Marianne Brisebois a ce talent certain pour dessiner à traits fins des personnages qui semblent plus vrais que nature.

L’autrice (Sauf que Sam est mort, Quelques solitudes) signe Balcons, un roman psychologique dont la profondeur se découvre au fil des pages. On y suit le tourmenté Xavier ; on ignore pourquoi et comment, mais sa souffrance est palpable. Il passe ses journées sur le balcon de son nouveau coloc Éli, un être original et singulier, en se demandant, peut-être, ce que ça ferait de sauter en bas. La métaphore du balcon, cet entre-deux qui ne « fait pas vraiment partie de la maison », qui est « à moitié public, à moitié une sortie » représente bien la vie de Xavier, qui n’a jamais vraiment eu de maison à lui.

Il y a son ex et toujours grande amie, Mag, qui vit désormais le grand amour avec Marilou, mais on réalise, alors que s’ouvre la douloureuse brèche des souvenirs, que cette rupture n’est que la pointe de l’iceberg. Habilement, Marianne Brisebois réussit à aborder des sujets aussi diversifiés que les désordres familiaux, la détresse psychologique, les protestations étudiantes, les relations toxiques, le deuil, sans oublier le mouvement #moiaussi, qui prend ici une consonance inattendue, troublante.

Mais ce qui porte vraiment ce livre, c’est cette amitié magnifique qui se développe entre deux êtres à l’opposé, Xav et Éli, et comment trouver un allié qui nous aime sans condition, à qui confier les lourds secrets qui nous pèsent, peut rendre possible l’idée qu’un jour, la réparation sera possible.

Balcons

Balcons

Hurtubise

248 pages

7/10