Malgré les signaux inquiétants envoyés par Northvolt, le ministre François-Philippe Champagne ne croit pas avoir déroulé le tapis rouge trop rapidement pour la multinationale suédoise en offrant des milliards de dollars de fonds publics.

« Certainement non, a-t-il assuré en point de presse, jeudi à Montréal. L’industrie des batteries est venue en Amérique du Nord, et le grand gain pour les Québécois, c’est qu’on a eu une station chez nous. Le train passait, puis on a réussi à avoir une station qui s’arrête chez nous. »

Invité par un journaliste à évaluer sur une échelle de 10 son degré d’optimisme par rapport à la construction de l’usine de Northvolt au Québec, il s’est montré confiant.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne

Je vous dirais 10, sur le fait que l’usine va se réaliser. Maintenant, sur l’échéancier, écoutez, ça va dépendre de la demande… Est-ce que ça peut jouer de quelques mois ? Peut-être. C’est ça que j’entends.

François-Philippe Champagne

Mercredi, Northvolt a annoncé une « revue stratégique » de ses activités, reconnaissant avoir planifié une expansion « un peu trop agressive » en menant de front deux projets d’usine en Allemagne et au Québec. L’usine du Québec, un projet de 7 milliards dans lequel Ottawa et Québec ont investi 1,37 milliard chacun, est visée par ce processus.

« Pour 100 ans »

Pour défendre cette subvention à Northvolt, M. Champagne a cité les propos du PDG de Volkswagen, Oliver Blume, en 2023. Ottawa a promis une aide de 8 à 13 milliards au constructeur automobile allemand pour une usine de batteries en Ontario.

« [M. Blume] a dit : “Moi, je suis ici pour 100 ans. Au maximum, j’aurai peut-être quatre ans de subventions. Il faut que je fasse de l’argent pendant 96 ans.” Quand je regarde le niveau d’investissement de Northvolt par rapport à celui de Volkswagen, vous êtes à peu près dans les mêmes niveaux compte tenu de la production. Alors, moi, j’ai confiance parce que la destination est claire. »

Le ministre a en outre affirmé que le Québec n’était aucunement dans le viseur de Northvolt à l’origine et que c’est l’intervention de son gouvernement qui a fait pencher la balance. « J’ai même gardé les messages textes, vous allez pouvoir juger vous-mêmes de ce que je vous dis. À l’époque, le Québec n’était même pas considéré dans la liste des sites. Je pense qu’on doit être fiers de ce qu’on a réussi comme Québécois et Québécoises, en faisant entrer le Québec dans l’industrie automobile. »