La « récupération frauduleuse » de marchandises se fait déjà ressentir sur les primes d’assurance dans l’industrie du transport. Outre la vigilance, il n’y a pas de remède miracle pour décourager les voleurs.

« Cela fait trois ou quatre ans que l’on voit davantage de ces vols, souligne Martin Burrowes, président de Burrowes Courtiers d’assurances. L’assurance a commencé à augmenter. C’est plus dispendieux pour les courtiers en transport. Cela a aussi un impact majeur sur les primes des transporteurs. Un vol de marchandise, c’est considéré comme une perte responsable. »

Comment les voleurs réussissent-ils à dérober des cargaisons de plusieurs centaines de milliers de dollars sans se faire remarquer ?

Les personnes interrogées par La Presse évoquent plusieurs raisons, comme des corps policiers déjà débordés avec des dossiers jugés plus importants.

Les corps policiers n’ont pas les budgets pour enquêter sur les vols de cargo. Certains ne semblent pas trop intéressés non plus.

Martin Burrowes, président de Burrowes Courtiers d’assurances

À CargoNet, le vice-président aux opérations, Keith Lewis, estime qu’il y a encore trop de lacunes en matière de vérification dans la chaîne logistique.

« Les expéditeurs et les manufacturiers doivent se joindre à l’équipe, estime-t-il. Ce n’est pas le cas actuellement. Ils pensent avoir engagé une société de transport et que c’est à elle de s’occuper de tout. Ça ne fonctionne plus. Les primes d’assurance ne vont aller qu’en augmentant. »

Il existe une panoplie de mesures permettant de limiter les risques, affirme l’ancien lieutenant-détective au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Daniel Picard. Les dispositifs de traçage comme l’AirTag d’Apple ont gagné en popularité au cours des dernières années.

Encore faut-il les utiliser.

Parfois, les gens sont négligents. On a tendance à penser que cela [le vol de cargaison] n’arrive qu’aux autres et puis soudainement, ça nous arrive. Les bandits s’adaptent aussi. Ils ont des brouilleurs de [système] boomerang, par exemple.

Daniel Picard, ancien lieutenant-détective au SPVM

Les habitudes des voleurs semblent aussi changer, selon M. Burrowes. Des vols d’aluminium et de cuivre, les voleurs semblent s’être tournés vers l’alimentation au cours des dernières années, affirme le président du cabinet.

« Depuis deux ans, ce sont nos plus grosses pertes déclarées, explique le gestionnaire. Probablement que cela doit bien se revendre. Ce n’est pas comme une voiture avec un numéro de série. De la viande rouge, par exemple, ça doit bien se repasser pour des receleurs. C’est aussi une cargaison d’au moins 150 000 $ par remorque. »