitation du Cirque Éloize, arrivée au début d’avril, lui permet de toucher à une nouvelle forme : celle du déambulatoire.

« Ce spectacle n’est pas présenté de façon traditionnelle. Le public va être invité à se déplacer dans les deux salles. Ce sont des codes nouveaux que j’ai eu envie d’explorer. C’est une nouvelle façon de vivre une expérience théâtrale, tout ça en 60 minutes très compactes. »

Bon voyage est présenté du 3 juillet au 12 août dans les studios du Cirque Éloize. Les représentations sont bilingues.

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