Il y a Rhaenys, Rhaenyra, Rhaena et Rhea. Il y a Daemon, Aemond et Aegon II (car il y a eu et il y aura d’autres Aegon). Il y a Baelon, Baelor et Baela. Sans oublier Jacaerys, Jaehaerys et Jaehaera.

Pour ajouter à la confusion, plusieurs des personnages de la foisonnante série House of the Dragon, des descendants de la dynastie Targaryen, portent de longues perruques peroxydées blanc-blond, attachées en couettes ou en tresses. Leurs chevelures argentées se ressemblent, leurs prénoms aussi. Et les mères du continent de Westeros ont souvent l’air d’avoir le même âge que leurs enfants adultes.

Bref, ça peut devenir mélangeant et nécessiter quelques trucs pour démêler ces nobles de « haute naissance », qui ne renient pas l’inceste ni une planification de bataille sanglante autour d’un immense jeu de Risk en bois, tout en parlant le haut-valyrien.

D’abord, Aemond a un œil crevé. Aegon II est le roi usurpateur marié à sa propre sœur Helaena. Daemon a épousé sa nièce Rhaenyra, qui était la fille aînée de son grand frère Viserys, le dernier roi des Sept Couronnes.

Est-ce plus clair ? Peu importe. Quand on pénètre dans House of the Dragon (La maison du dragon), offerte sur la plateforme Crave, on accepte de ne pas tout comprendre du premier coup. On se résigne également à entrecouper notre visionnement de nombreuses consultations des pages Wikipédia des familles Targaryen, Hightower ou Velaryon. C’est comme ça, entre Port-Réal et Peyredragon.

PHOTO TIRÉE DE LA SÉRIE

Matt Smith et Emma D’Arcy (le prince Daemon Targaryen et la reine Rhaenyra Targaryen)

La deuxième saison de House of the Dragon, dont quatre des huit épisodes sont actuellement en ligne, en français et en anglais, s’annonce plus excitante et efficace que la première, sortie il y a presque deux ans.

En résumé éclair, la guerre civile – et intestine – éclatera au royaume et anéantira la vigueur de la famille Targaryen, celle qui chevauche les dragons, l’arme la plus dévastatrice de cet univers complexe créé par George R.R. Martin. Rhaenyra, héritière légitime de la Couronne, et son demi-frère Aegon, qui lui a volé le titre, s’atomiseront avec le feu de leurs dragons ainsi que plusieurs conspirations.

Rhaenyra représente la faction noire et Aegon dirige les troupes vertes.

À la Oppenheimer, ces deux superpuissances disposent de l’équivalent d’une bombe atomique, qui vole et crache des colonnes de flammes.

Afin d’éviter la destruction de la civilisation, Rhaenyra tendra une branche d’olivier à Alicent Hightower, la maman de son cruel et intempestif rival, Aegon. Jadis, Rhaenyra et Alicent étaient les meilleures amies du monde, avant de devenir ennemies jurées, séparées par des alliances stratégiques.

Alicent, qui a eu quatre enfants avec le papa de Rhaenyra, a refusé le pacte de paix, ce qui culmine avec un quatrième épisode particulièrement belliqueux et meurtrier. Comme dans Game of Thrones, rien ne sert de s’attacher aux protagonistes de House of the Dragon, toujours à un mauvais postiche d’être carbonisés ou décapités.

Bon, bon, je sais très bien que les non-initiés de House of the Dragon trouvent super hermétique et ridicule le vocabulaire associé à cette série ambitieuse et touffue. Seigneur suzerain, messire Machin, Votre Majesté, maître chuchoteur, c’est lourd. Et je comprends. J’ai longtemps résisté aux films Dune de Denis Villeneuve pour les mêmes raisons.

Trop nerd, trop compliqué, trop bizarre, je lisais les chroniques enthousiastes de mes collègues et je roulais des yeux devant les mots Bene Gesserit, Arakis et Fremen. C’est quoi, ça ? Et pourquoi toutes ces langues inventées ? On n’est pas dans un spectacle des années 1990 du Cirque du Soleil, quand même.

J’avais vraiment tort. J’ai adoré Dune, qui se déroule dans un monde néo-féodal similaire à celui de House of the Dragon, mais transposé dans l’espace.

Dans les deux œuvres qui dérivent de livres populaires et qui sollicitent chacun de nos neurones, des familles aristocratiques se cognent dessus pour contrôler leur univers. La base, quoi.

Moins calme, l’intrigue de House of the Dragon 2 se déroule environ 180 ans avant celle de Game of Thrones et elle ne s’éparpille plus aux quatre coins de la vaste mappemonde, ce qui nous perdait parfois entre Harrenhal et Sombreval.

Les créateurs de House of the Dragon ont aussi mis la pédale douce sur les scènes de sexe explicite, qui n’alimentaient pas tant l’histoire. Il en reste, bien sûr, parce que cette saga de fantasy s’enracine dans le pouvoir et la politique, qui se monnaient souvent en sexe et en argent.

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Matt Smith dans House of the Dragon

Encore plus que dans Game of Thrones, les femmes ont été vissées au cœur du récit de House of the Dragon. La modérée Rhaenyra et son violent oncle-époux Daemon veulent venger la mort de leur fils Lucerys, tué par le dragon d’Aemond (celui à l’œil de pirate, on reste attentif).

Leur adversaire principale, la reine douairière Alicent, en arrache avec son aîné Aegon, prêt à déclencher les hostilités pour des peccadilles. Mais elle est rusée, cette Alicent. Son père, l’excellent stratège Otto Hightower, lui refile de judicieux conseils.

Ce qui agace le plus dans House of the Dragon, ce sont les scènes de dragons. Il y en a beaucoup et elles ne sont pas toutes réussies, disons-le. Les effets spéciaux n’impressionnent pas autant que les gigantesques affrontements au sol qui ont fait frissonner les fans de Game of Thrones.

Si au moins ces dragons pouvaient brûler les affreuses perruques blanches des Targaryen, ça serait un point positif pour eux. Mais non. Ils passent, comme Christiane Germain et George Karam dans une téléréalité d’affaires de Radio-Canada.