(San Francisco) Les grandes maisons de disque ont lancé des poursuites lundi contre deux compagnies en démarrage d’intelligence artificielle (IA) musicale, les accusant d’avoir utilisé des morceaux protégés par le droit d’auteur pour mettre au point leurs technologies, ajoutant aux nombreuses plaintes similaires déposées par d’autres artistes contre des entreprises d’IA générative.

La Recording Industry Association of America (RIAA) qui représente notamment Sony Music Entertainment, Universal Music Group (UMG) et Warner Records, a porté plainte séparément contre Suno et Udio, deux outils qui permettent de générer de la musique à partir d’une simple requête en langage courant.

Ces deux « services sans licence prétendent qu’il est “juste” de copier le travail d’un artiste et de l’exploiter à leur profit sans consentement ni rémunération », a déclaré le PDG de la RIAA, Mitch Glazier, cité dans un communiqué.

« Ils retardent la promesse d’une IA véritablement innovante pour nous tous », a-t-il continué, soulignant que son association « collabore déjà avec des développeurs responsables pour construire des outils d’IA conçus pour durer, centrés sur la créativité humaine et qui donnent le contrôle aux artistes et aux auteurs-compositeurs ».

Ni Suno ni Uncharted Labs, le développeur de Udio, n’ont répondu dans l’immédiat à des sollicitations de l’AFP.

De nombreux auteurs, artistes visuels, ingénieurs et journaux ont porté plainte depuis l’année dernière contre différentes entreprises d’IA générative, les accusant de se servir de leurs œuvres ou de leur travail pour entraîner leurs modèles d’IA capables de produire du texte, des images, du code ou de l’information sur demande.

Le sujet était aussi au cœur de la mobilisation historique des scénaristes et acteurs d’Hollywood à l’été et l’automne derniers, et a récemment bloqué les négociations entre UMG et TikTok pour trouver un nouvel accord de licence.

Après trois mois d’impasse, le réseau social s’est engagé début mai à retirer tout contenu généré sans autorisation par de l’IA.

En avril, plus de 200 artistes de renom, dont les vedettes Billie Eilish, Nicki Minaj, Katy Perry et Smokey Robinson, ont appelé dans une lettre ouverte à mieux protéger la création et les droits des auteurs « contre l’utilisation prédatrice de l’IA pour voler les voix » des professionnels.

Le mois dernier, Sam Altman, patron du leader de l’IA générative OpenAI, a présenté des excuses à l’actrice Scarlett Johansson, qui l’a accusé d’avoir copié sa voix pour le tout nouveau mode vocal de ChatGPT.

Elle avait raconté dans un communiqué avoir refusé au dirigeant le droit d’utiliser sa voix, et s’était dite « choquée » par la forte ressemblance lors d’une démonstration en ligne.