Sept ans après Amqui, un premier polar franchement captivant, Éric Forbes fait revivre son personnage d’Étienne Chénier dans un deuxième titre, Le fugitif, le flic et Bill Ballantine. Et encore une fois, on se prend complètement au jeu de ce libraire passionné de romans policiers, qui ressemble drôlement à son auteur… à la différence près qu’il est aussi un tueur impitoyable à ses heures.

« Étienne Chénier, c’est mon double maléfique, dit Éric Forbes en riant. Effectivement, il tue des gens, mais des gens qui le méritent, selon lui ! »

Dans cette suite qui peut se lire de façon tout à fait indépendante, le libraire québécois Étienne Chénier s’est réfugié dans la capitale française, où des criminels encore plus dangereux que lui le lancent dans une folle poursuite au cœur du 13e arrondissement de Paris, en compagnie du policier désormais à la retraite Denis Leblanc.

Loin de nous, ici, les ambiances glauques et sordides ; le ton est plutôt porté à la rigolade. Car si Amqui est un « roman noir avec des touches d’humour », né d’une histoire de vengeance, Le fugitif, le flic et Bill Ballantine est un roman d’humour avec des touches de noir, d’après l’auteur. « Ça ne devait pas être ça, au départ, explique Éric Forbes. C’est le personnage d’Édouard qui fait basculer l’histoire dans l’humour. »

Le personnage d’Édouard, c’est justement le Bill Ballantine du titre, ce grand Écossais des aventures de Bob Morane qui est l’idole du garçon d’à peine 12 ans. Comment celui-ci se retrouve-t-il mêlé à la cavale du fugitif et du flic ? C’est là que la trame de cette intrigue qui démarre sur les chapeaux de roues prend une tournure tout à fait inattendue.

« Au début, le roman, c’était une fuite dans Paris parsemée d’embûches, raconte Éric Forbes. Mais une fuite, c’est banal ; ça s’est fait souvent et ça peut être assez redondant. »

Quand j’ai trouvé ce personnage d’Édouard, je ne savais même pas que j’allais l’utiliser. Puis j’ai décidé d’en faire une espèce de pivot et c’est là que le livre a vraiment décollé. Il devient comme le chien dans le jeu de quilles ; c’est lui, en fait, la vedette du livre.

Éric Forbes

De libraire à romancier

Originaire d’Amqui et libraire depuis 30 ans, Éric Forbes a longtemps rêvé d’écrire un roman policier en lisant ses auteurs préférés – qui sont, sans surprise, les mêmes que ceux de son alter ego maléfique. François Barcelo, Dashiell Hammett, James Ellroy, Jo Nesbo, Stieg Larsson, André Marois… « Je lis de la littérature policière depuis que j’ai 12 ans, à peu près. Et mes lectures de jeunesse, ce sont les lectures du personnage d’Édouard. Mon livre est parsemé de ce genre de références parce que c’était mes références », confie-t-il.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Éric Forbes

Mais pendant longtemps, il « tâtonnait » plus qu’il n’écrivait, à son avis. « Je trouvais ça mauvais. Quand tu es libraire, tu lis beaucoup, et tu lis de maudits bons livres. Je me disais que ce que j’écrivais ne serait jamais assez bon pour être publié. »

C’est un problème de santé qui l’a finalement poussé à écrire plus « sérieusement ». Mais il lui faudra 10 ans avant de se décider à envoyer le manuscrit d’Amqui à des éditeurs, un peu comme une bouteille à la mer. Et même une fois publié, il n’était pas pour autant devenu écrivain dans sa tête.

Cinq ans plus tard, l’idée derrière Le fugitif, le flic et Bill Ballantine a néanmoins commencé à germer.

J’écris à l’instinct ; je ne fais pas de plan, je préfère me réserver des surprises à moi-même.

Éric Forbes

« En plus, à la fin d’Amqui, j’étais coincé à Paris ; je n’avais pas l’intention d’écrire une suite », indique Éric Forbes. Malgré tout, ce qu’il préfère appeler le deuxième tome de sa « série mettant en vedette Étienne Chénier et Denis Leblanc » a fini par voir le jour.

« Il va probablement y avoir un tome 3 – si j’ai une idée. Mais je ne vais pas écrire n’importe quoi ! Denis Leblanc va devenir enquêteur privé, donc ça laisse la porte ouverte. Et j’aime ça, laisser des portes ouvertes », conclut-il, tout sourire.

Le fugitif, le flic et Bill Ballantine

Le fugitif, le flic et Bill Ballantine

Héliotrope

280 pages