Chanteur masqué et crooner au registre étonnant, Orville Peck se produit vendredi sur la place des Festivals. Portrait en cinq mots-clés du cowboy le plus flamboyant de la musique country d’aujourd’hui.

Masque

On a rapidement appris à reconnaître Orville Peck sans le connaître : dès ses débuts, il cachait son visage derrière un masque à franges. Cet accessoire n’était pas qu’une coquetterie destinée à faire jaser. Il a contribué au mystère entourant son identité réelle – Orville Peck est bien sûr un nom de scène –, mais a surtout été pour lui un outil pour mieux se révéler.

« Le masque m’a permis de me montrer plus vulnérable et plus sincère que je ne l’avais jamais été dans ma vie », a-t-il expliqué en entrevue à NPR, la radio publique américaine.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK OFFICIELLE D’ORVILLE PECK

Orville Peck arborant l’un de ses spectaculaires masques à franges sur scène, en 2023

Cet étonnant accessoire fait encore partie de son costume de scène, mais il a retiré les franges, révélant le bas de son visage. S’exposer un peu plus est désormais sa façon d’assumer encore plus sa vulnérabilité, a-t-il expliqué récemment au magazine Out.

West End

Nul besoin d’être détective privé pour découvrir l’identité de l’homme qui se cache sous le masque. Des internautes curieux ont déjà écumé l’internet et assez rapidement déduit (notamment en raison de ses nombreux tatouages) qu’il s’appelle en fait Daniel Pitout, qu’il est né en Afrique du Sud, a grandi à Toronto et a déjà fait partie d’un groupe punk.

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Orville Peck a le sens du théâtre jusque dans ses photos promotionnelles.

Ce n’est toutefois pas le plus intéressant dans l’histoire. Plus jeune, il a aussi fait du ballet et étudié dans une école de théâtre, et même joué dans le West End, quartier des théâtres de Londres. Orville Peck n’avait toutefois qu’une idée en tête, a-t-il assuré au magazine Variety en 2022 : faire de la musique country. Son amour pour cette musique lui vient de son grand-père paternel. Ce n’est que dans la vingtaine qu’il a eu le courage de mêler tout ce qu’il aimait – musique, théâtre, danse, etc. – pour se lancer enfin.

Arc-en-ciel

Orville Peck n’a jamais caché son homosexualité. Il a fait son coming out tôt dans sa vie. « J’ai été très chanceux de grandir dans un environnement familial où j’étais protégé et aimé pour la personne que j’allais devenir, quelle qu’elle soit », a-t-il encore dit à Variety.

Orville Peck est le plus flamboyant des cowboys gais à l’heure actuelle, mais il est loin d’être le seul. Longtemps réduite à une image d’hommes hétérosexuels blancs conservateurs, le milieu country s’ouvre de plus en plus. Les musiciens afrodescendants, comme Beyoncé, réclament leurs racines country et la contribution de leurs ancêtres au développement de ce style. Orville Peck, qui ne nie pas avoir été confronté à bien des préjugés dans ce milieu, s’inscrit dans cette diversité, ainsi que des artistes comme Brandi Carlisle et T. J. Osbourne, du groupe Brothers Osbourne, vu l’an dernier à LASSO.

Le cowboy masqué est toutefois un peu plus frondeur que d’autres : il a repris récemment la chanson Cowboys Are Frequently Secretly Fond of Each Other, chanson qui parle de l’amour entre hommes avec un sourire en coin, avec nul autre que Willie Nelson. À la suggestion du vieux cowboy lui-même, qui avait déjà enregistré ce morceau écrit par Ned Sublette.

Cinématographique

On ne peut pas réduire Orville Peck à une seule image, et encore moins à un son. Son approche de la musique country est inclusive, parfois teintée de pop, souvent très cinématographique. Il possède un registre bellement étendu qui lui permet de pousser des graves maîtrisés et de faire de belles arabesques dans les aigus, avec l’élégance du danseur de ballet qu’il a naguère été. Sa chanson Dead of Night en fait la démonstration éloquente.

Orville Peck emprunte aussi beaucoup à l’art des meilleurs crooners et au rock primitif, comme sur Roses Are Falling, mélange de charme, de sourire en coin et d’une maîtrise de l’art de raconter des histoires en chanson. Il a encore élargi les frontières de son terrain de jeu récemment en collaborant avec Diplo, un DJ et compositeur notamment associé au rap et à la musique électronique, et la vedette pop australienne Kylie Minogue sur une chanson intitulée Midnight Run.

Shania

Orville Peck a multiplié les collaborations sur son plus récent disque, Stampede Vol. 1, où il chante avec Noah Cyrus, Midland, Elton John, Allison Russell et Willie Nelson, justement. Sa collaboration la plus importante en carrière pourrait toutefois être le duo qu’il a enregistré avec Shania Twain, assurément la plus grande vedette féminine du country de notre époque après Dolly Parton. Legends Never Die, morceau plus pop et conventionnel que ce que fait Orville Peck en général, est paru en 2020, dans la foulée de son premier album complet (Pony).

Il a assurément contribué à attirer l’attention sur cet artiste pas ordinaire. Shania Twain n’avait que de bons mots au sujet du cowboy arc-en-ciel dans le reportage de Variety en 2022, le décrivant comme un homme doux, gentil comme tout, au talent singulier. « Orville mérite de briller dans la musique country pour bien des raisons, disait-elle, mais son style vocal unique et ses textes peu prévisibles en font un artiste hors du commun. »

En spectacle sur la scène TD de la place des Festivals, vendredi, à 21 h 30

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