La ville de Joliette jouit d’une vitalité culturelle hors du commun. Son secret ? Une incroyable synergie entre les leaders de la culture qui est née à la suite du drame de Joyce Echaquan. En cette Journée nationale des peuples autochtones, nous faisons halte dans ce joyau de Lanaudière.

J’ai toujours aimé Joliette. Voilà une rare ville québécoise qui a su préserver son patrimoine architectural. Vous allez me dire que ce ne sont pas toutes les municipalités qui ont la chance d’avoir de splendides bâtiments laissés en héritage par des institutions religieuses.

La résidence provinciale des Clercs de Saint-Viateur est à couper le souffle, de même que l’ancien Collège de Joliette (aujourd’hui le cégep de Lanaudière). Et que dire des maisons conçues par l’architecte Alphonse Durand au tournant du XXsiècle. Bref, Xavier Roy, directeur général du Festival de Lanaudière, n’a eu aucun mal à me convaincre d’accepter son invitation à aller passer une journée dans « sa » ville.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

À l’avant, de gauche à droite : Sabrina Paton, coordonnatrice de développement culturel du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL), Annie Gauthier, directrice générale et conservatrice en chef du Musée d’art de Joliette, et Jean-Sébastien Martin, directeur général et artistique du Centre culturel Desjardins. À l’arrière, Xavier Roy, directeur général du Festival de Lanaudière.

Mais ce que je trouve fascinant de Joliette, c’est son immense dynamisme culturel. En plus de son réputé festival de musique qui attire chaque année des milliers de mélomanes, on y trouve le Musée d’art de Joliette qui est doté d’une impressionnante collection. En compagnie d’Annie Gauthier, directrice générale et conservatrice en chef, j’ai eu droit à une visite commentée. Ce lieu me renverse chaque fois que j’y mets les pieds.

En face du musée, le Centre culturel Desjardins, niché dans l’ancien Collège de Joliette, accueille les amateurs de théâtre, de musique et d’humour. Pas moins de 175 évènements ont lieu dans sa salle fraîchement rénovée. À cela s’ajoute le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) qui aura bientôt un nouveau toit et le festival Mémoire et racines qui a fait de Joliette un pôle majeur de la musique traditionnelle.

PHOTO CHRISTIAN ROULEAU, FOURNIE PAR LE FESTIVAL MÉMOIRE ET RACINES

Les Charbonniers de l’enfer en spectacle lors du festival Mémoire et racines à Joliette

Ceux qui sont à la tête de ces organismes ont fait ce que d’autres n’osent pas faire : unir leur force et leur créativité afin de créer un véritable impact.

Le résultat est tangible. Entre ces directeurs et directrices, il y a un réel esprit d’équipe. Un fort déclic s’est produit.

« On est devenus des amis, m’a dit Jean-Sébastien Martin, directeur général et artistique du Centre culturel Desjardins. Le vendredi, après une réunion, on se fait un barbecue avec nos conjoints et les enfants. »

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La résidence provinciale des Clercs de Saint-Viateur

Le souvenir de Joyce Echaquan

Très longtemps, ces entités ont fonctionné en vase clos. Cette façon de faire remonte à l’époque où les organismes culturels étaient dirigés par des Clercs de Saint-Viateur (Wilfrid Corbeil pour le musée, Roland Brunelle pour la salle de spectacle, Fernand Lindsay pour le festival). Le nouveau noyau de directeurs a décidé de « briser le moule ».

Cette « mutualisation » des forces vives dans le domaine de la culture a été amorcée en 2020 et est en grande partie liée à un évènement qui a fait subir un électrochoc aux citoyens de Joliette. Je parle de la mort troublante de Joyce Echaquan, le 28 septembre de la même année. Ce drame a suscité une profonde réflexion sur le regard qui est posé sur les Autochtones. Et sur l’espace qu’ils devraient occuper.

« On a tendance à l’oublier, mais il y a près de 650 Atikamekw qui vivent à Joliette », me dit Sabrina Paton, coordonnatrice de développement culturel du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL). Cette dernière et ses collègues des autres organismes culturels ont pris l’engagement d’offrir une plus grande visibilité aux Autochtones. Au Musée d’art de Joliette, cela se traduit par des expositions et une murale (renouvelée tous les trois ans) qui, du hall, s’offre aux passants.

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La salle de spectacle du Centre culturel Desjardins

Sabrina Paton se réjouit à l’idée que la date du 21 juin, Journée nationale des peuples autochtones, prenne maintenant une plus grande importance dans Lanaudière. Pour la troisième année, une grande scène est installée sur la place Bourget, en plein cœur de Joliette, pour présenter l’évènement Waskapitan. Au programme, des spectacles et des ateliers qui ont pour but de faire découvrir diverses facettes de la culture autochtone.

Un fort sentiment d’appartenance

Cette richesse culturelle, atout capital pour la ville, comble le maire Pierre-Luc Bellerose.

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Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette

Je suis fier de dire qu’il n’y a rien de comparable au Québec avec ce que l’on réussit à faire.

Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette

Dès son arrivée en 2021, il a clairement fait part de son intérêt pour la culture. « Je me souviens que lors de la toute première réunion du conseil, le maire a pris un engagement ferme quant à la création de « Joliette, halte culturelle », dit Jean-Sébastien Martin. Ce concept est bourré de sens. En effet, on peut aisément passer une journée à Joliette et s’en mettre plein la vue et les oreilles.

Comme une bonne chose vient rarement seule, cette synergie est accompagnée d’une grande collaboration de la communauté et des mécènes à rendre jalouses toutes les municipalités du Québec. Il existe un sentiment d’appartenance très fort à l’égard de Joliette.

Cet attachement est observable chez les membres du Cirque Alfonse, fiers Lanaudois. Ce sont eux qui assurent la direction artistique du festival de cirque Bastringue ! qui a lieu cette année du 26 au 30 juin sous le chapiteau érigé devant le Centre culturel Desjardins et un peu partout dans la ville.

Un autre exemple de ce lien profond est le Théâtre de l’Œil ouvert, qui a créé ou présenté la plupart de ses spectacles au Centre culturel Desjardins (La Corriveau, Clémence, Belmont). Ça sera encore le cas cet été avec La géante. Cette envie de soutenir une vie culturelle effervescente à Joliette, on la retrouve également chez les philanthropes qui font preuve d’une grande générosité. Grâce à des dons de mécènes, de commanditaires et d’évènements-bénéfices, le Festival de Lanaudière réussit à aller chercher chaque année 830 000 $ (excluant l’argent provenant de la fondation), le Musée d’art de Joliette environ 800 000 $ et le Centre culturel Desjardins près de 850 000 $.

Fait intéressant à noter, une large part des donateurs sont des Lanaudois. Pas mal pour une ville de 22 000 habitants (55 000 pour le Grand Joliette).

Un autre exemple de cette générosité ? Depuis sa création, l’équipe administrative du Festival de Lanaudière utilisait de vieilles roulottes qui avait servi aux équipes de presse des Jeux olympiques de 1976. Les employés cohabitaient avec des ratons laveurs. Le propriétaire d’un immeuble du centre-ville, dont la valeur était évaluée à 700 000 $, en a fait don au festival.

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La Maison de la musique René-Charette

Ainsi est née la Maison de la musique René-Charette, qui abrite maintenant les bureaux de l’évènement, un centre d’archives, une salle de réception et un espace de 90 places pouvant accueillir diverses manifestations (conférences, récitals, etc.). L’endroit a été inauguré en 2023. Les travaux de rénovation ont coûté 2,5 millions. La moitié de cette somme a été offerte par des donateurs.

J’ai quitté Joliette la tête pleine des propos enflammés de ceux et celles qui défendent avec ardeur la beauté et le potentiel de leur ville. Une solide conviction les habite. Et vous savez quoi ? Ils ont raison de la nourrir.

Découvrez le patrimoine de Joliette

Pendant que vous êtes là…

Joliette regorge de spectacles à voir cet été. Voici une courte sélection d'évènements qui font de cette ville un arrêt obligatoire sur votre route culturelle.

Waskapitan, célébration des peuples autochtones

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Soleil Launière

Le 21 juin, sur la place Bourget de Joliette, on célèbre la Journée nationale des peuples autochtones. Soleil Launière, lauréate de la 28e édition des Francouvertes, Matiu, artiste folk-blues de la communauté innue de Mani-utenam, Willows, Métisse de la rivière Rouge d’origine franco-manitobaine, et Black Bear, célèbre pour sa musique traditionnelle atikamekw, défileront sur la grande scène. Alex Laviolette-Moar, Atikamekw fortement engagée sur la scène culturelle de Joliette, animera l’évènement. Des ateliers de chant de gorge et de fabrication de capteurs de rêves seront aussi offerts à tous.

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Musée d’art de Joliette

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Musée d’art de Joliette

Avec ses 8500 œuvres, l’impressionnante collection du Musée d’art de Joliette a été constituée en grande partie grâce au legs des Clercs de Saint-Viateur. Rénové en 2015, le musée présente ses œuvres du passé aux étages et offre des expositions temporaires au rez-de-chaussée. Jusqu’au 8 septembre, on peut découvrir les œuvres de Rajni Perera, une artiste multidisciplinaire contemporaine canadienne qui puise son inspiration dans son pays d’origine, le Sri Lanka. À compter du 4 juillet, on pourra voir une sélection d’œuvres de Marcelle Ferron dont on souligne cette année le 100e anniversaire de naissance.

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Festival de Lanaudière

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

La réputation du Festival de Lanaudière n’est plus à faire.

La réputation du Festival de Lanaudière n’est plus à faire. Les mélomanes de partout connaissent cet évènement qui a lieu cette année du 6 juillet au 4 août. Sa 46e édition offre 14 concerts à l’amphithéâtre, 6 concerts « hors murs », 6 soirées cinéma en plein air et 5 concerts dans des églises historiques. Parmi les faits saillants, soulignons le concert mettant en vedette le chef Nicolas Ellis et l’Orchestre de l’Agora en compagnie de l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay. Au programme, Les planètes, de Gustav Holst, et Orion, de Claude Vivier.

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Centre culturel Desjardins

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Gabrielle Fontaine interprète Rose Ouellette dans le spectacle La géante.

Comme beaucoup d’autres villes, Joliette a souhaité s’offrir une salle de spectacle toute neuve. Mais après réflexion, on a plutôt décidé de rénover celle qui se trouve dans l’ancien Collège de Joliette et qui fêtera bientôt son 100e anniversaire. Les travaux ont eu lieu en un temps record entre avril 2021 et mars 2022, soit durant la pandémie. Entre le passé et le présent, cette salle multifonctionnelle de 800 places est l’une des plus accueillantes au Québec. Le spectacle La géante, sur la vie de Rose Ouellette, y sera présenté du 11 juillet au 10 août.

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Festival de cirque Bastringue !

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

La troupe du cirque Alfonse

Du 26 au 30 juin, la deuxième édition du festival de cirque Bastringue ! s’installe sous le chapiteau installé devant le cégep de Lanaudière, à Joliette. Le public pourra y applaudir les artistes du Cirque Alfonse, de la compagnie Le Gros Orteil et du Monastère. Pour lancer les festivités, le 26 juin, le funambule Laurence Tremblay-Vu fera la traversée de la rivière L’Assomption sur un fil de fer !

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Festival Mémoire et racines

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU GROUPE

Le groupe Galant, tu perds ton temps

L’année 2024 marque le 30e anniversaire du festival Mémoire et racines consacré à la musique traditionnelle. Plusieurs têtes d’affiche prendront part à cet évènement qui a lieu à différents endroits de la ville du 23 au 28 juillet. La Bottine souriante, Galant, tu perds ton temps et La mal coiffée ne sont que quelques exemples des très nombreux artistes invités. Si vous rêvez depuis longtemps d’apprendre à giguer, à turluter ou à faire des ceintures fléchées, c’est l’occasion comme jamais.

Consultez le site du festival Mémoire et racines