(Calgary) Les voyageurs voyageant avec WestJet continuent de voir la compagnie aérienne annuler davantage de vols en raison d’une grève soudaine de son syndicat de mécaniciens.

La compagnie aérienne basée à Calgary affirme avoir annulé 407 vols pendant le long week-end de la fête du Canada dans le but de « maintenir la stabilité ».

La plupart des vols ont été annulés samedi, avec 282 voyages à bord des avions WestJet annulés.

« Chaque annulation de vol que nous sommes forcés d’effectuer représente des centaines d’invités qui sont touchés par les actions irresponsables de ce syndicat », a affirmé le président de WestJet Airlines, Diederik Pen, dans un communiqué publié samedi soir.

Les annulations de vols surviennent après que les membres de l’Airplane Mechanics Fraternal Association ont débrayé vendredi soir, affirmant que « le refus de WestJet de négocier avec le syndicat rendait la grève inévitable ».

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan

Ces moyens de pression surviennent après que les membres du syndicat ont rejeté un accord avec WestJet plus tôt ce mois-ci et après deux semaines de négociations tendues entre les deux parties.

Par la suite, le gouvernement fédéral est intervenu et a mandaté WestJet et le syndicat pour un arbitrage exécutoire.

La grève de vendredi a été une surprise pour de nombreuses personnes voyageant avec WestJet, laissant les voyageurs se demander s’ils seront ou non bloqués loin de chez eux.

« Retards majeurs, ligne téléphonique morte. Maintenance imprévue, ce n’est pas bon. […] Est-ce que je peux rentrer chez moi ? », s’est inquiété Luke Antrim, qui vit à Nanaimo, sur la plateforme X.

Dans une mise à jour adressée à ses 680 membres, la direction de l’AMFA a publié une lettre du Conseil canadien des relations industrielles concernant sa décision dans laquelle elle affirme que le renvoi ministériel « n’a pas pour effet de suspendre le droit de grève ou de lock-out ».

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Cette réponse a incité WestJet à se dire « extrêmement outrée par ces actions et qu’elle tiendra l’AMFA responsable “à 100 % du stress et des coûts inutiles qui en découlent” ».

Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, qui a déclaré que l’ordre du Conseil canadien des relations industrielles était « clairement incompatible » avec l’orientation qu’il avait donnée, a de nouveau pris la parole samedi, demandant aux deux parties de collaborer avec le Conseil pour parvenir à un accord.

« Il y a beaucoup en jeu ici. Les Canadiens ont besoin que cela soit résolu », a-t-il écrit sur X.

« Cette grève est totalement absurde »

Sean McVeigh, un ingénieur d’entretien des avions de WestJet qui faisait le piquet de grève au terminal 3 de l’aéroport international Pearson de Toronto samedi, a déclaré que la grève était une tentative de forcer la compagnie aérienne à revenir à une « négociation respectueuse », ajoutant que le syndicat regrettait tout inconvénient causé aux passagers.

« La raison pour laquelle ils (les passagers) ont peut-être raté un vol ou ont dû annuler est due au fait que WestJet ne s’assoit pas respectueusement à la table et négocie », a-t-il dit aux côtés d’une vingtaine d’autres personnes sur la ligne de piquetage.

Il a souligné que les employés réclamaient de meilleures conditions de travail et un « salaire juste et respectueux » puisqu’ils assument « beaucoup de responsabilités ».

Plus tôt ce mois-ci, les mécaniciens ont rejeté massivement une entente de principe avec WestJet, ce qui a incité la compagnie aérienne à demander l’intervention du gouvernement.

S’ils avaient accepté l’offre, les mécaniciens de WestJet seraient devenus les « mieux payés du pays », selon le PDG de la compagnie, Alexis Von Hoensbroech.

Ce dernier a imputé la responsabilité de la situation au « syndicat voyou des États-Unis » qui tente de s’implanter au Canada.

« Cette grève est totalement absurde, car la raison pour laquelle on fait la grève est que l’on a besoin d’exercer une pression sur les personnes à la table de négociation. S’il n’y a pas de table de négociation, cela n’a aucun sens, il ne devrait pas y avoir de grève », a commenté M. Von Hoensbroech.

« La faute revient à la direction et non au syndicat »

Gabor Lukacs, président du groupe de défense des droits des passagers aériens, croit que « la faute revient à la direction et non au syndicat ».

« Du point de vue de la gestion d’entreprise, WestJet n’a pas bien géré la situation et doit faire face à la situation », a-t-il dit en entrevue téléphonique.

Il a déclaré que WestJet a l’obligation, en vertu de la loi, de trouver d’autres arrangements de voyage pour les passagers bloqués dans les 48 heures, soit via un autre de ses vols, soit auprès d’un concurrent.

Les gens peuvent également demander un remboursement, mais M. Lukacs le déconseille.

« J’exhorte les passagers à ne pas accepter de remboursement. Si vous acceptez un remboursement, WestJet peut se laver les mains de ses obligations envers vous. »

Le changement de position intervenu vendredi a semblé choquer aussi bien les voyageurs que les cadres.

« Mon vol de dimanche est-il menacé ? », se demandait Andrew Wheatley, d’Edmonton, dans un message sur le réseau social X. « Je soutiens le droit de grève d’un syndicat si c’est légal. Et j’espère qu’il obtiendra un bon accord. Mais en même temps, je dois être au travail lundi matin », a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que WestJet est au bord d’une grève. L’année dernière, la compagnie aérienne a évité une grève aux premières heures du long week-end de mai, mais avant d’annuler plus de 230 vols et d’obliger des milliers de personnes à modifier leurs plans de voyage.