(Toronto) Les consommateurs canadiens ont de plus en plus d’attentes à l’égard de la qualité des performances de la 5G et rejettent la faute sur les fournisseurs lorsque la connexion internet est inégale, selon un chercheur.

Jasmeet Sethi, directeur du ConsumerLab d’Ericsson Research, affirme qu’un « écart de satisfaction » est en train d’apparaître, les consommateurs canadiens étant 10 % moins satisfaits de la qualité de leur service 5G après l’avoir utilisé pendant plus d’un an.

« Comme tous les consommateurs, les Canadiens ont également des attentes extrêmement élevées quant à ce que la technologie devrait offrir », a déclaré M. Sethi dans une entrevue en marge du Sommet canadien des télécommunications de cette semaine à Toronto.

« Nous constatons en quelque sorte un changement d’orientation des vitesses de pointe vers une meilleure qualité d’expérience », a-t-il ajouté.

Il a souligné que les attentes concernant les performances du réseau se sont considérablement accrues au cours des cinq dernières années dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui a poussé de nombreux employés dans des situations de travail à distance et a souligné l’importance de la fiabilité de la technologie.

Les réactions face à un réseau qui ne fonctionne pas ont bien changé, puisqu’il est désormais question d’accéder à une vidéoconférence depuis un endroit encombré comme un aéroport ou de passer un appel téléphonique depuis une station de métro.

M. Sethi a souligné aussi des défis de performances répandus dans les lieux d’évènements tels que les concerts, où des niveaux de fréquentation élevés peuvent submerger les réseaux, et que des dizaines de milliers de personnes tentent d’envoyer des photos à leurs amis ou de télécharger des vidéos sur les réseaux sociaux.

Un sondage d’Ericsson a montré que plus de 40 % des consommateurs canadiens ont visité les grandes salles pour des évènements au cours de la dernière année en moyenne environ huit fois.

Deux personnes sur cinq ont indiqué qu’elles étaient confrontées à des problèmes de connectivité 5G et environ un tiers d’entre elles ont déclaré que leur expérience la plus récente n’était pas satisfaisante par rapport à leurs attentes en matière de service de téléphonie mobile.

M. Sethi a souligné que la recherche montre qu’il existe une corrélation entre la qualité du réseau et la fidélité des clients. Les utilisateurs confrontés à des problèmes sur les lieux d’évènements sont trois fois plus susceptibles de changer d’opérateur à la recherche de meilleures performances.

Pour les fournisseurs canadiens, il a déclaré qu’un gros « test de résistance » de leurs réseaux se profilait cet automne lorsque Taylor Swift débarquera avec sa tournée Eras à Toronto et Vancouver pour neuf représentations.

La tournée de Taylor Swift aurait établi des records de trafic de données en une seule journée dans plusieurs stades d’Amérique du Nord.

« Vous devez livrer à ce moment-là », a indiqué M. Sethi.

« Connectivité élevée » et découpage du réseau

Selon lui, pour s’adapter à ces attentes croissantes, les fournisseurs de télécommunications canadiens devraient se concentrer sur l’offre d’une « connectivité élevée » à leurs clients, où les utilisateurs pourraient payer un supplément pour garantir que la connectivité de leur appareil soit prioritaire lorsqu’un réseau est mis à rude épreuve.

Une autre stratégie pourrait impliquer le découpage du réseau, une technologie qui crée plusieurs réseaux virtuels pour le trafic sans fil, en plus du réseau physique partagé. Chaque tranche réserve de la capacité pour des utilisateurs individuels ou des applications 5G spécifiques.

Les trois grands opérateurs canadiens, Rogers Communications, Bell Canada et Telus, ont annoncé leur intention d’intégrer le découpage du réseau à la suite des essais de la technologie.

Un sondage Abacus Data publié mardi révèle que plus d’un quart des Canadiens ont changé de forfait sans fil au cours de la dernière année, 79 % citant de meilleurs prix et près de la moitié optant pour plus de données.

Le sondage du mois dernier auprès de 5000 adultes canadiens a été commandé par l’Association canadienne des télécommunications.

S’exprimant lors du sommet sur les télécommunications lundi, le président et chef de la direction de l’association, Robert Ghiz, a déclaré aux participants que le Canada possède « certains des réseaux les plus performants et les plus rapides » au monde. Il a souligné que des tests récents ont montré que le Canada se classe parmi les cinq premiers pays au monde en ce qui a trait à la vitesse de réseau.

Néanmoins, il a reconnu que des lacunes subsistent en matière de connectivité réseau, en particulier dans les régions rurales du Canada.