Chants de béluga, poèmes et symphonies : voilà les ingrédients pour bâtir un concert au profit de la Terre. Avec la musique comme outil de changement social, le maestro Nicolas Ellis et son Orchestre de l’Agora rendent hommage à la beauté du territoire québécois lors du Gala de la Terre ce mercredi.

« C’est une célébration de l’environnement et du territoire québécois, et une collecte de fonds pour des organismes environnementaux qui ont un impact concret sur notre territoire », explique Nicolas Ellis, fondateur et chef de l’Orchestre de l’Agora, qui présentera la troisième édition du Gala de la Terre à la Maison symphonique ce mercredi. Y seront rassemblés plus de 100  musiciens, 75 choristes, la soprano Elisabeth St-Gelais et la poète Natasha Kanapé Fontaine.

L’Orchestre de l’Agora est plus qu’un projet professionnel pour Nicolas Ellis, qui a fondé l’ensemble lorsqu’il était étudiant à l’université. Le chef explique que l’ADN de l’Agora est composé d’une volonté de « changer notre communauté ».

Les musiciens de l’Agora sont impliqués dans une variété d’activités musicales à portée sociale, notamment une série de concerts à la prison de Bordeaux et des ateliers de création à l’Espace transition de l’hôpital Sainte-Justine.

« L’Agora, c’est un lieu où tout se rencontre », souligne Nicolas Ellis. Cet enthousiasme s’affiche dès qu’il monte sur son podium. « Moi, j’ai hâte », lance-t-il d’ailleurs à la fourmilière de musiciens devant lui lors de la générale, se permettant quelques rigolades avec l’orchestre.

Dès les premières notes de la Symphonie alpestre, la gestuelle du chef est haute et prononcée. Ses talons se décollent du sol, comme s’il s’approchait de l’envol. Même de dos, l’expressivité traverse son corps.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

L’Orchestre de l’Agora en répétition générale de la Symphonie alpestre pour le Gala de la Terre

« C’est un des must que tu dois faire dans ta vie », assure Nicolas Ellis à propos de cette œuvre straussienne qui clôturera le concert. Dépeignant les étapes d’une expédition dans les Alpes, la symphonie évoque la beauté de la nature, amplifiée par l’éclairage bleu et vert qui enrobe la Maison symphonique.

Le jeune maestro trace un parallèle entre l’œuvre de Richard Strauss et celle de Claudie Bertounesque, qui fusionne des chants de bélugas recueillis dans le fleuve Saint-Laurent et des sons électroacoustiques. « À la manière de Strauss, sa pièce raconte […] l’excursion en bateau qu’on a vécue », explique-t-il.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Nicolas Ellis, chef de l’Orchestre de l’Agora, directeur musical de l’Orchestre National de Bretagne et premier chef invité des Violons du Roy.

La pièce [de Bertounesque] aborde une dimension philosophique, existentielle sur notre place, nous, comme êtres humains en 2024 sur notre territoire.

Nicolas Ellis, chef de l’Orchestre de l’Agora

Dans le cadre du Gala de la Terre, tous les revenus de la billetterie seront versés à trois organismes environnementaux, soit le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), WWF Canada et le Sierra Club Canada. Les dernières éditions ont permis de récolter 393 000 $ en dons, en plus de remporter le Prix Opus de l’évènement musical de l’année en 2022.

La programmation musicale de cette édition a été bâtie dans le souci que le public puisse se reconnaître dans les thèmes abordés. « Comment on fait pour parler d’environnement, du Québec, ici ? », s’est questionné le chef. Avec l’Agora, Nicolas Ellis se donne la permission de « repenser la formule des concerts ou l’éventail des collaborations et du répertoire ».

Voix autochtones

Si la programmation du Gala de la Terre se concentre sur des thèmes environnementaux, elle est aussi particulièrement ancrée dans la réalité québécoise. Rassemblant des artistes d’ici, le concert met en lumière les voix innues d’Elisabeth St-Gelais (qui chantera les Wesendonck Lieder, de Wagner) et Natasha Kanapé Fontaine (qui récitera des poèmes originaux), dont M. Ellis note l’importance, surtout dans une telle « célébration collective d’où l’on vit ».

Pour Natasha Kanapé Fontaine, son rôle d’ambassadrice au sein du Gala de la Terre est une continuité de son passé militant au sein de luttes environnementales. « Nos communautés sont directement touchées par les changements climatiques et toutes sortes d’exploitations de ressources naturelles. Chez les Innus, notre culture a été directement fragmentée par les barrages hydroélectriques », explique-t-elle.

Selon la poète, les arts permettent d’« apporter une autre conscience » par rapport aux enjeux environnementaux. La poésie et la musique seraient des moyens de retrouver le côté émotionnel de la crise climatique. « Les instruments peuvent nous aider à ressentir les vibrations du territoire. Dans la pièce de Claudie Bertounesque, elle est allée sur la Côte-Nord, et j’ai vraiment l’impression de retourner chez moi. C’est ça, le pouvoir de la musique. »

Le Gala de la Terre a lieu à la Maison symphonique ce mercredi, à 20 h.

Nicolas Ellis et l’Orchestre de l’Agora collaboreront avec l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay dans un programme sur l’espace en ouverture du Festival de Lanaudière le 6 juillet. L’Agora ouvrira la saison 2024-2025 de la salle Bourgie le 25 septembre avec un programme autour de Schubert.

Consultez le site du Gala de la Terre Consultez la page du concert au Festival de Lanaudière Consultez la page du concert à la salle Bourgie