Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

Beaucoup de festivals ont lieu au centre-ville ou sont produits par des promoteurs établis depuis longtemps. Dans un esprit plus underground, deux amoureux du Sud-Ouest ont décidé de créer un festival de quartier indépendant à travers un circuit de bars et de lieux méconnus.

« Le Sud-Ouest est un quartier vivant qui ne demande qu’à avoir de la nouveauté et une effervescence culturelle », lance Clément Sageste. « Le but du festival est d’être le festival près de chez vous comme dans un village », renchérit Moose Felinhi.

Mais bien entendu, les gens des autres « villages » de Montréal – que ce soit Villeray, Le Plateau, Hochelaga-Maisonneuve – sont les bienvenus !

Clément Sageste rappelle que le Sud-Ouest est un berceau naturel d’artistes. C’est notamment un haut lieu de l’histoire du jazz à Montréal et c’est là qu’ont grandi de grands artistes comme Oscar Peterson et Oliver Jones.

Clément Sageste et Moose Felinhi ont fait connaissance dans un espace de travail partagé du quartier Saint-Henri, l’atelier 257. Le premier, qui a quitté la France pour s’établir à Montréal il y a une dizaine d’années, est photographe et est le fondateur d’Arts Le Média, une agence d’accompagnement d’artistes. Quant au deuxième, humoriste et cinéaste d’origine marocaine, il a vécu en France et aux États-Unis avant d’élire domicile à Montréal. Il a d’abord vécu dans le Plateau, où il y avait une saturation de l’offre culturelle, a-t-il constaté. Dans Saint-Henri, la Petite-Bourgogne, Griffintown ou Verdun, le champ est plus libre.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Clément Sageste et Moose Felinhi, attablés au Benelux de la rue Wellington, à Montréal

Avec une soif de diversité artistique, Clément et lui ont fait naître en 2023 le festival Vitrine, qui se déroulait pour sa première édition sur une seule journée – alors que c’est sur une semaine pour sa deuxième présentation, en cours jusqu’au 6 juillet.

« L’an dernier, c’était une version pilote avec 50 artistes se produisant pendant 20 heures d’affilée, raconte Clément. Cette année, nous avons décidé de changer la formule en tissant une toile dans les quartiers du Sud-Ouest. »

Une soirée d’humour au programme

Multidisciplinaire, la programmation est sous le signe de l’émergence, mais elle comprend aussi des noms déjà bien connus. Mercredi soir par exemple, le public a rendez-vous pour une soirée d’humour à la succursale du Siboire de la rue Notre-Dame avec trois stars montantes, soit Charlie Morin, Tranna Wintour et P-O Forget. Jeudi soir, il y a une soirée de jam et de peinture en direct au Riverside St-Henri avec GROWVE Mtl, collectif d’improvisation musicale de renom (en résidence habituellement au bar Turbo Haüs).

Les stars montantes au programme de la soirée d’humour
  • Charlie Morin

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Charlie Morin

  • P-O Forget

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    P-O Forget

  • Tranna Wintour

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Tranna Wintour

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Le festival Vitrine a débuté dimanche avec l’évènement Rythmes culinaires, où des chefs ont cuisiné en direct avec, en accompagnement, les DJ Ellxandra et MeloDrastik aux platines. « On veut briser les codes avec des mélanges de disciplines. Comment la cuisine peut-elle influencer la musique ? Comment la musique peut-elle influencer la cuisine ? », expose Moose.

Une cinquantaine d’artistes au total

Pour notre rencontre, Clément et Moose nous avaient donné rendez-vous rue Wellington, piétonnière durant l’été dans Verdun. Mardi soir, c’est sur cette artère qu’aura lieu la soirée, elle qui débute au bar Palco avec un match d’improvisation de la Ligue LUDIC (de l’Université de Montréal) et qui se poursuit en face, au Benelux, avec un spectacle du « loopeur » Oli Page et Soulium, groupe qui mêle jazz et rock progressif.

Outre les évènements énumérés plus haut, citons aussi le gala de clôture du samedi 6 juillet, dans le loft d’Imagemotion, à Griffintown, qui réunira la plupart des artistes de la programmation, en plus d’un défilé de mode et d’une vente d’œuvres aux enchères.

Notons deux évènements au-delà des frontières du Sud-Ouest : un marché d’art et une projection de courts métrages à l’Union française (en face du square Viger) ce lundi soir, et un DJ Battle vendredi au studio L’Éloi (à Outremont).

Clément et Moose n’ont pas de commanditaire, mais ils ont fait une campagne de sociofinancement avec La Ruche. Ils ont une équipe dont les membres sont payés selon leur implication. Ils ne veulent pas s’armer uniquement de bénévoles afin de créer un modèle de festival qui peut durer et qui pourrait avoir droit à des subventions. Il y a aussi un partage de la billetterie avec les artistes, et c’est un risque financier moindre que de collaborer avec des commerces de quartier plutôt que de louer des salles de spectacle. Du donnant-donnant, résument-ils. Et tout comme pour la première édition, ils peuvent compter sur la présence du député Guillaume Cliche-Rivard.

Selon les deux acolytes, les Montréalais ont besoin de renouveau, surtout en cette période de récession. Et la communauté underground a besoin de lumière et d’un rendez-vous comme celui du festival Vitrine, font-ils valoir.

Consultez le site web du festival Vitrine