La transformation du terrain de la Place Versailles en quartier de 5200 logements coûtera 2,2 milliards et prendra plusieurs années à réaliser, a affirmé lundi le promoteur du projet.

Le même jour, les élus de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ont donné un tout premier feu vert à l’idée, qui implique la démolition graduelle de l’iconique centre commercial.

Questionné par quelques citoyens, le maire local Pierre Lessard-Blais a vanté la proposition des propriétaires de la Place Versailles qui « veulent faire un beau projet », tout en soulignant qu’il avait toujours « des préoccupations ». Il a souligné qu’une vaste consultation se tiendrait cet automne.

« On ne veut pas d’un îlot de chaleur dans le secteur. C’est un des éléments de base du projet. Les espaces verts sont très grands, sont vastes. La contrepartie à ça, c’est la hauteur », a-t-il dit, en référence au projet de construire deux tours de 25 étages sur les lieux.

En ce moment, si les propriétaires de la Place Versailles voulaient construire du quatre à huit étages partout dans leur stationnement, ils le pourraient. Mais ça resterait un îlot de chaleur.

Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

L’élu a ajouté que la Place Versailles est un lieu de rendez-vous « pour tout l’Est de Montréal », mais qu’il faut accepter qu’« on ne pourra pas faire de la business en 2040 comme on en faisait en 1960, les choses changent ».

« Ça va être complètement démoli »

La Presse a révélé samedi l’existence du projet de transformation. En plus des 5200 logements, une école, un hôtel et des espaces commerciaux devraient être érigés sur le terrain de 17 hectares desservi par la ligne verte du métro.

La publication de l’article a suscité une forte vague de réactions, notamment quant à l’annonce de la démolition du centre commercial.

Le maire d’arrondissement Lessard-Blais a d’ailleurs voulu se faire rassurant, dans une tournée des médias, affirmant que « la Place Versailles ne sera pas du tout détruite, elle va évoluer dans le temps ». L’élu n’a pas rappelé La Presse.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les travaux de démolition de la Place Versailles ne débuteront pas avant deux ou trois ans.

« Avec le temps, ça va être complètement démoli », a pourtant confirmé l’architecte-urbaniste Josée Bérubé, qui mène le projet au sein du cabinet Provencher Roy, en entrevue téléphonique. C’est cette firme qui a été embauchée par la famille Gregory – propriétaire de la Place Versailles depuis plus de 50 ans – pour mener la planification.

Mme Bérubé travaille sur le projet depuis deux ans. Elle entrevoit un nouveau quartier intégré, doté de trois grands parcs, de « corridors écologiques » et d’une place publique.

Le développement comprendrait « des logements locatifs, des copropriétés, des logements sociaux, des logements familiaux, des résidences pour personnes âgées et des logements abordables », selon un communiqué de presse émis lundi.

« Dans la majorité du projet, la hauteur proposée varie entre 12 et 16 étages », indiquait l’arrondissement dans ses documents. « Toutefois, deux des bâtiments agissant comme point de repère sont proposés sur le site. Ces derniers proposent une hauteur maximum de 25 étages et 115 mètres. »

L’offre commerciale sera divisée en deux, a ajouté Mme Bérubé : des commerces à vocation régionale seront installés rue Sherbrooke, tandis que des commerces locaux s’établiront dans les rez-de-chaussée des immeubles résidentiels. « Il va continuer à y avoir une offre [commerciale], parce qu’après avoir parlé à différentes personnes, dont des citoyens, c’est quand même important pour les gens du quartier », a-t-elle dit.

Échéancier

Les habitués de la Place Versailles n’auront pas à se trouver un nouveau lieu de rendez-vous à court terme. La construction débutera par la partie nord, où se trouve un immense terrain de stationnement ainsi qu’un magasin Winners.

Dans une publication sur sa page Facebook, la Place Versailles a indiqué qu’un long processus l’attendait avant l’ouverture du chantier. Les travaux « ne débuteront pas avant deux ou trois ans », a précisé lundi le centre commercial de l’Est de Montréal.

L’entreprise a voulu rassurer ses locataires, dans la foulée de la diffusion des grandes lignes de son plan de transformation. « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère pour Place Versailles, une période de renouveau et d’innovation, indique le message. Nous tenons à rassurer nos locataires commerciaux et leurs clients que la communication sera une priorité tout au long de ce processus. »

« Notre objectif est de travailler en étroite collaboration avec eux afin de minimiser l’impact des travaux et de garantir la continuité de leurs activités commerciales », continue le texte.

Quant au centre commercial dans son entièreté, il pourrait être encore debout pour plusieurs années, a dit l’urbaniste-architecte Josée Bérubé. Des projets de cette ampleur, « ce sont des développements de dizaines d’années », a-t-elle souligné. « Ce sont des projets de longue haleine. Oui, il va y avoir de la construction, mais tout ne sera pas démoli d’un coup. »

Des portes ouvertes sont prévues le 18 juin pour entendre les préoccupations des citoyens.