Une fois par mois, une personnalité répond à vos questions.

« J’ai beaucoup de chance de voir qu’après toutes ces années, mes salles sont toujours pleines, et ce, à travers le monde. J’ai beaucoup de gratitude », confie Lara Fabian. L’autrice-compositrice-interprète est en ce moment en écriture d’album et en spectacle avec sa tournée Je t’aime, où elle interprète toutes les grandes chansons de son répertoire. Mais avant d’entreprendre sa tournée qui la conduira un peu partout au Québec, elle a répondu aux questions de nos lecteurs.

Comment envisagez-vous votre retour sur les planches ? Quelles sont les émotions qui vous habitent, et que vous manque-t-il le plus de votre Belgique ? — Clélia Lacroix

Les frites ! Elles sont vraiment meilleures qu’ailleurs (rires) ! Il y a beaucoup de choses qui me manquent de la Belgique, la cordialité, le côté débonnaire, les gens que j’aime qui y habitent, la gastronomie et le côté jovial des Belges. Pour ce qui est de mon retour sur scène, je suis toujours tenaillée entre l’immense joie et l’enthousiasme qui m’habitent et un sentiment d’insécurité. C’est ma nature, je suis faite comme ça. J’ai toujours un petit moment où je me demande : est-ce que ça va aller ? Est-ce que tu seras à la hauteur ? Est-ce que tu as bien choisi les chansons de ton répertoire ? J’ai toujours cette petite voix et puis une autre qui me dit : arrête, ça va aller ! Je jongle toujours avec ces deux côtés de moi.

Si vous n’aviez pas été chanteuse, qu’est-ce que vous auriez fait ? Et quelle est la chanson que vous auriez aimé écrire ? — Christina Dabel

J’aurais aimé écrire la chanson Voir un ami pleurer de Jacques Brel. C’est probablement une des plus grandes déclarations d’amour au sens le plus large du terme, et une des chansons les plus sincères et troublantes.

Si je n’étais pas devenue chanteuse, j’aurais certainement choisi une profession qui a un rapport avec les enfants, en particulier la protection des enfants. Notre humanité est parfois cruelle et imprévisible avec les enfants et j’aurais aimé les aider pour qu’ils aient le minimum en termes de droits, de soins, d’écoute. J’aurais certainement trouvé un espace entre le social et le juridique pour pouvoir leur venir en aide. Il y a beaucoup d’histoires d’horreur et ça me perturbe beaucoup.

Vous avez traversé de nombreuses transformations de l’industrie et du milieu de la musique. Quel changement vous a semblé le plus ardu, et quel impact a-t-il eu sur votre carrière ? — Étienne Bolduc

Comme tout le monde, le changement le plus difficile, c’est ce qui nous revient qui s’est modifié presque intégralement. Il a fallu trouver une façon de continuer à faire de la musique, continuer à créer et à financer en étant plus ingénieux et s’adapter au fait que cette équation est devenue bancale. Je fais partie des artistes très chanceux, car j’ai eu des succès à une autre époque. J’ai des acquis, je peux cohabiter avec ses transformations avec plus de confort que de jeunes artistes qui sont en grande difficulté. C’est un enjeu, mais ça a été aussi une façon de se réinventer, de comprendre qu’il y a peut-être moyen de faire les choses autrement et sans la démesure qu’il y avait parfois, auparavant. Ce que je trouve positif avec ce grand changement, c’est le lien direct qu’on peut avoir avec les gens par les réseaux sociaux, ça nous permet d’être en contact direct, et c’est une bonne chose.

L’économie de Spotify est au bénéfice de tous sauf des artistes. Je fais le vœu qu’il y ait des lois qui permettront un rééquilibre afin que la distribution de ce que ça rapporte soit plus équitable, et que l’artiste puisse refinancer son art à travers l’écoute de sa musique.

Quelle place a le Québec dans votre vie, et que pensez-vous des Québécois ? En quoi sommes-nous différents des Européens ? — Christiane Hubert

Le Québec, c’est mon berceau, c’est celui qui m’a fait naître une seconde fois. C’est l’endroit où j’ai eu le droit d’être moi-même, la place du Québec est donc prédominante dans ma vie et précède à bien des égards tout autre endroit, même si je suis d’origine italo-belge. Bien sûr, la Belgique est mon pays natal, l’Italie est très importante, tout comme la France où j’ai aussi un public incroyable, mais le Québec est cet endroit dans le monde où la petite en moi a réussi à attraper la main de quelqu’un qui a vraiment cru en moi et qui m’a permis d’être moi-même, alors c’est un endroit très précieux à mes yeux. Les Québécois sont des êtres qui ne s’embarrassent pas de fioritures, ils sont d’une grande simplicité, au sens étymologique du terme. Les liens, les discussions, les relations sont infiniment plus faciles et nourries d’une grande légèreté.

Vous dites que la transmission est maintenant votre nouvelle passion, et que bientôt, vous allez avoir votre propre école de chant ? — Katrin Tremblay

Ça fait un moment que j’en parle, mais je fais tellement de choses ! En 2026, il va falloir vraiment que je m’y mette ! Une école de chant, c’est une chose, mais je ne vais pas m’adresser aux gens comme on s’adresse à des techniciens de la voix, mais comme à des humains qui choisissent le chant pour parcourir un certain chemin, comme un voyage. Avec mes futurs élèves, on trouvera une façon de travailler la musique, une façon de se déployer, d’être un peu plus heureux, enjoué, équilibré. Le chant, ce n’est pas un espace où on devient célèbre, mais c’est surtout un endroit dans lequel on peut être heureux. Le chant fait du bien, c’est régénérant, soulageant, libérateur. Le chant, ça nous apprend aussi beaucoup de choses sur nous.

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire carrière au Québec ? — Pierre Lamontagne

On m’a invitée pour participer à une émission de télévision, je suis tombée en amour avec le Québec et le Québec me l’a vraiment bien rendu. Je suis arrivée vers l’âge de 19 ans, et j’y ai trouvé des repères, la sensation de me sentir chez moi, et c’est une longue et belle histoire qui dure depuis bientôt 35 ans.

Lara Fabian sera à Montréal les 10 et 11 juin, à Ottawa les 14 et 15 juin et à Québec les 17 et 18 juin.

Consultez le site de Lara Fabian pour les dates de la tournée