(Washington) Amazon, numéro un mondial du cloud, s’efforce de persuader les services publics et organisations non gouvernementales de se joindre à la révolution de l’intelligence artificielle (IA) générative, alors que la course à cette technologie de pointe s’intensifie avec Microsoft et Google.  

AWS, la branche d’informatique à distance (cloud computing) du géant américain du commerce en ligne, est persuadée, comme ses rivales, que l’IA générative (à l’œuvre dans ChatGPT) peut améliorer en profondeur des domaines comme la santé ou la sécurité.

Pour permettre aux institutions et associations intéressées de tester leurs idées, l’entreprise a annoncé mercredi un investissement de 50 millions de dollars sur deux ans.

« Je vois passer un grand nombre d’idées, d’applications, de projets, des choses qui, je pense, auront vraiment un impact », a déclaré à l’AFP Dave Levy, un vice-président d’AWS chargé des clients du secteur public à l’international.  

« Les organisations publiques ont vraiment besoin de soutien et d’aide pour mettre en route leurs idées », a-t-il assuré avant un « sommet » d’AWS sur ce sujet à Washington.  

L’IA générative, popularisée par ChatGPT (OpenAI), permet de produire toutes sortes de contenus de bonne facture sur simple requête en langage courant, à partir de montagnes de données. Or, les données, les services publics n’en manquent pas.

« La puissance de l’IA générative consiste à rassembler les données en un seul endroit, puis les utilisateurs font preuve de créativité pour déterminer ce que l’on peut en faire », estime M. Levy.

La course au développement et au déploiement d’outils d’IA générative est intimement liée au marché du cloud, car cette technologie, comme le streaming vidéo et les plateformes sur l’internet, ont besoin des serveurs et services d’informatique à distance pour fonctionner.

Pour rester leader du cloud, AWS doit donc aussi se distinguer dans cette nouvelle IA, alors que Microsoft (principal investisseur d’OpenAI) et Google ont pris la tête de la révolution numérique.

La taille du marché mondial du cloud pour les gouvernements est estimée à 35,5 milliards de dollars en 2024 et devrait plus que doubler au cours des cinq prochaines années, selon Mordor Intelligence, un cabinet d’études de marché.  

Si les États-Unis représentent la plus grande part du gâteau, celle de l’Europe croît rapidement aussi, et les entreprises espèrent que les gouvernements du monde entier vont de plus en plus se reposer sur le cloud plutôt que d’utiliser des serveurs internes souvent désuets.

Dépasser les réticences

Mais l’expansion est freinée par les lois nationales qui exigent parfois que les données restent souveraines et sauvegardées localement, obligeant les géants américains à construire des centres de données sûrs dans le monde entier.  

« Nous disposons d’infrastructures dans le monde entier […] et nous respectons toutes les lois qui nous sont imposées », a souligné M. Levy.  

AWS parie que l’IA générative pourrait déclencher une transition vers le cloud lorsque les organismes publics estimeront que les nouveaux outils vont jouer un rôle plus important dans l’accomplissement de leur mission.

Avec l’initiative présentée mercredi, Amazon espère donner aux acteurs publics un moyen facile de commencer à utiliser l’IA générative malgré leurs possibles réticences.

Car malgré les attentes immenses que suscite la nouvelle technologie, elle est aussi connue pour ses « hallucinations », quand la machine, programmée pour composer des phrases ou créer des images sans en comprendre le sens, « invente » des réponses farfelues.

Les gouvernements et institutions préfèrent en général l’informatique classique, plus prévisible.

AWS affirme se différencier de ses concurrents en accordant une priorité absolue à la sécurité et en s’assurant en amont que ses outils d’IA sont prêts à être déployés.

En retard sur Microsoft et Google, elle a lancé en octobre la plateforme Bedrock, qui permet à ses clients de se servir de différents modèles d’IA générative, comme Claude (Anthropic), Llama (Meta), ceux de Mistral et de Titan, une marque d’Amazon.

Dans un exemple cité par AWS, le Dana-Farber Cancer Institute de Boston a construit une nouvelle solution de recherche en utilisant le modèle Claude pour aider les médecins à interpréter certains résultats de laboratoire qui peuvent être particulièrement compliqués à comprendre.  

Au Royaume-Uni, le Swindon Borough Council a, quant à lui, utilisé la plateforme pour construire un outil d’IA générative afin de rendre les contrats de location complexes plus compréhensibles pour tous.