Ce qu’on attend d’un hommage, c’est de l’émotion. Des moments incontestablement touchants où des cœurs qui ne se connaissent pas vibrent à l’unisson. C’est arrivé mardi lors de l’au revoir musical à Jean-Pierre Ferland, mort en avril, lorsque Julie-Anne Saumur a entonné Un peu plus haut, un peu plus loin.

Jusque-là, on avait eu droit à quelques beaux numéros. Comme T’es mon amour, t’es ma maîtresse par Hubert Lenoir et Ariane Roy. Comme Quand on aime on a toujours 20 ans et Sing Sing par Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose et encore Ariane Roy. Comme Les fleurs de macadam par Louis-Jean Cormier, Vincent Vallières et Patrice Michaud, qui a ensuite fait Envoye à maison et incité la foule à se coller sur Le plus beau slow.

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Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier et Patrice Michaud

De beaux numéros, mais rien pour nous virer le cœur à l’envers. Puis, Ariane Moffatt, directrice artistique de ce spectacle baptisé Les petits rois, a invité Julie-Anne Saumur à chanter Un peu plus haut, un peu plus loin. La chanson avec laquelle Ginette Reno a soulevé le mont Royal en 1975 et les plaines d’Abraham des décennies plus tard. Avec son ami Jean-Pierre. Et Céline.

Un peu plus haut, un peu plus loin, c’est un monument. Un coup sûr, aussi, si on est capable de tenir la note. Julie-Anne Saumur n’a pas seulement été parfaite. Dans sa bouche, la chanson prenait un tout autre sens.

Entendre la dernière amoureuse de Ferland chanter des phrases comme « un peu plus haut, un peu plus loin, je ne peux plus te tenir la main », l’œil brillant, c’était émouvant à fendre le cœur.

L’autre grand moment d’émotion de la soirée est venu juste après. Vincent Vallières a raconté qu’à la fin de l’adolescence, ses amis et lui écoutaient du rock. Radiohead, entre autres. Et Jean-Pierre Ferland… Qui venait de sortir Écoute pas ça, l’immense album qui a marqué son retour en 1995. Le disque par lequel il s’assurait l’affection d’oreilles plusieurs décennies plus jeunes que les siennes.

  • Vincent Vallières a offert une version monumentale d’Écoute pas ça, lors de l’hommage à Jean-Pierre Ferland.

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    Vincent Vallières a offert une version monumentale d’Écoute pas ça, lors de l’hommage à Jean-Pierre Ferland.

  • Julie-Anne Saumur, l’amoureuse de Jean-Pierre Ferland, a offert le grand moment d’émotion de la soirée en interprétant Un peu plus haut, un peu plus loin.

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    Julie-Anne Saumur, l’amoureuse de Jean-Pierre Ferland, a offert le grand moment d’émotion de la soirée en interprétant Un peu plus haut, un peu plus loin.

  • C’est Ariane Moffatt qui assurait la direction artistique du spectacle Les petits rois.

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    C’est Ariane Moffatt qui assurait la direction artistique du spectacle Les petits rois.

  • À la demande faite aux spectateurs par Patrice Michaud et Jean-Pierre Ferland (dans un clip audio), Danielle Savard et Charles Lafleur ont dansé un slow sur Le plus beau slow.

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    À la demande faite aux spectateurs par Patrice Michaud et Jean-Pierre Ferland (dans un clip audio), Danielle Savard et Charles Lafleur ont dansé un slow sur Le plus beau slow.

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Vincent Vallières n’est pas un grand chanteur. Ce n’était pas la plus grande voix sur scène mardi – Marie Denise Pelletier et Marie-Pierre Athur étaient là… Ce n’est pas grave.

Ferland n’était pas un grand chanteur lui non plus. Mais c’était tout un interprète. Vincent Vallières a montré qu’il est capable d’en être tout un lui aussi, en offrant une version habitée, non, monumentale, d’Écoute pas ça.

On en était à peu près à la moitié du spectacle à ce moment-là. La job était faite. Hommage il y avait eu. Ne restait qu’à nourrir le feu. Ce que Marie-Pierre Arthur a fait en invitant sa famille choisie de Montréal (François Lafontaine, Louis-Jean Cormier et Ariane Moffatt) à chanter avec elle Je reviens chez nous, chanson qu’elle chante encore en famille lorsqu’elle retourne en Gaspésie. Après une version de La musique par Martha Wainwright qui a malheureusement manqué de délicatesse.

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La musique de Jean-Pierre Ferland a traversé les générations. Hubert Lenoir et Ariane Roy l’ont prouvé de nouveau mardi.

Nourrir le feu, ça voulait dire brasser un peu la cage aussi. Comme Ferland a aimé le faire. Karkwa s’en est chargé en ayant le pied pesant sur Le chat du café des artistes et God Is an American, accompagné de plusieurs interprètes. Le plus beau et grand délire est toutefois venu d’Hubert Lenoir, féroce dans Si on s’y mettait, chanson qu’il avait reprise sur son album Darlène et qu’il a eu l’occasion de chanter à la télé avec Jean-Pierre Ferland lui-même. Le regretté poète avait l’air d’avoir un fun noir au petit écran.

Voyez Hubert Lenoir et Jean-Pierre Ferland chanter Si on s’y mettait

Ce bel hommage allait obligatoirement se terminer sur Une chance qu’on s’a. Qui, inévitablement, fut touchante. Or, Ariane Moffatt a été plus finaude que ça. Après ce beau moment, elle a eu l’idée de placer une autre chanson, Le soleil emmène au soleil. Idée brillante, car c’est sur la répétition du vers « Oh, comme c’est beau, vu d’en haut » que s’est terminé cet au revoir inspirant et inspiré à Ferland.

Le concert Les petits rois fera l’objet d’une déclinaison radiophonique diffusée le 24 juin sur les ondes d’ICI Musique.